Georges Montorgueil dont nous avons déjà parlé dans La vie à Montmartre, Croquis parisiens. Les plaisirs du Dimanche. A travers les rues, et Les Parisiennes d’à présent, a beaucoup écrit sur des thèmes parisiens. Aujourd’hui par son intermédiaire, nous abordons un sujet qui a longtemps était une des préoccupations des habitants de la capitale avant les grands travaux du XIXe siècle : l’approvisionnement en eau.
Montorgueil retrace la longue histoire de l’eau dans la capitale et les difficultés rencontrées pour se procurer de l’eau. L’aqueduc romain d’Arcueil, la Bièvre avant qu’elle soit transformée par les industries et finalement enterrée dans le sous sol parisien, les regards pour capter les eaux de Romainville, de Belleville, de Ménilmontant, du Pré Saint-Gervais dont Philippe Auguste se réserve l’usage pour approvisionner Paris en eau. Paris se développe avec des ressources en eau limitées, les parisiens ont néanmoins quelques puits dont certains seront transformés en fontaines. Les premières fontaines parisiennes ont été établies pour les Halles, la Fontaine des Innocents en est une des survivantes, elle attendra la venue de l’Ourcq dans Paris sous l’Empire pour avoir un débit suffisant. Les sources étant trop faibles, le pouvoir royal au début du 17e siècle commande l’installation de la pompe de la Samaritaine au Pont Neuf pour élever les eaux de la Seine. Marie de Médicis fait retrouver la trace de l’ancien aqueduc d’Arcueil pour conduire l’eau dans son jardin du Luxembourg mais les puits et la Seine apportée seau par seau sont trop limités pour donner l’eau nécessaire aux parisiens.
Des réflexions avaient été engagées au 18e siècle pour utiliser l’eau de l’Yvette et l’eau de l’Ourcq. Napoléon met en chantier le canal de l’Ourcq et fait construire de nouvelles fontaines dans Paris. Cette oeuvre sera poursuivie sous les régimes suivants et comme à chaque érection, elle mobilise les artistes pour décorer les nouveaux bassins. Puis vient l’ère des puits artésiens mis en oeuvre sous la monarchie de juillet dont se servit plus tard Haussmann. Dans ce domaine le second Empire bouleverse les pratiques antérieures en conduisant l’eau dans des réseaux de conduite circulant sous la ville et en drainant vers la capitale les eaux de la Dhuys et de la Vanne et de l’Avre…
La société Saint-Eloy a toujours choisi avec soin ses auteurs et ses illustrateurs. Nous avons déjà présenté une de ses réalisations Adieu aux fortifications. Dans Paris, ses eaux, ses fontaines, les meilleurs graveurs de leur époque ont laissé leurs griffes : A.Brouet pour La Bièvre, Ch.Jouas pour la Fontaine Notre-Dame, P.-A.Bouroux pour la Fontaine de l’Ecole Polytechnique, Le Meilleur pour la Fontaine de Carpeaux, Ch.Hallo pour la Fontaine Childebert (Square Monge), Edgar Chahine pour la Fontaine du Faubourg Saint-Martin, A.Féau pour la Naumachie du Parc Monceau, Henri Cheffer pour la Fontaine du Châtelet, Bernard Naudin pour la Fontaine de la Paix (Marché Saint-Germain), G.Gobô pour la Fontaine Saint-Sulpice, André Dauchez pour la Fontaine de la place de la Concorde, Willaume pour la Fontaine des jardins des Champs-Elysées, Jeanniot pour le Lac du Bois de Boulogne, P.Gosman pour le Lac du Parc des Buttes-Chaumont, T.Polat pour la Fontaine Wallace.
Résumons, un texte de qualité, des illustrateurs de talent, un tirage limité (100 exemplaires) et même une reliure signée par Marius Magnin. Marius Magnin qui prit le relais de son père dans l’atelier lyonnais fondé en 1871, participe au renouveau de la reliure à la fin du XIXe siècle en imaginant des décors en mosaïque de cuir qui feront sa renommée largement au delà de la capitale des Gaules.
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MONTORGUEIL (Georges). Paris, ses eaux, ses fontaines. Paris, Société de Saint-Eloy, 1925. Un volume in-4 (28 cm x 22,5 cm), 189 pp.
Illustré de gravures de : A.Brouet, Ch.Jouas, P.-A.Bourroux, Le Meilleur, Ch.Hallo, Edgar Chahine, A.Féau, Henry Cheffer, Bernard Naudin, G.Gobô, André Dauchez, Willaume, Jeanniot, P.Gusman, T.Polat.
Un des cent exemplaires (le nom du sociétaire a été gratté) de cette édition limitée.
Notre exemplaire comprend le menu du dîner de la Société Saint-Eloy du 30 novembre 1926.
1/2 maroquin (signé Marius Magnin) à coins bordés de filets dorés. Dos orné. Tête dorée. Couvertures conservées. Quelques accidents (charnières frottées, coins usés, dos insolé, frottements sur le second plat). Parfait état intérieur.
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