Gustave Coquiot que nous avons eu l’occasion de présenter, voir ici : En suivant la Seine et ici : Poupées de Paris. Bibelots de luxe et Jean-Louis Forain voir ici : Nous. Vous. Eux. et ici : La comédie parisienne se sont retrouvés pour cet ouvrage qui décrit avec férocité les personnages parisiens de la Belle Epoque.
L’ouvrage était à l’impression quand la Grande Guerre fut déclarée. L’impression reprend à son issue et fut terminée en 1921.
» Les Pantins de Paris ! Pantins aux ficelles blanches, bleues, rouges ou jaunes ou vertes; pantins tragiques : pantins comiques; pantins actifs; pantins passifs; pantins d’un jour; pantins de l’année; pantins historiques ou pantins anecdotiques; pantins éclatants, rayonnants, ou pantins mornes, oubliés; pantins mâles et pantins femelles; pantins qui mènent et pantins qu’on mène; pantins, enfin ! de vous tous, avec joie, avec entrain, et aussi avec tendresse, – accordez-nous cette sensibilité – nous allons tirer les ficelles, – les ficelles bleues, rouges, jaunes ou vertes… »
Et les ficelles, Coquiot les tire avec allégresse tandis que Forain fixe les scènes avec acuité par son trait qui progressivement s’épure.
Dans leurs lignes de mire successivement sont visés : Les financiers » Voici tout d’abord les pantins les plus fameux, les plus considérables, les plus fastueux… » Les politiques : » Ouvrons largement les coulisses aux représentants du peuple ! Qu’il appartiennent au Sénat ou à la chambre, ah ! que ces gens sont toujours plaisants ! Aussi, ils ne cessent point d’engendrer, avec leurs comiques et ridicules gambades, la joie des petits et grands dessinateur… » Les philanthropes : » Ils sont très encombrants ! Car, à chaque sinistre national ou particulier, on les voit se précipiter dans les gazettes, y prendre l’initiative d’une souscription et d’y inscrire en tête pour une somme qui peut correspondre, eu égard à leur fortune, à un don – soyons juste! – qui varie, pour nous entre vingt et vintg-cinq centimes… » Les académiciens : » A l’Institut, il y a d’autres Comiques. Mais ceux-ci, plus favorisés que les Philanthropes, ont droit, à l’occasion de vaines cérémonies, de revêtir un costume à palmes vertes et de ceindre une épée …Les marchands d’art : » Parallèlement à ces gens d’Académie, des mercantis très affranchis vivent sur l’Art, sur le grand Art et sur le petit Art. A la façon des parasites, certains marchands tondent peintres, sculpteurs, graveurs et dessinateurs… » » Mais aussi, ils sont innombrables, ceux qui achètent toutes ces » pourrissoires » ! Ils sont innombrables, les Satisfaits, qui comprennent les bourgeois, les » gros » négociants, les notaires, les avoués et les magistrats !… » Le massacre se poursuit dans le jeu de chamboule-tout, dans le monde des jeux, dans l’univers des courses, du théâtre, du demi-monde qui bascule vers les filles, des sportsmen et des sportifs, du monde judiciaire…Une hiérarchie apparaît parmi tous ces pantins : « Les pantins les plus fastueux, les plus orgueilleux, les plus empanachés, les plus prétentieux…ce sont nos souverains maîtres les cabotins et nos archi-reines les cabotines !… » Et les femmes mènent la danse » C’est un fait certain : le miché se développe à Paris, y pousse en splendide phénomène de sottise et d’incurable confiance… »
Et la conclusion claque : » Enrichissez vous » ! s’écriait Guizot. Ah ! jamais cri n’est présentement plus entendu; voilà un cri, au moins, qui n’est pas un cri dans le désert ! «
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COQUIOT (Gustave). Les Pantins de Paris. Paris, Auguste Blaizot, éditeur, 1920. Un volume grand in-4 (30 cm x 21,5 cm), 160 pp.
134 illustrations en noir et en couleurs de J.-L.Forain.
Un des 200 exemplaires sur vélin d’Arches.
Broché. Quelques rousseurs sur les tranches.
Magistrales scènes de genre dans le Paris de la Belle Epoque.
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