Laissons aujourd’hui Paris pour New-York.
Nous sommes au début du 20e siècle et l’Europe découvre les Etats-Unis. Les écrivains comme Paul Morand et aussi les hommes d’affaires comme François Debat, l’auteur de l’ouvrage, visitent le nouveau monde et nous livrent leurs impressions.
Docteur en pharmacie et en médecine, François Debat (1882-1956) est le fondateur (1920) et président-directeur général des Laboratoires du docteur Debat. Il est aussi le créateur de la revue » Arts et médecine » et a été membre libre de l’Académie des beaux-arts.
L’auteur avec ses yeux d’Européens découvrant une nouvelle civilisation, nous entraîne à New York : » Lorsque, pour la première fois, du pont du paquebot, on aperçoit la pointe de la Cité, on ne peut se défendre d’une émotion faite des stupeur et d’admiration… Les gratte-ciel sont la caractéristique de New-York. Partis du port, ils ont essaimé dans toute la ville. Il y en a maintenant partout. Les premiers, trop resserrés et trop uniformes, peuvent sembler monotones et tristes. les nouveaux, avec leurs lignes droites, le profil élégant de leurs terrasses en retrait, leur revêtement de briques claires, donnent tout à la fois une pression de grandeur, de puissance et de réelle beauté…Grands, clairs, riches, spacieux, les grands magasins de New-York sont des merveilles d’élégance. Leurs articles sont souvent importés de France ou copiés sur nos modèles, mais ils sont admirablement exposés…
Malgré une circulation intense, New-York ne connaît ni les embouteillages, ni les accidents. Cela est dû à la topographie de la ville, à l’excellence de ses règlements à l’habileté des chauffeurs et à la discipline des piétons… On peut s’évader de New-York par la mer, par les rivières, par la route. Prenons ce chemin. On longe l’Hudson, magnifique fleuve de cinq cents mères à un kilomètre de largeur (en Amérique, tout est grand). Les maisons diminuent peu à peu de hauteur, puis s’espacent…A New-York, l’argent se gagne facilement mais se dépense plus facilement encore…chacun a des dollars plein ses poches. Regardez à vos pieds, vous allez en trouver. J’imagine que les balayeurs doivent faire fortune…L’Américain est un être jeune. Il a les grandes qualités et les petits défauts de son âge. Il a de l’audace, de la méthode, de l’énergie. Du haut de ses gratte-ciel, il voit loin. A travers ses lunettes cerclées d’écaille, il voit grand. Mais il porte aussi des oeillères. En dehors du travail dans lequel il est spécialisé et où il fait merveille, il ignore beaucoup de choses…
L’Américain a un tempérament qui est l’antithèse du notre. Lorsque le paquebot arrive en vue de New-York, il s’arrête à un kilomètre du quai de débarquement. Les agents du service des passe-ports montent à l’abordage, harnachés, bottés, l’œil sévère. Ils s’installent dans les meilleurs fauteuils du grand salon. Les passagers, après une heure d’attente dans les couloirs, défilent un à un devant eux. Ils ont dû tout d’abord remplir une grande feuille où abondent les questions les plus puériles et les plus inattendues : Avez-vous plusieurs femmes ? Etes-vous anarchistes ? Venez-vous avec l’intention de renverser le gouvernement ? L’interrogatoire continue le plus sérieusement du monde. Le Français a peine à contenir ses protestations et à réprimer son sourire. L’Américain se soumet à ces formalités de la meilleure grâce du monde et avec le plus grand sérieux …
L’Américaine est une des plus belles femmes du monde. Si la Parisienne triomphe par la grâce de son sourire, la vivacité de son esprit et l’élégance de sa toilette, l’Américaine est sans rivale pour sa beauté sculpturale… Les Etats-Unis sont, avant tout, le pays des affaires. La France s’enorgueillit de ses savants, de ses littérateurs, de ses artistes. L’Amérique tire gloire de ses financiers et de ses industriels. Ici, pasteur Anatole France, Puvis de Chavannes. Là-bas, Pierpont-Morgan, Ford, Rockefeller…L’Italie, l’Espagne, la Grèce et tous nos vieux pays d’Europe sont pleins d’attraits…mais j’avoue n’avoir jamais éprouvé d’impression aussi étranger qu’à New-York. Rien de comparable en Europe. On se croirait dans une autre planète… »
Henriette Delalain (1885-19..) a habilement saisi la singularité de New-York. Ses planches dénotent dans sa production habituelle principalement consacrée à l’illustration de la littérature enfantine.
Avec cet ouvrage, nous avons un précieux témoignages sur le New-York des années 20 et la confrontation étonnée de l’ancien et du nouveau monde.
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DEBAT (François). New-York. Images mouvantes. Paris, Publications du Centre, 1929. Un volume grand in-8 (28,5 cm x 19 cm), 77 pp.
Dessins d’Henriette Delalain. 1 plan de New-York et 15 planches sous serpentes légendées.
Envoi de l’auteur.
Un des trois cent quatre-vingts exemplaires numérotés sur vélin d’Arches.
Broché sous couverture rempliée. Deux légères taches sur la couverture.
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