Après La Bièvre, Les Gobelins, Saint Séverin, illustré par Auguste Lepère, Le quartier Notre-Dame, illustré par Charles Jouas, A vau-l’au, illustré par Edgar Chahine, aujourd’hui à nouveau Huysmans mais cette fois dans sa version mystique.
Huysmans a cherché à pénétrer la mystique diabolique puis converti, il a choisi de scruter la mystique divine. Vers la fin des années 1890, il fréquente les églises et couvents et prend des notes sur l’architecture, la liturgie, les offices.
A partir d’En route, l’autobiographie de l’auteur prend forme et traduit sa quête existentielle. De la mystique noire, il évolue vers la mystique blanche, celle du catholicisme que l’on trouve dans la Cathédrale (Stock, 1898) avec le sens caché des pierres, des fleurs, des animaux, des statues dans une architecture cachant des centaines de signes.
Alors suivons un Huysmans religieux avec Trois églises, illustré par Charles Jouas, qui sont : Notre Dame, Saint Germain l’Auxerrois, Saint Merry.
Notre-Dame ouvre l’ouvrage. La célébration de l’art gothique s’effectue au delà des pierres et aussi par sa symbolique, la cathédrale est « une bible, un catéchisme, une classe de morale, un cours d’histoire, et elle remplaçait le texte pour l’image pour les ignorants » .
Sous cet axe, Huysmans présente dans le détail les lieux et notamment la symbolique occulte.
Saint Germain l’Auxerrois et les aléas de construction puis les atteintes des siècles où les curés successifs s’obstinaient à modifier sa belle architecture gothique, avant le pillage révolutionnaire et les aménagements du XIXe.
Paroisse des rois de France, dont les cloches sonnèrent le démarrage des massacres de la Saint Barthélémy en 1572, elle est devenu la paroisse de la mode avec à proximité la Belle Jardinière du Pont Neuf et la Samaritaine
Saint Merry, de l’église romane à sa reconstruction en style gothique à partir de 1525, avec les chanoines qui saccagèrent les vitraux pour laisser passer plus de lumière, ses portraits et ses statues. Eglise » plus heureuse que la plupart de ses soeurs de Paris, elle n’est pas isolée dans un milieu moderne et elles demeurent en accord avec les très anciennes rues qui l’avoisinent et qui n’ont pas encore subi la stupide emphase des constructions en fer et en plâtre de notre temps ».
Apparaissent aussi dans la narration : les rues avoisinantes, les litiges entre chanoines et filles et chanoines et prêtres, et quelques querelles contre les curés.
Chaque page rédigée en caractère gothique est ornée d’un encadrement typographique architectural imprimé en vert. Ce même encadrement borde les gravures réalisées par Charles Jouas. Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer les illustrations de cet artiste dans : Le quartier Notre-Dame , Méandres. La Seine de Paris à Rouen et Paris vu de Notre-Dame .
Notre édition fait suite à l’édition originale parue en 1908 (Plon). C’est la première édition illustrée, fort bien réalisée par René Kieffer, de ce texte de Huysmans qu’il ne verra pas, puisqu’il disparaît en 1907.
Une intéressante reliure habille l’ouvrage. Il s’agit d’un plein maroquin orné d’un décor d’ogives gothiques sur les deux plats dans lesquelles sont logées deux rosaces polychromes.
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HUYSMANS (Joris-Karl). Trois églises. Paris, René Kieffer, 1920. Un volume in-4 (29 cm x 21 cm), 167 pp.
21 eaux-fortes originales de Charles Jouas dont un frontispice et 20 hors-texte.
Texte imprimé en lettres gothiques dans des encadrements gravés sur bois.
Ces trois églises sont : Notre-Dame, Saint-Germain l’Auxerrois, Saint Merry.
Un des 180 exemplaires numérotés sur vélin contenant un état des eaux-fortes.
Plein maroquin crème avec un décor de rosace polychrome inséré sous une ogive gothique stylisée posée sur un appareillage de pierre taillée. Décor identique sur les deux plats. Sous étui gansé du même maroquin et signé (Jadis). Titre et tête dorés.
Bel exemplaire en parfait état.
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