Nous avons déjà évoqué l’univers de la mode parisienne dans Les cousettes avec des illustrations de Henry Somm, Tableau de la Mode avec des illustrations de Vertès et Tableau des Grands Magasins avec des illustrations de Laboureur, ce monde de luxe et de beauté était aussi un monde de labeur pour les ouvrières qui tiraient sans relâche l’aiguille pour réaliser des merveilles.
C’est tout cet univers au tournant du siècle que nous présente Arsène Alexandre dans Les reines de l’aiguille. Arsène Alexandre (1859-1937), journaliste critique d’art , a aussi été Inspecteur Général des Musées français. Il participe en 1894 à la fondation du journal satirique Le Rire dont il prend la direction artistique. Il est ensuite critique d’art au Figaro. Il est proche des artistes et des écrivains de l’époque comme Rodin, Raffaëlli, Edmond Rostand, Emile Zola, Alphonse Daudet…
La table des matières de l’ouvrage : Les fleuves, Panem et circenses, Mécanisme, La chasse à l’idée, La sculpture qui bouge, Les ruches, Décors, Valses lentes, Vendeuses, Modistes-Modestes, Eclosion d’un chapeau, Parterres, Terrains vagues, couvents, forêts, Au pays des prix fixes, La gloire de l’aiguille, est peut être un peu hermétique et ne dévoile que partiellement la richesse d’un texte qui raconte la vie des modistes et couturières parisiennes au tournant du 20e siècle.
Quand le matin les apprenties descendent rieuses, des faubourgs de Paris vers son centre pour rejoindre les ateliers de couture, quand plus tard les vendeuses et les modistes prennent le même chemin quand vient midi et l’heure du repas et que les ouvrières s’égayent dans les bouillons ou les jardins et puis le soir quand les amoureux attendent des jolies couturières, c’est ce temps lointain que nous raconte Arsène Alexandre dans son ouvrage, Les reines de l’aiguille.
Il nous présente l’organisation des maisons de couture, les fournisseurs, la manutention et la circulation des marchandises.
La mode est devenue une industrie depuis le milieu du XIXe dans Paris qui mystérieusement stimule la création. Au début du 20e siècle, le centre de la mode se situe rue de la Paix ou rue Royale et les ateliers fonctionnent à plein régime au gré des saisons et des nouveautés à créer.
Chaque maison a ses particularités et ses habituées mais le processus de production reste le même. Il fait appel à un nombreux personnel féminin, de l’apprentie, à la couturière, aux modistes, aux mannequins, aux vendeuses…dans des ruches bourdonnantes qui pratiquent déjà la division du travail en réservant à chaque métier ses tâches spécifiques.
Et puis l’auteur évoque aussi les clientes et leurs désirs sans qui cet univers n’aurait pu connaître le succès que l’on sait.
L’ensemble donne un vivant aperçu d’une activité qui a fait la renommée de la capitale. Arsène Alexandre fournit de multiples renseignements sur l’organisation de cette industrie et dessine la sociologie de cet univers qui inspira de nombreux auteur.
Les délicates illustrations de François Courboin apporte une touche de fraîcheur et de gaieté à ce texte et l’habille élégamment comme une belle robe sur un somptueux mannequin.
François Courboin (1865-1926) dont nous avons déjà présenté un livre de Balzac, Une rue de Paris et son habitant, illustré par ses soins est l’auteur d’une centaine d’estampes. Il a notamment illustré des livres d’auteurs (Gautier, Uzanne…). Parallèlement à ses activités artistiques, il a dirigé le cabinet des Estampes (1906-1925) et a été un historien réputé de la gravure.
Un texte intéressant, une illustration élégante, un tirage sur japon, l’ensemble est complet quand il revêt une belle reliure comme c’est le cas avec notre exemplaire où un plein maroquin paré de liserons mosaïqués signé René Kieffer, donne un très beau livre.
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ALEXANDRE (Arsène). Les reines de l’aiguille. Modistes et couturières (Etude parisienne). Paris, Théophile Belin, 1902. Un volume in-8 (24 cm x 16 cm), 189 pp.
Illustrations dessinées et gravées par François Courboin. Un titre gravé, 5 hors texte, 15 têtes de chapitre, 15 fins de chapitre, table des matières. 2 états supplémentaires des eaux-fortes sur Japon, eau-forte pure et eau-forte avec remarque en noir.
Un des cent exemplaires numérotés sur Japon d’un tirage global de 300 exemplaires. N°1 à 100 exemplaires sur papier des Manufactures impériales du Japon. N°101 à 300 exemplaires sur papier vélin d’Arches.
Maroquin fauve orné au centre du premier plat d’un cercle doré, d’une gerbe de liserons mosaïqués. Dos à quatre nerfs renforcés. Décor en partie repris au second plat (un liseron). Large bordure intérieure encadrée de 7 filets dorés. Tranches dorées. Reliure signée René Kieffer. Couvertures et dos conservés.
Exemplaire en bel état.
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