BILLY (André). Adieu aux fortifications.

André Billy (1882-1971), est un écrivain, romancier, critique littéraire. Il publie son premier roman en 1906. Retiré à Lyon pendant l’Occupation, il y rédige une série de biographies : vie de Balzac, vie de Diderot et vie de Sainte-Beuve. Elu en 1943, à l’académie Goncourt, il verra son élection définitivement validée en 1944. Après la guerre, il assure des chroniques littéraires dans Le Figaro. Son oeuvre est abondante, il écrit notamment sur des thèmes parisiens : Paris vieux et neuf, rive droite-rive gauche, Eugène Rey, 1909; Banlieue sentimentale, Crès, 1929; La terrasse du Luxembourg, Fayard, 1945; Le Pont des Saint-Pères, Fayard, 1947; Le badaud de Paris et d’ailleurs, Fayard, 1959…

billy 4billy 7En  1930, il publie Adieu aux fortifications. C’est toute l’histoire des différentes enceintes de Paris et de ses agrandissements successifs qu’il brosse jusqu’à la construction de la nouvelle enceinte de Thiers « les fortifs » achevés en 1840.

Ces fortifications sont comme les précédentes d’une utilité militaire nulle comme le révèle la défaite de 1870 au point où dès 1880, on envisage de les démolir. Le terrain des fortifications appartenait à l’Etat. Par une loi du 19 avril 1919, l’Etat cède à la ville la majeure partie des terrains des fortifications. L’Etat conserve cinquante-et-un hectares et un certain nombre de bâtiments construits sur l’enceinte. La ville de Paris se réserve un quart des surfaces à  vendre pour la construction d’immeuble à bon marché et fera l’usage du surplus billy 6comme il lui conviendra. La zone créée par la billy 5loi des fortifications (avril 1841) institue sur le pourtour extérieur du rempart, un espace de servitudes militaires large de deux cent cinquante mètres où il est interdit de construire. Les zoniers ont construit et la Ville envisage leur expropriation. En 1930, plus de 120.000 habitants résident sur la zone qui progressivement avait été aménagée, la municipalité fermait les yeux.

billly 10billy 12Pour l’époque, les fortifs ce sont les banlieues avec leurs populations poussées aux portes de la ville, aux conditions de vie parfois difficiles et aux organisations sociales particulières. En 1860, l’annexion des villages autour de Paris provoque le départ d’une population populaire aux marges de la ville. Progressivement s’installent des populations pauvres qui survivent dans des habitats de fortune. Autant dire pour les parisiens du centre, un monde à la fois inconnu et proche, les fortifications se trouvent aux portes de Paris.

C’est aussi un univers prétexte à promenade pour un parisien curieux comme l’est André Billy qui chemine autour de ces différents lieux à la découverte des espaces des différents points cardinaux. Il effectue ainsi des promenades sur les extérieurs de Paris. Partant du front ouest, il se déplace vers le front nord puis le front est pour achever son parcours sur le front sud. Cette balade nous donne à découvrir toute une vie populaire au marge d’un Paris qui progressivement se transforme jusqu’à repousser vers des banlieues plus lointaines, une population venue se fixer là.

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Ces ‘ » fortifs » sont inégalement bâties et inégalement occupées, parsemées de potagers, de cabanes ou des premiers immeubles de rapport, c’est tout un territoire qui progressivement s’aménage. De ces terrains vagues occupés par des populations précaires ne subsistent que les puces de Saint-Ouen qui eux n’ont pas été délocalisés. Tout le reste a disparu, englouti par la ville tentaculaire. Les constructions d’immeubles, d’entrepôts ou d’usines ont rempli les espaces libres rendant le territoire urbain de plus en plus dense et repoussant plus loin sa population d’origine.

Delphi-Fabrice dans son ouvrage Outre-fortifs , évoque ces mêmes lieux et Doisneau photographie les mêmes espaces vingt ans plus tard dans son livre La Banlieue de Paris, gardant ainsi les dernières traces de ces paysages engloutis.

billy 8billy 13Les artistes de l’époque peuvent croquer à loisir une vie pittoresque et fixer des lieux qui disparaissent progressivement. C’est ce que font notamment A.Brouet, E.Chahine, H.Cheffer, A.Decaris, G.Gobô, P.Gusman, Ch.Hallo, Ch.Jouas, E.Véder…et quelques autres en illustrant de leurs traits vigoureux l’ouvrage d’A.Billy.

L’éditeur de cet ouvrage, la société de Saint-Eloy rassemblait quelque soit le thème de l’ouvrage, les meilleurs illustrateurs du moment.

Fondée en 1924 par Charles Jouas et Henri Vever, la Société de Saint-Eloy réunit des artistes et des amateurs : Les artistes s’engagent à exécuter les planches qui leur sont commandées. Sur Paris et sa région, elle a publié quelques ouvrages élégamment illustrés par les artistes de l’époque. Parmi ceux-ci, nous citons : Paris, ses eaux, ses fontaines de Georges Montorgueil, 1925; Marchés et Foires de Paris de Léo Larguier, 1953; En Ile de France de J.Levron, 1954; Vieilles abbayes de l’Ile de France de L.Réau, 1955; Chateaux d’Ile de France de E.de Ganay, 1957; La tapisserie de Notre-Dame par Ch.Peguy, 1983.

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billy 1Billy IIBILLY (André). Adieu aux fortifications. Paris, Société de Saint-Eloy, 1930. Un volume in-4 (29 cm x 22,5 cm), 170 pp.

Un des cent vingt sept exemplaires numérotés au nom du sociétaire.

51 Eaux-fortes originales de : Auguste Brouet, Pierre Gusman, Charles Hallo, Georges Gobô, Albert Decaris, Eugène Véder, André Dauchez, Paul-Adrien Bouroux, Georges Le Meilleur, Henry Cheffer, Tigrane Polat, Edgar Chahine, Louis Willaume, Georges Jeanniot, Charles Jouas, Amédée Féau,

En feuilles sous couverture rempliée, emboîtage et étui de l’éditeur. Etui frotté avec très léger manque de papier.

Intérieur en parfait état.

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