Aujourd’hui une autre capitale, Constantinople et le récit de sa première prise non pas par les Turcs, comme se sera le cas au XVe siècle, mais par les croisés deux siècles plus tôt avec un texte rédigé par un témoin oculaire de premier rang : Geoffroi de Villehardouin.
Geoffroi de Villehardouin (vers 1150-1212-1218), Sénéchal de Champagne, il entre à partir de 1185 au conseil de la régente Marie de France. Il accompagne Henri II de Champagne à la troisième croisade où il est capturé en 1190 pendant le Siège d’Acre. Il est de retour en Champagne en 1194. En novembre 1199, il se croise à nouveau. En 1201, il prépare et négocie le transport des croisés vers l’Egypte auprès de la République de Venise. Cette croisade devait à l’origine délivrer Jérusalem mais fut détournée avec la prise de Constantinople et la fondation de l’Empire latin. Il participe à la prise de la ville et reçoit du nouvel empereur Baudoin Ier de Flandre le titre de maréchal de Romanie. Il sauve l’armée croisée après la défaite de la bataille d’Andrinople en 1205. En 1207, Boniface de Montferrat, roi de Thessalonique lui donne le fief de Messinople. Il participe à l’expédition de l’empereur Henri contre les Bulgares en 1208.
Rédigé en ancien français, l’histoire de la quatrième croisade décrit les événements survenus entre 1198 et 1207. La conquête de Constantinople est une relation vivante d’un épisode des croisades raconté par un témoin oculaire directement mêlé aux événements. C’est un premier modèle de ces mémoires où la personnalité et l’originalité de l’auteur apparaissent à chaque page. L’exactitude des faits du moins du côté des croisés et l’originalité personnelle du récit font le mérite principal de l’oeuvre du maréchal de Champagne
La quatrième croisade a été voulue par le pape Innocent III. Les grands féodaux sont enthousiastes mais les rois se dérobent et seulement 10.000 chevaliers se croisent. Le pape donne pour but aux croisés de s’emparer des ports égylptiens pour les échanger contre Jérusalem reconquise par Saladin quelques années plus tôt. Pour le transport maritime l’assistance des marchands vénitiens est sollicitée. Le doge Dandolo a fixé le prix du transport à 85.000 marcs d’or non compris la moitié du butin escompté. Les croisés ne parviennent pas à rassembler la somme demandée. Les Vénitiens demandent alors aux croisés de conquérir le port chrétien de Zara sur la côte dalmate et de leur livrer. La ville capitule le 24 novembre 1202. Les habitants (chrétiens) ont la vie sauve mais leurs biens sont partagés entre croisés et Vénitiens. La dérive de la croisade commence et elle va continuer. Les croisés occupent pour la première fois Constantinople en juillet 1203. Avec les croisés, le doge chasse le basileus Alexis III et fait introniser son neveu. Quelques mois plus tard la population se rebelle contre les croisés. Les croisés cette fois attaquent Constantinople en avril 1204, il ne s’agit plus d’une simple occupation mais d’une mise à sac de la cité.
Ils pénètrent dans la ville et pillent la Ville pour s’emparer de ses richesses et rembourser les Véntitiens. L’empire est réparti entre Venise et les dirigeants de la croisade. L’Empire latin d’Orient est créé et Baudoin de Flandre s’empare du trône. Le sac de Constantinople et la création du nouvel empire provoque la fracture durable entre les chrétiens d’Orient et les chrétiens d’Occident.
Malgré le retentissement qu’avait eu la prise de Constantinople par les croisés et l’établissement d’un empire latin en Orient, les événements dont les rives du Bosphore avaient été le théâtre étaient encore peu ou mal connus en Occident, lorsque la relation de Villehardouin fut apportée en Champagne.
Un des premiers, Geoffroi de Villehardouin raconte en langue vulgaire les hauts faits de la croisade. Il pouvait satisfaire la légitime curiosité de ceux qui, dans tous les rangs de la société, comptaient des amis ou des parents parmi les compagnons de Baudoin,. L’intronisation impériale du chef des croisés, la création de royautés, de principautés, de fiefs nombreux, enflammaient toutes les imaginations, aussi les récits de Villehardoiuin sortent du cercle étroit de ceux auxquels ils avaient été destinés, pour se répandre rapidement, sous forme de copies plus ou moins exactes, dans la France septentrionale et dans les Flandres. Non seulement les scribes reproduisent la narration du maréchal, mais il y a aussi des raisons de croire que les jongleurs s’en emparent à leur tour pour en réciter de longs fragments dans les châteaux et sur les places publiques. La Conquête de Constantinople marque la transition entre l’épopée chevaleresque et l’histoire.
L’ouvrage contient le texte original et le texte traduit en regard. Il dispose aussi d’une table générale alphabétique des noms propres et des noms de lieux, d’un glossaire des mots anciens, et d’une bibliographie donnant ainsi une belle édition savante comme savaient les préparer les érudits du XIXe siècle.
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VLLEHARDOUIN (Geoffroi de). La conquête de Constantinople. Texte et traduction nouvelle avec Notice, Notes et Glossaire par Emile Bouchet. Paris, Alphonse Lemerre, 1891. Deux volumes in-8 (24,5 cm x 16,5 cm), X-464-2-433-1 pp.
Un des 60 exemplaires numérotés sur grand papier de Hollande.
1/2 chagrin à coins. Dos à cinq nerfs. Têtes dorées. Couvertures rempliées conservées dans les deux volumes.
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