Louis Morin (1855-1938). Ses premiers dessins sont publiés en 1880 dans La Caricature. De janvier 1900 à janvier, il coordonne et illustre La Revue des quat’saisons , charmante publication de la Belle Epoque. A partir de la fin de l’année 1900, il apporte sa contribution aux publications de l’éditeur Charles Meunier. Il est le fondateur de la Société des dessinateurs humoristes en 1904. Il réalise aussi des figures pour le spectacle du théâtre d’ombres du cabaret Le Chat noir. Ses dessins sont alors publiés dans l’Assiette au beurre et au Figaro illustré.
Ce parisien, a aussi réalisé un bel ouvrage, Les dimanches parisiens .
Henry Somm (François Clément Sommier) (1844-1907). Peintre, aquarelliste, dessinateur, graveur. Après avoir étudié à l’école municipale de dessin de Rouen, il s’installe à Paris au cours des années 1860.
En 1873 et 1876, il publie de nombreuses gravures dans la revue Paris à l’eau-forte. En 1878 et 1889, chez Durand-Ruel, il participe aux exposition des Impressionnistes. Ses dessins sont publiés dans Le Chat noir, La charge, La Cravache, La Chronique parisienne, High Life, Frou-Frou, Le Rire…
C’est tout l’univers des petites mains de la couture parisienne que l’on découvre au long de ces pages. Un rapide coup d’oeil à la table des matières de l’ouvrage nous plonge dans l’atmosphère de cet univers féminin : Les toutes petites. L’apprentie, L’ouvrière, L’état-major de la couture, Le p’tit amoureux, Le premier amant, Demi-collages et collages, La brouille et ses conséquences, La vie honnête.
Ainsi on suit le parcours d’une jeune apprentie de treize ans qui vient juste d’obtenir son certificat d’études, présentée à la mercière d’une maison de couture pour devenir une de ces apprenties qui découvre avec appréhension et timidité, le monde de l’atelier et sa hiérarchie.
A quinze ans, elle devient petite main, commence à prendre de l’assurance et à profiter de la vie. Les conditions sont rudes et la paye modeste.
L’univers de la couture est pyramidal. Au sommet les premières, première d’atelier, première essayeuse aux appointements confortables dans les maisons les plus prestigieuses. Et puis gravite dans l’atelier d’autres métiers : la coursière qui trotte dans Paris toute la journée pour les livraisons, les manutentionnaires qui coupent et mesurent les étoffes…Il y a aussi les vendeuses, les mannequins pour présenter les modèles…
Puis l’auteur s’attarde longuement sur la question de l’amour chez les petites couturières « car pour elles le travail est une manière de vivre transitoire, en attendant que le Rêve s’accomplisse..le rêve, c’est le mari : et ce n’est que quand elle désespère de trouver un mari que l’ouvrière rêve l’Amant…. » Coup de tête ou coup de coeur, ou simple dégoût de la solitude, l’ouvrière a pris un amant. Dès lors, l’atelier va passer pour elle au second plan, l’amant sera l’occupation et la préoccupation, la raison d’être de son existence… » puis les ruptures arrivent mais selon l’auteur peu de petites couturières retournent au magasin et elles deviennent cocottes ou femmes entretenues.
Toujours selon l’auteur, il y a des ouvrières « honnêtes » malgré la modestie de leurs payes. Certaines coiffent Sainte Catherine, la couture devient alors une carrière et quand une place de première se libère, le magasin devient leur famille.
Sous des abords légers, Louis Morin nous propose une véritable étude de moeurs du Paris populaire au tournant du 20e siècle. Il achève son ouvrage par une conclusion qui pose selon lui, les enjeux de la situation de ces petites ouvrières : « Il y a deux questions qu’il faut absolument se garder de confondre : celle des besoins matériels et celle des moeurs. La première peut être soluble. Le remède, c’est l’augmentation du salaire et la suppression de l’excès de travail… » En revanche, « S’il est difficile de faire quelque chose pour le bien-être des couturières, il est impossible de faire quelque chose pour la moralisation… » et termine son livre avec le constat suivant : » Paris sera-t-il meilleur le jour où ses quatre-vingt mille ouvrières se promèneront avec le costume et l’air cafard de l’armée du Salut, sous la douteuse protection des pères la Pudeur ? Mieux vaut encore la franchise et l’oeil mutin de nos petites ouvrières. Le sort de la cousette est lié au sort de toute la mécanique sociale. Pour supprimer la misère, pour supprimer le vice, ne faudrait-il pas tout supprimer ? La conclusion ? Mais, hélas ! il n’y en a pas « .
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MORIN (Louis). Les cousettes. Physiologie des couturières de Paris. Paris, L.Conquet, 1895. Un volume in-8 (24,5 cm x 17 cm), 165 pp.
Vingt et une composition dessinées et gravées à la pointe sèche par Henry Somm.
Un des cent exemplaires numérotés sur Japon à la forme. Paraphé par l’éditeur.
Demi maroquin (dos insolé) à coins de l’époque, filets dorés. Dos à 5 nerf, caissons décorés d’un triple filets dorés. Reliure signée Carayon. Couvertures conservées. Intérieur parfait.
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