Après Tableau des grands magasins, nous présentons aujourd’hui un autre numéro de la série des Tableaux contemporains, Tableau de la mode.
La série des Tableaux contemporains publiée à la NRF de 1921 à 1929 comporte neuf titres : N°1. M.de Noislay. Tableau des courses (1921), N°2. Tristan Bernard. Tableau de la boxe (1922), N°3. J.L.Duplan. Tableau de la vénerie (1923), N°4. F.Carco. Tableau de l’amour vénal (1924), N°5. J.Valmy-Baysse. Tableau des grands magasins (1924), que nous avons évoqué, N°6. G.A.Masson. Tableau de la mode (1926), N°7. F.Boulet. Tableau de l’Au-Delà (1927), N°8. P.Loewel. Tableau du Palais (1928), N°9. M.Jacob. Tableau de la bourgeoisie (1929). Elle présente les lieux et les moeurs d’un milieu sociologique de l’époque. Chaque volume est illustré d’eaux-fortes et de lithographies originales de différents artistes.
Georges Armand Masson, journaliste, peintre et écrivain appartient à la rédaction du Canard enchaîné dans les années 1920. En 1954, il créé le salon du dessin et de la peinture à l’eau avec les peintres Henri Cadou, André Dunoyer de Segonzac, André Hambourg, André Jacquemin, André Lhote, Jacques Villon.
Associant les talents du peintre et de l’écrivain, G.A.Masson nous promène dans cet univers si parisien de la Mode dont il perçoit tous les ressorts.
» Quelqu’un a dit que la Mode était une religion, la dernière, celle qui survit, dans un siècle athée, à tous les dogmes…La Mode est une divinité imparfaite. Elle est éternelle, mais muable… »
C’est à la découverte de « cette religion » changeante, infinie dans son étendue, multiple et toute puissante mais dépendante de son époque que l’auteur nous invite au long de ces pages. Les têtes des chapitres nous permettent de découvrir la diversité des sujets abordés. Définition de la Mode, Une religion nouvelle, Matériaux de la Mode, Cruauté de la Mode, Bonté de la Mode, Géographie de la Mode, La Mode a ses raisons, Faune de la Mode. Couturier. Les Auxiliaires. Les Mannequins. Clientes et Clients, La vie des Robes, Flore de la Mode. Tissus. Voyage d’explorations. Suite du voyage d’Exploration. Les Utilités, Les Parfums, De l’élégance masculine, Petit manuel de la langue » Mode », L’Univers expliqué par la Mode.
Et cette Mode intéresse aussi bien les femmes que les hommes. » C’est un fait bien connu que l’homme, s’il n’est ni couturier, ni dessinateur, ne sait pas voir les modes féminines. L’oeil de la femme est un appareil de précision : d’un seul regard, il photographie dans ses moindres détails l’objet aperçu. L’homme, au contraire, voit vague….Mais il advient parfois que, tout soudainement, il s’intéresse à la Mode qui passe devant ses yeux. Par exemple quand elle s’incarne dans le corps d’une jolie fille que son désir accompagne un bout de temps ».
Et cette Mode c’est Paris. » D’un pôle à l’autre, de Melbourne à San-Francisco, c’est de Paris que l’on attend le signal pour modifier la coupe des robes et changer de place un ruban. Paris a toujours été la patrie de la Mode… » Un peu de chauvinisme ne nuit pas ! mais il semble que l’hégémonisme des années 20 s’estompe légèrement….
Et cette Mode a son univers. » Le premier et le plus auguste représentant de cette faune est naturellement le Couturier »… » autour du Couturier s’affaire toute une administration, comme autour d’un ministre ou d’un préfet »…le peuple des ateliers avec les modélistes, la première et les cousettes puis les salons » Il y a dans chaque maison de couture, trois sortes de salons. Les grands, d’abord : les salons de réceptions, où sont présentées les robes. Puis les salles de modèles, où les fournisseurs viennent montrer les tissus, les garnitures. Et les petits salons d’essayage « . Et puis les mannequins » Elles miment leurs robes, changeant d’âme, ou pour parler plus exactement, d’expression à chaque essayage…Il y a cette existence brillante, toute en dehors, cet éblouissant passage dans le demi-monde et le monde des élégances, à la façon des comètes – avec une traîne de lamée d’or… »
Et bien sûr cette Mode a ses clientes « On rencontre souvent des françaises dans les salons de couture, mais elles achètent une robe, deux robes. Les Américaines, les Australiennes, les Urugayennes en commandent vingt à la fois… »
Et puis les tissus, les accessoires, les parfums indispensables à cet univers apparaissent au long des pages. Comme pour palier un oubli, l’auteur aborde aussi dans un court chapitre, l’élégance masculine.
Et il y a enfin pour comprendre cet univers une langue, » Mode » . » La mode a son vocabulaire, sa syntaxe et son style particulier…Chaque année le vocabulaire de la Mode s’enrichit de termes neufs, composés de toutes pièces par les couturiers ou par les marchands d’étoffe « .
Les mots n’auraient sans doute pas été suffisants pour décrire ce monde chatoyant et les illustrations de Vertès apportent la touche d’élégance nécessaire pour faire de cet ouvrage un si joli tableau.
Vertès que nous avons déjà évoqué ici, pose au long des pages ses silhouettes à peine appuyées pour nous donner une galerie de portraits de tous les acteurs de l’univers de la Mode.
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MASSON (Georges-Armand). Tableaux Contemporains n°6. Tableau de la mode. Paris, NRF, 1926. Un volume petit in-4 (25,5 cm x 21 cm), 186-3pp.
Illustré de vingt et une gravures à l’eau-forte et de onze lithographies en couleurs par Marcel Vertès.
Broché sous couverture illustrée rempliée et sous emboîtage et étui de l’éditeur.
Un des 320 exemplaires numérotés sur vélin pur fil Lafuma-Navarre.
Exemplaire en parfait état.
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