LITTELL (Jonathan). Illustrations Nathalie BOURDREUX. L’Attente.

 

 

Commençons par camper le décor : Le marché de Meung sur Loire un dimanche matin ensoleillé de juillet. Dans ce cas vous êtes censés faire vos courses pour la semaine. En été, les étals regorgent de marchandise de cette région réputée pour son maraîchage et ses productions fruitières, d’ailleurs la saison des cerises s’achevait.

Meung sur Loire. Collégiale Saint Liphard et château.

Meung sur Loire dont la célébrité jusqu’à présent n’est que locale, mérite quelques lignes descriptives. Un imposant château surplombe la collégiale Saint Liphard, résidence d’été des évêques d’Orléans, il présente côté ville une façade médiévale et côté jardin une façade XVIIIe. De plus quelques célébrités littéraires retiennent l’attention des bibliophiles et font tout le charme de l’endroit. Jehan de Meung un des rédacteurs du Roman de la rose y est né, François Villon qui avait dû commettre quelques larcins locaux, connut dans le château, les geoles de l’évêque avant de bénéficier de la grâce royale de Louis XI lors de son avènement. Plus tard au début du XXe siècle, Gaston Couté, fils d’un meunier du coin, alla chanter ses rimes à Montmartre.

Alexandre Dumas. Les Trois Mousquetaires. Source Gallica.

Meung sur Loire a aussi inspiré des écrivains, Alexandre Dumas dans Les Trois Mousquetaires, y évoque la première rencontre de d’Artagnan et de Milady de Winter à l’hôtellerie du Franc-Meunier le premier lundi du mois d’avril 1626 …et Simenon y fait prendre sa retraite au commissaire Mégret. Arturo Pérez-Reverte dans le Club Dumas (1993), revient lui aussi sur les bords de Loire dans ce roman à la formidable traque bibliophilique porté à l’écran par Roman Polanski en 1999 sous le titre de La neuvième porte. Le cinéaste Alain Corneau né à Meung sur Loire, aurait lui aussi, pu s’inspirer de cette histoire.

Ces quelques lignes historiques, littéraires et cinématographiques pour évoquer la rencontre improbable au milieu des fruits et légumes, des fleurs et de la rôtisserie, d’une artiste peintre. A deux pas du meilleur restaurant de l’endroit, A la maison, que je vous recommande si vous venez visiter les lieux, dont la décoration intérieure a été chinée chez les antiquaires du coin, Porte d’Amont Antiquités, j’ai découvert sur une simple table, quelques gravures et des livres, présences insolites en ces lieux voués aux nourritures terrestres.

Une peintre expose ses oeuvres en plein air et l’oeil du bibliophile ne pouvait que se porter sur l’endroit. Après ce n’est qu’une question de curiosité et de sensibilité mais ce que je découvrais était furieusement intéressant et particulièrement insolite en ces lieux.

Ainsi Nathalie Bourdreux expose sur les marchés et discute avec les passants qui se penchent sur son étal. Vous plongez alors dans une ambiance fantastique où les corps s’emmêlent et recréent leurs propres univers. Elle illustre aussi de dessins puissants, quelques livres en tirage limité. En 2007, elle a croisé Jonathan Littell qui venait de rencontrer un succès éclatant avec Les Bienveillantes, prix Goncourt 2006. Sa première illustration d’ouvrage sera pour une des nouvelles de l’écrivain franco-américain, L’Attente.

Jonathan Littell (1967- )passe son enfance en France puis effectue ses études supérieures à Yale. Il publie Bad voltage en 1989, essai de science fiction se déroulant dans l’univers du cyberpunk. Il s’investit dans l’action humanitaire qui le conduira sur des théâtres de guerre dans le monde entier et à partir de 2001, se consacre exclusivement à la littérature. Son ouvrage le plus connu, Les Bienveillantes, retrace les mémoires imaginaires d’un officier SS de Stalingrad à Berlin. En 2008, il fait paraître Etudes qui rassemblent quatre nouvelles écrites entre 1995 et 2002 : Un dimanche d’été, L’Attente, Entre deux avions, Fait accompli.

Nathalie Bourdreux vient de publier chez Fata Morgana, un ouvrage de poèmes intitulé, Orbes, tiré à 33 exemplaires, illustré par ses soins de trois gravures originales et d’un dessin.

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LITTELL (Jonathan). L’Attente. Montpellier, Editions Fata Morgana, 2007. Un volume in-4 (34 cm x 24,5 cm), 20 pp.

Six dessins de Nathalie Bourdreux.

Un des vingt-quatre exemplaires signés par l’auteur et le peintre, tirés sur Topaze brûlé de Montserrat.

En feuilles sous couverture rempliée, sous emboîtage de Delphine Marseille.

Si vous êtes intéressés par cet ouvrage, merci de nous écrire à : contact@paris-libris.com .

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