L’Exposition universelle de 1900. 15 avril-12 novembre 1900.

 

L’exposition de 1900 est la dernière exposition universelle qui aura lieu à Paris. Elle clôt le XIXème et vante le XXème siècle à venir. Parallèlement, les IIème Jeux Olympiques de l’ère moderne se déroulent dans la capitale. Il inaugure l’ère des Jeux Olympiques (1924, 2024) qui remplaceront les illustres expositions universelles parisiennes. Certains feront remarquer qu’il y aura l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925, l’Exposition Coloniale de 1931, l’Exposition Internationale de 1937 mais ce n’est pas tout à fait pareil ; elles ne sont pas Expositions Universelles.

1900 : La France est en pleine effervescence. La guerre de 1870 est épongée, on ne pense pas encore à celle de 1914. L’exposition de 1889 a été un franc succès avec la Tour Eiffel en point d’orgue. Celle de 1900 se veut encore plus fastueuse : elle ouvre le nouveau siècle avec toujours plus d’exposants (83 047 exposants venant de 43 pays) et une superficie toujours plus importante (112 ha + 104 ha au bois de Vincennes pour notamment les Jeux Olympiques).

Son thème est le « bilan d’un siècle ». L’architecture, les sciences, la culture et tout ce qui touche à l’industrie sont mis en valeur. Elle n’oublie pas fêtes et gastronomies. « Il faut qu’une exposition universelle soit souriante, il faut qu’elle plaise aux femmes, » dit M. Alphand. L’exposition de 1900 est une fête continue et grandiose ; avec ses beautés et ses attractions, elle sera une réussite populaire ; elle accueillit 50,8 millions de visiteurs.

Paris n’a pas lésiné sur les moyens : cinq ponts sont construits ou agrandis (construction du pont Alexandre III et de la passerelle Debilly toujours existants ; ponts des Invalides et de l’Alma doublés, pont d’Iéna embelli) qui permettent de relier les lieux d’exposition de la rive droite à ceux de la rive gauche.

L’ouest de Paris du pont des Invalides au pont d’Iéna, du cours la Reine – niveau place de la Concorde – au Trocadéro (rive droite) et de l’Esplanade des Invalides au Champs de Mars (rive gauche) est le temps d’une exposition le centre du monde ; de nombreuses portes y permettent l’accès dont la monumentale porte principale de l’architecte Binet, d’illustre mémoire. Les pavillons étrangers, conçus, financés et construits par les pays invités s’alignent le long de la rue des Nations, aménagée sur le quai d’Orsay entre le pont des Invalides et le pont de l’Alma.

La partie coloniale qui accueille populations et pavillons exotiques occupe le Parc de Trocadéro.

Un Paris historique et moyenâgeux – « le vieux Paris » de Robida – s’étend le long de la Seine entre la place de l’Alma et le Trocadéro. Il proposait fêtes, distractions et restaurations médiévales… lointain ancêtre du Puy-du-Fou en Vendée !

De multiples bâtiments sont érigés ou embellis. Paris bénéficie aujourd’hui encore de ces magnificences, symboliques de la Belle Époque et de l’Art nouveau, comme le Petit Palais et le Grand Palais ou la Ruche, 2 rue de Dantzig (75015), célèbre maison dédiée aux artistes et élaborée à partir d’éléments provenant de l’exposition.

Paris modernise ses transports : les gares de Lyon, de l’Est et de Montparnasse sont réaménagées, l’ancienne gare du Champ-de-Mars est remplacée par celle des Invalides et la nouvelle gare d’Orsay est ouverte. Précurseur des temps modernes, un parking à vélos de 750 m2 est construit aux Champs-Élysées, et un autre de 250 m2 au quai d’Orsay. Y est ouverte la première ligne de métro allant de la porte de Vincennes à la porte Maillot qui permettait la desserte des épreuves des jeux Olympiques d’été au bois de Vincennes. Les entrées de stations dessinées par Hector Guimard, dans le style Art Nouveau que cherche à promouvoir l’Exposition, sont un bel exemple de cet art architectural promis à un bel avenir.

Paris est féérique. Les attractions inédites et les nouveautés technologiques sont nombreuses :

  • Un tapis roulant permet le déplacement sans fatigue.
  • Les palais du Champ-de-Mars comme le Palais lumineux Ponsin, le château d’eau monumental, le palais de l’électricité…
  • Une grande roue de 70 mètres de haut et 100 mètres de diamètre comme celle de l’exposition de Chicago de 1793 est installée avenue de Suffren, à côté du village suisse. Elle sera démolie en 1937.
  • Les frères lumières dévoilent leurs films cinématographiques devant des spectateurs subjugués.

Inaugurée le 14 avril 1900 par le président de la République Emile Loubet, l’exposition durera 212 jours (huit mois) et fut un franc succès.

Des multiples ouvrages qui la décrivent – présentés dans le prochain blog – le plus glorifiant est sans conteste l’Exposition de Paris 1900, publiée avec la collaboration d’Ecrivains Spéciaux et des meilleurs artistes en trois volumes chez Montgredien et Cie. Composé de 120 livraisons, agrémentées de 120 suppléments qui consistent en 120 gravures sur 2 pages, et richement illustrés de plus de 1300 gravures, l’ouvrage réunit les articles des hommes les plus en vue de la Troisième République. Il est à l’image de l’exposition : pharaonique.

Le livre reprend le thème de l’Exposition, il se veut aussi bien une encyclopédie du siècle qu’un miroir de l’exposition. Les deux premiers tomes entrelacent des articles sur sa genèse, ses chantiers et ses travailleurs, sur la description des principaux pavillons et des prouesses architecturales avec des textes qui vantent dans tous les domaines le XIX° siècle finissant. Le troisième tome nous emmène à l’intérieur de l’enceinte ; nous nous promenons et visitons ces principales curiosités comme si nous étions un parisien de l’époque : nous la vivons au jour le jour.

Cette somme (trois fort In-Folio) nous replonge avec délectation dans un monde révolu ; elle n’a rien perdu de la fascination qu’elle exerçait sur les enfants comme les parents qui le feuilletaient avec gourmandise. L’exposition se rendait chez eux, il n’avait plus besoin de se rendre In Situ. Aujourd’hui, il en est de même ; avec ses nombreuses illustrations et photographies, elle conserve fascination et magie ; grâce à la qualité de ses textes, elle nous propose une mine d’informations sur le monde politique, scientifique et artistique de l’époque. Elle est comme une véritable Encyclopédie Universelle.

Fêtes, culture, industrie, beauté et modernisme se côtoient. Ce beau livre nous en garde un immémorial souvenir. L’exposition comme le livre, triomphale et triomphante reflète la grandeur de Paris, capitale d’une France conquérante.

                                                                                                              Olivier de Sesmaisons

 

 

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