LAVILLEGILLE (Arthur NOUAIL de). Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon. MAILLARD (Firmin). Le gibet de Montfaucon.

 

Aujourd’hui deux ouvrages érudits comme savaient les rédiger les historiens du XIXe sur un sujet un peu sinistre, le gibet de Montfaucon dont les traces ont aujourd’hui disparu. Arthur Nouail de Lavillegille (1803-1882) s’appuie sur les travaux d’Henri Sauval pour en fournir en 1836 une description au cours des siècles et Firmin Maillard (1833-1901) publie à son tour en 1863, une histoire de cette terrible potence.

Ce sinistre endroit allait inspirer les auteurs les plus illustres : Villon avec sa Ballade des pendus, Victor Hugo dans Le Gibet de Montfaucon extrait de la Légende des siècles, et dans Notre-Dame de Paris où il imagine les squelettes de Quasimodo et d’Esmeralda retrouvés enlacés à Montfaucon.

DE LAVILLEGILLE 6DE LAVILLEGILLE 7Situé au moment de son érection (XIIIe siècle) loin de la ville sur une butte aujourd’hui disparue, le gibet occupait un emplacement entre la rue de la Grange-aux-Belles et des Ecluses-Saint-Martin.

Le gibet est constitué d’une masse de quinze à dix huit pieds de haut composée de dix ou douze assises de gros quartiers de pierres brutes formant un carré long de quarante pieds sur vingt cinq ou trente de large. Sa partie supérieure offrait une plateforme à laquelle on montait par une rampe de pierre assez large et dont l’entrée était fermée par une porte solide. De cette plateforme et le long de trois côtés seulement, s’élevaient seize piliers carrés, hauts de trente-deux à trente-trois pieds, formés de pierres d’un pied d’épaisseur, semblables à celles de la base, et également bien liées entre elles. Les piliers étaient unis entre eux par de doubles poutres de bois, qui s’enclavaient dans leurs chaperons, et supportaient des chaines de fer de trois pieds et demi de long, destinées à suspendre les condamnés. Au centre de la masse qui supportaient les piliers était une cave destinée à servir de charniers pour les cadavres des suppliciés

DE LAVILLEGILLE 4MAILLARD 4Pendant près de 400 ans les brigands mais aussi d’illustres personnages se balancèrent aux poutres du gibet. Le pouvoir royal n’hésitait pas à envoyer à la potence ses serviteurs. En 1278, Pierre de Brosse, grand chambellan de Philippe le Hardi, en 1325, Enguerrand de Marigny, ancien surintendant des finances de Philippe le Bel, en 1322, Gérard de la Guette, surintendant des Finances de Louis X le Hutin, en 1328, Pierre de Rémy, surintendant des Finances de Louis X et Charles IV le Bel, en 1409, Jean de Montagu, surintendant des Finances de Charles VI, en 1484, Olivier Le Daim, confident puis ministre de Louis XI, en 1527, Jacques de Semblançay surintendant des Finances de François Ier, le dernier de ces grands personnages fut l’amiral Gaspard de Coligny tué pendant les massacres de la Saint Barthelemy et pendu après sa mort à Montfaucon.

DELAVILLEGILLE 3L’étude de l’histoire du  gibet de Montfaucon est l’occasion pour Arthur Nouail de Lavillegille de nous présenter le rôle dévolu à ce genre d’endroit. Lieu d’exposition des cadavres supplicié dans Paris et lieu d’exécution mais il n’était pas le seul dans la ville qui comptait plusieurs endroits affectés à ces mises à mort : La place du Pilori située sur l’emplacement appelé Champeaux, La place aux Chats, rue des Bourdonnais, La place de Grève, La place de la Croix du Trahoir, Le marché aux Pourceaux, L’Estrapade et bien d’autres transformés temporairement en théâtre de mort.

Le gibet de Montfaucon était aussi un instrument de vengeance cruelle, expression d’un pouvoir royal qui voulait condamner au delà de la mort. Les corps des pendus n’étaient pas rendus à leur famille. Jusqu’à la fin du XIVe siècle, la confession avant l’exécution était interdite pour empêcher le repentir du condamné. Par la suite seront néanmoins maintenus, le refus de la communion et les restes privés de sépulture. Ces terribles pratiques s’adouciront au cours des siècles. Le gibet sera progressivement abandonné au milieu du 17e siècle pour disparaître un siècle plus tard.

MAILLARD 3Firmin Maillard reprend les recherches d’Arthur de Lavillegille en les approfondissant principalement  sur les condamnés des différentes époques auxquels il consacre une grande partie de son ouvrage avec les supplices imposés ante et post mortem.

En fin d’ouvrage une intéressante bibliographie (6 pages) cite les ouvrages consultés par l’auteur.

Ce livre fait partie de la série « Etude sur le vieux Paris  » éditée et tirée à petit nombre par Auguste Aubry. Nous avons déjà évoqué ces séries historiques dans : Les anciennes descriptions de Paris .

Et juste pour le plaisir des mots, quelques vers de la Ballade des pendus de François Villon qui connaissait le sinistre gibet et qui miraculeusement y avait échappé :

La pluie nous a débués et lavés

Et le soleil desséchés et noircis

Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés

Et arraché la barbe et les sourcils…

Puis ça, puis là, comme le vent varie

A son plaisir, sans cesse nous charrie…

Hommes, ici n’usez de moquerie !

Frères humains qui après nous vivez,

N’ayez les coeurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous mercis.

Mais, priez Dieu que nous  veuille absoudre « 

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DE LAVILLEGILLE 1DE LAVILLEGILLE 2LAVILLEGILLE (A.de). Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon; recherches touchant l’origine, l’emplacement , l’usage et la description de ce gibet, avec plans et vue, et une notice sur les principaux personnages qui y ont été exposés. Paris, Techener, 1836. Un volume in-8 (23 cm x 14 cm), 116 pp.

Une eau-forte frontispice : Fourches patibulaires de Montfaucon.

Une gravure : Charles VI et Odette.

Deux planches dépliantes : Plan de la pièce de terre accensée au sieur Dieu, au milieu de laquelle ont été les fourches patibulaires de Montfaucon jusqu’en l’année 1761, Plan de la pièce de terre dans laquelle étaient les fourches patibulaires de Montfaucon indiquant la situation des piliers.

1/2 veau d’époque.  Dos orné de filets dorés. Pièce de titre. Une charnière légèrement fendue. Un plat légèrement frotté.

Vendu.

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MAILLARD 1MAILLARD 2MAILLARD (Firmin). Le Gibet de Montfaucon. Paris, Aubry, 1863. Un volume in-12 (18 cm x 12,5 cm), 106 pp.

Une eau-forte frontispice : Le gibet de Montfaucon.

Exemplaire sur vergé. Tirage  limité à cinq cents exemplaires.

Demi-chagrin à coins. Dos à cinq nerfs. Titre et date dorés. Tête dorée. Reliure signée Belz-Niédrée.

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