Aujourd’hui l’occasion nous est offerte d’évoquer plusieurs personnages qui ont apporté leurs contributions à la riche production bibliophilique française de la fin du XIXe siècle.
Un illustrateur et auteur Henriot, un critique d’art Paul Eudel qui avait le goût des belles reliures et qui faisait habiller ses ouvrages par un des plus célèbres relieurs du temps, Charles Meunier et un éditeur Léon Conquet dont les productions sont restées célèbres.
Henriot. Henri Maigrot (1857-1933) après des études de droit, il s’oriente vers la littérature , le dessin et la caricature. En 1899, il prend la direction du Charivari puis remplace Draner à l’Illustration jusqu’en 1931. Il créé en janvier 1915 le journal satirique, A la baïonnette. Sur un autre thème parisien que le livre que nous allons présenter, il publie « Paris en l’an 3000 » (Laurens, 1910), récit de science fiction où de grandes villes dont Paris, sont recouvertes d’une épaisse couche de glace à la suite du passage d’une météorite. Nous aurons l’occasion de présenter cet ouvrage ultérieurement. Son fils (Emile) poursuivra la carrière de littérateur de son père, nous lui avons déjà consacré une page précédente du blog : Promenades pittoresques sur les bords de la Seine.
Paul Eudel (1837-1911). Il commence par mener une vie d’industriel tout en collaborant à divers journaux : Le Bulletin bibliographique, le Courrier de Nantes et le Phare de la Loire. Il s’installe à Paris en 1878 et poursuit ses collaborations journalistiques à l’Opinion, La Vie moderne, Le Figaro, Le Temps et l’Illustration. Parallèlement il écrit de nombreux ouvrages sur de multiples sujets et notamment une série en neuf volumes consacrée à l’Hôtel Drouot : « L’Hôtel Drouot et la curiosité » (1882-1891). Grand collectionneur, il dévoile dans son ouvrage qui connaîtra plusieurs éditions, « Le trucage. Les contrefaçons dévoilés », les défauts des objets. Il est aussi l’auteur d’un délicieux livre : « Balades dans Paris » que nous aurons l’occasion de présenter dans une autre édition du blog.
Charles Meunier (1865-1948) commence par travailler dans l’atelier de Marius-Michel avant de fonder son propre atelier. Il est un des relieurs majeurs de la Belle Epoque. Il est reconnu pour la qualité de ses reliures et leur fini et aussi pour ses cuirs incisés, teintés ou peints parfois spectaculaires. Il lance en 1900 L’Oeuvre et l’image : revue mensuelle de l’art contemporain et du livre illustré qui paraît jusqu’en 1902. En 1904, ce titre devient la revue trimestrielle Les Arts bibliographiques qui à son tour cessera de paraître en 1907. Aussi éditeur, il créé en 1900 la Maison du livre puis la Société des Amis du livre moderne. Nous avons déjà présenté, une charmante reliure réalisée par Charles Meunier pour Parisienne idylle.
Léon Conquet (1848-1897) débute sa vie professionnel chez un photographe puis travaille chez ses cousins Pierre-Jean Rouquette puis en 1870 chez Antoine Garrousse à qui il succède en 1874. En 1880, il s’installe à son adresse définitive 5, rue Drouot (Paris, IXe). L’endroit devient rapidement le quartier général de la bibliophilie nouvelle. Léon Conquet se lance alors dans l’édition de luxe et devient après Rouquette, le libraire de la Société des Amis des livres présidée par Eugène Paillet. Il va réaliser environ quatre vingt belles éditions que recherchent encore aujourd’hui les bibliophiles.
Léon Conquet s’était aussi constitué une bibliothèque personnelle composée des livres édités par ses soins et qu’il avait patiemment enrichi. Sa bibliothèque fut dispersée aux enchères en mars 1898.
Nous avons déjà présenté sur le blog un autre ouvrage édité par Léon Conquet : La canne de Monsieur Michelet.
L’ex-libris illustrant ce paragraphe est celui de Léon Conquet.
Notre ouvrage, l’Année parisienne est un charmant almanach illustré en couleurs égrenant les activités parisiennes au long des saisons et des mois de l’année.
Janvier, une scène de théâtre, Février, le Bal des Quatre z’arts, Mars, le boulevard des Italiens pendant le défilé de la Mi-Carême, Avril, Une séance au Congrès de chirurgie, Mai, Les vernissages des petits salons, Juin, L’Exposition des Journalistes du Siècle, Juillet, l’épilogue du bal des Quatre z’arts, Août, La revue des députés blackboulés ou nouvellement élus, Septembre, Les officiers de réserve, Octobroff, Les Russes à Paris, Novembre, le Père Lachaise, Décembre, Tous les sujets parisiens oubliés dans ces dernières pages.
D’une plume légère Henriot énumère ses multiples activités parisiennes qu’il croque d’un dessin délicat que nous retrouvons dès le faux-titre délicieusement illustré d’une aquarelle signée.
Ainsi nous découvrons un Paris de la Belle Epoque brillant et joyeux dont ce livre garde la trace élégante.
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HENRIOT. L’Année parisienne. Paris, Librairie L.Conquet, 1894. Un volume in-12 (18 cm x 12 cm), 129 pp.
1 aquarelle originale signée (Henriot) sur le faux-titre.
13 hors textes aquarellés et illustrations aquarellées in-texte.
Tirage à trois cent exemplaires non mis dans le commerce.
Ex-libris de Paul Eudel.
Plein maroquin aux armes frappées en or au centre du premier plat (Paul Eudel). Dos à cinq nerfs. Filets dorés sur les coupes. Dentelles intérieures dorées. Tranches dorées. Couvertures conservées. Reliure (en partie insolée) signée Charles Meunier.
Intéressant exemplaire qui rassemble différents personnages de l’univers de la bibliophilie de l’époque (Léon Conquet, Henriot, Paul Eudel et Charles Meunier)
Vendu.
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