GOBION (Pierre) Illustré par Robert ANTRAL. Saint Lazare.

 

Au XIIe siècle, une léproserie sous l’invocation de saint Lazare est fondée le long de la route de Paris à Saint-Denis, elle est cédée en 1632 à Saint Vincent de Paul et à la congrégation de la Mission.

A partir du XVIIe siècle, saint Lazare sera la prison des fils de famille. Chapelle y sera interné en 1646, Beaumarchais aussi quelques jours en 1758. Sous la Terreur, les 6,7 et 8 thermidor, il y aura plus de 160 exécutions pour la seule prison Saint Lazare. André Chénier en sortira pour monter sur l’échafaud. Hubert Robert en sera délivré en août 1794. Dès la fin de la Terreur, la prison Saint Lazare est affectée aux femmes.

Saint Lazare devient donc la prison des femmes et notamment des prostitués aux XIXe siècles. Taxées par l’Etat, les maisons closes se développent rapidement et sont contrôlées par la brigade des mœurs. Les filles des rues sont alors identifiées comme « en carte «  et celles des maisons closes sont identifiées comme « à numéro ». Les « insoumises » sont incarcérées dans la seconde section de Saint Lazare qui est le lieu d’internement administratif et d’hospitalisation des prostituées. Outre l’enfermement des prostitués, la prison « accueille » les prévenues et condamnées et les jeunes filles soit enfermées par application des articles 66 et 67 du Code pénal soit par voie de correction paternelle.

A partir de 1838, la garde des détenues est assurées par des religieuses, ce seront les sœurs de Marie-Joseph qui prendront en charge la surveillance des incarcérées.

La prison Saint Lazare est fermée en 1927. Son univers a inspiré bien des artistes, romanciers, chanteurs, peintres…Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter un ouvrage illustré par Stenlein évoquant l’univers particulier du lieu : Jacques Dyssord Saint-Lazare. Le livre de Pierre Gobion, illustré par Antral avec ses noirs profonds, capte l’atmosphère de cette prison féminine juste avant sa fermeture.

L’endroit est particulièrement sinistre, « dénué du plus minime confort, sans feu, ni lumière ; dont les murs se dégradent et les toits s’affaissent dans l’attente de réparations sans cesse refusées sous l’éternel prétexte d’une prochaine démolition »

Pierre Gobion nous décrit la vie de la prison, les religieuses, les locaux délabrés et sombres, les visiteurs, les prisonnières et leur quotidien, les cellules, l’organisation générale de l’institution… Et dans ce lieu sinistre constate la triste réalité :  » Quelle vie pour celle qui sont échouées en ce lieu, où, il faut le reconnaître, les soins les plus dévoués leur sont donnés. Que sont-elles après tout, des coupables ? pour quelques-unes peut-être; des malheureuses ? pour toutes, oui sûrement »

Le trait noir de l’illustrateur Robert Antral accentue encore la lourde atmosphère de la prison. Robert Antral (1895-1939), après des études aux Arts décoratifs qu’il doit interrompre pour combattre lors de la première guerre mondiale dont il reviendra blessé, il fréquente l’atelier de Cormon. Par la suite, il est membre du Salon des indépendants, réalise des affiches et illustre des ouvrages de Genevoix, Kipling, Mac Orlan et Monfreid.

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GOBION (Pierre). Saint Lazare. Paris, Editions Girard et Bunino, 1930. Un volume in-4 (29 cm x 23 cm), 68 pp.

12 bois gravés, 10 dessins et une lithographie par Antral.

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