DORGELES (Roland). Le château des brouillards. II.

 

Après avoir évoqué dans une première page, Roland Dorgelès, l’auteur du Château des brouillards et l’environnement montmartrois d’avant la première guerre mondiale qu’il décrit dans son ouvrage, nous allons raconter les circonstances de l’illustration du livre par le peintre Maurice Savin.

Un livre aquarellé.

Le château des brouillards parait sans illustration mais toutefois avec un tirage de tête qui se présente comme suit : 30 exemplaires sur Japon, numéroté de I à XXX ; 175 exemplaires sur Hollande, numérotés de 1 à 175 ; 450 exemplaires sur vergé pur fil Vincent Montgolfier, numéroté de 1 à 450.

Georges Foussier se procure un exemplaire sur Hollande qu’il doit sans doute trouver un peu trop ordinaire même s’il le fait dédicacer par l’auteur (voir notre page précédente).

Il sollicite un peintre Maurice Savin, pour qu’il l’illustre ce qu’il va faire page après page avec 72 aquarelles in et hors texte qui restituent les scènes du roman et l’atmosphère de l’époque.

Deux lettres manuscrites signées Maurice Savin ont été jointes à l’ouvrage, elles éclairent le travail de l’artiste :

«  Paris, 24 mars 1932.

Cher Monsieur, je viens de recevoir le Château des Brouillards que je serai très heureux d’illustrer. Je vous envoie un spécimen de mon recueil d’eau-forte. Transmettez à vos relations bibliophiles, s’il vous plait. Je vous envoie, cher Monsieur, mes bonnes salutations »

« 24 novembre 1932.

Cher Monsieur, j’ai bien reçu votre petit colis de parfumerie et aussi votre lettre. Je suis étonné que vous attachiez une telle importance à ce que le Château des Brouillards figure dans une Illustration…ayant fait ces illustrations ici, à la campagne (Six-Fours-La-Plage, Var) je n’avais pas les documents nécessaires ni le souvenir suffisamment net de cela. En tout cas, j’ai cherché surtout à donner une atmosphère de Montmartre avant la guerre, comme Dorgelès a voulu faire revivre une époque et non pas seulement un décor fugitif. Je pense rester encore un peu ici. Il fait beau et je travaille. Je vous salue bien cordialement »

Maurice Savin (1894-1973).

Maurice Savin entre à l’école des Arts décoratifs en 1913. Il fait toute la première guerre mondiale dans les chasseurs alpins. Sous le nom de Jimmy Savin, il collabore à divers journaux humoristiques en faisant des dessins et des caricatures.

En 1921, est organisé sa première exposition de peintures et de dessins. En 1924, il est sociétaire du Salon d’Automne. En 1933, il produit ses premiers essais de céramique et fait un passage à la Manufacture de Sèvres.

En 1936, il réalise la décoration murale de l’escalier d’honneur de la Mairie de Montélimar, en 1941, ses premières tapisseries, et en 1943, des décorations sculptées sur meuble de Kohlmann, En 1945, il illustre aussi des livres comme les Escrits sur le vin d’Olivier de Serres. En 1949, paraissent ses premières médailles commandées par l’Hôtel de la Monnaie.

L’artiste a voulu toucher à tout et donner sa mesure dans tous les registres de l’art. Son œuvre comprend environ 2500 peintures, 34 tapisseries, plus de 300 pièces de céramique, 100 gravures et lithographies, 9 médailles et quelques vitraux.

Son oeuvre foisonnante est présentée sur le site suivant : Maurice Savin .

Quelques années plus tard Georges Foussier s’intéressait toujours au livre de Dorgelès et à son illustrateur puisque nous trouvons dans l’ouvrage : une invitation au diner du 18 mars 1952 «  Evocation du Château des Brouillards » dont nous retranscrivons le début « Les Amis de Montmartre donneront le mardi 18 mars prochain, chez Graff, 92, boulevard de Clichy, leur diner d’avant printemps. On se mettra à table à 20 heures exactement. Notre ami Paul Yaki, président du vieux Montmartre, évoquera à ce dîner le « Château des Brouillards » cher à notre ami Roland Dorgelès. Le compositeur Marius Casadesus présidera cette soirée. Il sera assisté de Claude Renoir. Tous deux habitent depuis toujours l’allée des Brouillards. Nos Présidents d’Honneur Francis Carco et Edmond Heuzé seront présents. Nos camarades Geneviève Rex, Leduc, Maillard, Valiès et la mime Bella Reine, assureront la partie récréative…. ». L’ouvrage contient aussi une invitation à un vernissage de Maurice Savin à la galerie Drouant (7-25 mars 1961) et l’avis de parution d’un album « Vive le vin » (non daté).

Dans une prochaine parution, nous présenterons la reliure de cet ouvrage réalisée par Anita Conti faisant de cet exemplaire, le témoignage d’une époque.

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