Dans un blog précédent, nous avons évoqué l’histoire de la Sainte Chapelle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Aujourd’hui nous poursuivons le cours du temps pour aborder la phase de restauration du bâtiment au XIXe siècle.
A l’issue de la Révolution, la Sainte Chapelle est en triste état. Le mobilier liturgique a été dispersé, les vitraux sont en partie brisés, le décor architectural partiellement détruit et le bâtiment est simplement couvert par une charpente provisoire.
Ni l’Empire, ni la Restauration ne s’intéressent aux monuments du Moyen Age. Victor Hugo grâce à son roman Notre Dame de Paris (1831) et l’évocation du Paris médiéval commence à mobiliser l’opinion publique sur le sort de la chapelle royale. C’est à cette période que l’architecte Jean-Baptiste Lassus présente un projet sur la Sainte-Chapelle au Salon de 1835. Pour celui-ci, il obtient une médaille d’or.
Le Conseil des bâtiments civils initie la restauration de la Sainte-Chapelle en 1836. Ce projet est placé sous la direction de l’architecte Félix Duban et Jean-Baptiste Lassus est nommé premier inspecteur des travaux. Un crédit de 600.000 francs est attribué pour la restauration. Ce chantier est une nouveauté pour l’époque. Les siècles passés ne pratiquaient pas la restauration de grande envergure sur les bâtiments. Ce chantier a été l’occasion de tester de nouvelles méthodes en faisant intervenir de nombreux artisans et artistes. Cette expérience réussie va servir de modèle pour les restaurations futures notamment celles du second Empire. Elle sera aussi l’occasion de débat entre ceux qui souhaitent une réfection complète et ceux voulant remplacer que les parties détruites. Ce sont les défenseurs d’une restauration respectueuse de l’édifice qui mèneront le chantier. Un long travail de recherche fut conduit pour approcher l’architecture originale. Néanmoins l’état de délabrement de la Sainte Chapelle est telle que l’intervention des architectes fut importante mais toutefois dans le respect du bâti d’origine datant du 13e siècle.
Le parement extérieur est totalement repris, la restauration de la polychromie intérieure est effectuée au plus proche du décor d’origine, une nouvelle flèche est dessinée, la charpente est intégralement refaite.
Duban démissionne en 1849 et c’est son adjoint, Jean-Baptiste Lassus qui prend la responsabilité du chantier. Jean-Baptiste Lassus décède en 1857, il est remplacé par Emile Boeswillward qui achève les travaux en 1863. Cette restauration exemplaire fruit de multiples recherches préalables aux travaux conduits servira de modèle pour la réfection de nombreuses églises.
Deux architectes (Decloux et Dury) au terme des travaux entrepris sur le bâtiment vont éditer un ouvrage : Histoire archéologique, descriptive et graphique de la Sainte-Chapelle du Palais. Ce livre illustré de magnifiques planches en lithochromie, présente l’histoire de la Sainte Chapelle au cours des âges, de sa construction à sa restauration.
Dans une intéressante préface, les auteurs évoquent le changement d’attitude de leurs contemporains à l’égard des monuments anciens. » Dans le dernier siècle, les savants et les artistes professaient le plus grand mépris pour les édifices érigés par leurs pères, et à la fin du même siècle, le peuple démolissait; cette indifférence, ce mépris, et finalement ce vandalisme, nous ont laissé des monuments dans un tel état de vétusté décrépite, que nous voyons presque tout notre siècle occupé à des restaurations et à des achèvements. L’esprit de partie, d’exclusion, nous pourrions même dire de coterie, s »éteint de jour en jour davantage chez nos jeunes architectes, qui relèvent avec le même respect et le même enthousiasme, nos vieux édifices, quel que soir leur âge, quel que soit leur style… »
Ils placent la Sainte-Chapelle dans sa longue perspective historique jusqu’à sa restauration en abordant successivement dans divers chapitres : De la fondation de la Sainte-Chapelle et de l’origine du gothique ; L’Administration de la Sainte-Chapelle, ses privilèges et ses revenus, cérémonies qui y furent célébrées; Description de la Sainte-Chapelle.
L’édition originale datée de 1857 a dû rencontrer un certain succès puisque une deuxième édition paraît en 1865.
Le texte des deux éditions est identique tout comme l’illustration composée de vingt planches en lithochromie : Planche.1. Décoration intérieure, profil d’un pilier à droite du banc du roi; Planche.2. Jubé. Petites colonnes développées; Planche. 3. Jubé. Détails des pilastres; Planche 4. Jubé. Détails des petites colonnes; Planche 5. Détails des petites colonnes; Planche 6. Décoration intérieure. Pilier à gauche du banc du reine; Planche 7. Détails de petites verrières; Planche 8. Verre émaillé. Colonnes rouges du jubé; Planche 9. Détail d’une colonne de l’arcature; Planche 10. Ornements qui s’enroulent autour des petites colonnes de l’arcature; Planche 11. Verres qui décorent l’arcade médiane du Jubé; Planche 12. Colonnes de l’arcature du fond de l’abside; Planche 13. Petite voute au dessus du banc du roi; Planche 14. Détails des colonnes; Planche 15. Détail du jubé; Planche 16. Quatrième travée au nord; Planche 17. Détail de verrière; Planche 18. Détail de verrière; Planche 19. Détail de verrière; Planche 20. Détail de verrière et de cinq planches gravées sur acier et tirées sur chine, Planche 21. Coupe longitudinale; Planche 22. Coupe transversale; Planche 23. Vue perspective; Planche 24. Plan de la chapelle haute; Planche 25. Plan de la chapelle basse.
La lithochromie est un procédé lithographique par lequel on imprime successivement une esquisse en noir et des surfaces de différentes couleurs de manière à produire l’effet d’un tableau à l’huile. Dans les présentes éditions, avec ce procédé, le rendu des couleurs est exceptionnel.
Le format des deux éditions est différent (voir ci-après dans les notices descriptives) et l’édition de 1857 est imprimé dans des encadrements gravés en différentes teintes. Le succès rencontré par la première édition permet une seconde édition (1865) d’un format supérieur et d’un papier de plus belle qualité.
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DECLOUX (Alfred-Pierre-Hubert) DOURY. Histoire archéologique, descriptive et graphique de la Sainte-Chapelle du Palais. Paris, Imprimerie Félix Malteste, 1857. Un volume (42 cm x 28 cm), non paginé (78 pp).
Le texte agrémenté de lettrines est disposé dans un encadrement floral de couleurs différentes selon les pages.
20 planches en lithochromie (magnifiques couleurs), 5 planches tirées sur chine (Coupe longitudinale et transversale, vue perspective et 2 plans de la Chapelle haute et basse).
Demi-chagrin rouge. Dos (insolé) à quatre nerfs. Titre, filets et fleurons dorés. Taches sur les plats.
Edition originale.
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DECLOUX (Alfred-Pierre-Hubert) DOURY. Histoire archéologique, descriptive et graphique de la Sainte-Chapelle du Palais. Paris, Morel, 1865. Un volume in-folio (45 cm x 32,5 cm) 48 pp (texte).
25 planches hors-texte montées sur onglets dont 20 en lithochromie (superbes couleurs) et 5 planches tirées sur chine (Coupe longitudinale et transversale, vue perspective et 2 plans de la Chapelle haute et basse).
Demi-chagrin rouge. Dos à cinq nerfs. Caissons décorés, titre et filets dorés.
Bon exemplaire.
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