Nous avons déjà évoqué Eugène Dabit pour Hôtel du Nord rendu célèbre par le film de Marcel Carné.
Aujourd’hui, un autre de ses textes, librement inspiré de sa vie parisienne, véritable chronique sociale du début du 20e siècle, Faubourgs de Paris.
Eugène Dabit y raconte la vie des prolétaires des quartiers nord-est de Paris. Il y livre ses souvenirs d’enfance dans un Paris dont on devine l’évolution future. La première édition de l’ouvrage paraît chez Gallimard en 1933. Ce texte allait inspirer les illustrateurs et c’est l’édition proposée par la Société normande des amis du livre, illustré par Robert Savary que nous vous présentons.
Robert Savary (1920-2000) étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il obtient à 28 ans un prix de la Casa Valasquez et deux ans après, il est grand prix de Rome. Il enseigne à partir de 1957 à l’école régionale des Beaux-Arts de Rouen. Il est nommé peintre de la marine en 1987. Il fait partie des peintres de la Nouvelle école de Paris
De la Goutte D’or à Montmartre, de la porte de Clignancourt à Jules Joffrin pour s’arrêter du côté de Pigalle, Eugène Dabit dans une suite de tableaux parisiens, se remémore ses souvenirs d’école et sa jeune vie d’adulte. Arpenteur du Paris populaire, il fait revivre l’univers de la Porte de Clignancourt et des Puces, des fortifs et de la zone et de la Butte Montmartre. Déroulant ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, il évoque les XVIIIe et XIXe arrondissement, cadre familier de ses jeunes années.
Dans le XVIIIe arrondissement, de la rue du Mont-Cenis à la rue de Suez où sa mère tenait une loge de concierge, il se souvient de ses vadrouilles enfantines dans le quartier. De l’installation aux Grandes-Carrières à la limite de Paris où il découvre la » zone » et les fortifs, tout en partant en exploration vers le sud et la Butte Montmatre encore villageoise où le Sacré Coeur n’était pas encore terminé. Il observe aussi l’activité sur la place Jules Joffrin. Après la première guerre mondiale, les fortifications disparaissent et une ville neuve est construite. Eugène Dabit se rappelle ses débuts d’écolier, dès cinq ans à la maternelle en face de l’église Saint-Bernard dans le quartier de la Goutte d’Or puis à la grande école située au coin de la rue Championnet et de la rue du Poteau et après le certificat d’études, l’apprentisage de la serrurerie
Dans le XIXe arrondissement du côté Belleville où sa tante tenait une mercerie-papeterie en haut de la rue de Ménilmontant et lui parlait de la Commune alors que disparaissait les terrains vagues et que les nouveaux immeubles cachaient le ciel. L’auteur arpente toutes les rues du quartier en connaît ses cris et sa vie populaire, se promène dans les Buttes-Chaumont et observe les changements imposés par la vie moderne.
Le Paris du début du vingtième siècle est en évolution, ses faubourgs se couvrent de constructions. Il y a les terrains vagues, les vieilles maisons à taille humaine, il y a aussi la « zone » avec ses bidonvilles faits de médiocres baraques et ses habitants vivant dans des conditions qu’ils n’ont pas choisi mais l’urbanisation se développe et Dabit déplore l’envahissement de toutes ces constructions.
Ce témoignage est précieux pour la compréhension de la vie parisienne du début du 20eme siècle à l’époque où la capitale ne débordait pas sur la banlieue, où Montmartre était un village où le Sacré Coeur n’était pas encore totalement achevé préservant les lieux de l’invasion touristique. La société populaire parisienne connaissait alors de profonds bouleversements. Eugène Dabit en capte le souvenir.
L’édition de la Société normande des amis du livre n’a retenu que les chapitres parisiens. Dans l’édition originale de 1933, Eugène Dabit évoque sa courte installation en grande banlieue sud (Montlhéry) où il est garçon d’auberge et se sent exilé.
____________________
DABIT (Eugène). Faubourgs de Paris. Société normande des amis du livre, 1970. Un volume in-folio (39,5 cm x 31,5 cm), 114- (4) pp.
20 Lithographies originales de Savary dont 4 à double-pages.
Un des 125 exemplaires, réservés aux sociétaires, sur vélin de Rives. Numéroté et signé par l’illustrateur.
En feuilles sous couverture rempliée illustrée, emboîtage et étui toilé de l’éditeur.
Bel exemplaire en parfait état.
Vendu .
Pour consulter nos bibliographies c’est là .
__________
DABIT (Eugène). Faubourgs de Paris. Paris, Gallimard, 1933. Un volume in-12 (19 cm x 12 cm), 220 pp.
Exemplaire de Service de Presse.
Broché. Quelques pages déreliées en début de volume. Traces de scotch sur la couverture et sur les premières pages. Petit manque de papier au dos.
Pour acheter c’est ici .
Pour consulter nos bibliographies c’est là .
Laisser un commentaire