CARCO (Francis). Illustrations de DIGNIMONT. Nuits de Paris.

 

Francis Carco a lontemps rôdé dans la nuit parisienne et les bas fonds pour en restituer l’atmosphère particulière que les « mauvais garçons » donnaient à l’époque et aux lieux. C’est le Paris du début du siècle avec ses territoires aprement défendus et ses personnages pittoresques dorénavant disparus mais dont les écrivains gardent la trace en les plongeant dans leurs livres. Cet univers sera lontemps celui de Carco et nous nous en sommes déjà fait l’écho dans Ces messieurs-dames, Rue Pigalle ou Jésus-la-Caille. Il deviendra quelques années plus tard, celui du cinéma en noir et blanc, des prostituées au grand coeur et  des gueules d’amour qui n’hésitaient pas à accomplir les basses besognes qui les conduisaient parfois derrière les barreaux.

La nuit c’est le monde des péripatéticiennes et des macs que Carco saisi dans leur univers, rue Pigalle, à Montmartre, Boulevard de la Chapelle, aux Bals-Musette, au Jockey, sur le Canal Saint-Martin, aux Halles, rue de la Gaité, A la taverne de l’Olympia, au Cafconc’, au Cirque et dont il raconte le quotidien.

Mais les temps changeaient déjà et le « métier » évoluait.  » C’est que ces dames se sont comme elles disent, affranchies,. Plus habiles ou plus favorisées que leurs indolents protecteurs, elles ont compris ce que l’on peut gagner au change, quand Paris est plein d’étrangers. La livre, le dollard, la peseta, primant tout  leurs yeux, certaines n’ont pas hésité à se défaire de l’homme qui les avait instruites pour suivre, par le vaste monde, des gentlemen mieux informés de la valeur d’une femme…Nuits de Paris, les filles emperlousées, qui reviennent sur le tard, blasées, désenchantées, de leurs lointains voyages, ont beau vous mépriser  :  elles n’aiment et ne regrettent que vous. A la Bastille, aux Gobelins, à Grenelle, à Belleville, partout où le plaisir tend ses pièges, elles accourent comme jadis et les plus éduquées se découvrent une fraîcheur d’âme qu’elles ne soupçonnaient point. Alors, reprises par le « milieu », on les voit peu à peu se séparer de leurs bijoux ou, parfois, obtenant de tenir dans Paris de douteuses officines de relations et mariages mondains, elles se laissent engraisser et vivent bourgeoisement….

Comme Carco, André Dignimont, l’illustrateur de l’ouvrage, connaît sur le bout du crayon cet univers et sait en restituer le caractère et les personnages comme le souligne l’auteur dans sa préface : « Des filles, sous la laiteuse clarté d’un globe d’hôtel stationnent et vous jettent au passage une invite. D’autres attendent qu’on les appelle au choix. D’autres boivent à la terrasse et regardent défiler les gens. D’autres écoutent les copines qui leur parlent et toujours, dans le cadre qu’elles complètent, leur présence a l’accent et la force de la vie. On fait mieux que les voir : on croit presque les entendre, gaies ou lasses, ou tristes, ou malchanceuses « 

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CARCO (Francis). Nuits de Paris. Paris, Au Sans Pareil, 1927. Un volume in-4 (28,5 cm x 23 cm), XIII-144-(3) pp.

Vingt-six compositions gravées à l’eau-forte par Dignimont dont un frontispice en couleurs.

Un des 360 exemplaires numérotés sur vélin blanc Mongolfier.

Un volume in-4 broché (couverture rempliée) sous chemise cartonnée illustrée (Tour Eiffel et profil de Paris) à lacet. (Légère fente).

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