Francis Carco et Eugène Véder deux parisiens connaissant leur Paris sur le bout de la plume ou du burin travaillaient ensemble pour décrire un coin de la Capitale qui les a si souvent inspirés.
Nous avons déjà évoqué Francis Carco avec Jésus la Caille et Rue Pigalle ainsi qu’Eugène Véder avec Promenades pittoresques sur les bords de la Seine. Vous pouvez vous reporter à ces pages pour découvrir ces livres parisiens.
Le village de Montmartre au début du 20e siècle un peu plus de 50 ans après son annexion à Paris, gardait encore son côté bucolique et champêtre qui attirait tous les bohèmes de la capitale. Montmartre était aussi le repère des artistes qui allaient devenir célèbres. Nous en avons déjà parlé ici : Jean Faber. Le vieux villages de Montmartre, Roland Dorgelès. Promenades montmartroises et Georges Montorgueil. La vie à Montmartre .
Francis Carco nous invite à la promenade dans ces lieux : » Comme il y a deux Louvre il y a deux Montmartre et tout aussi distincts, l’un de l’autre, que le Musée de son célèbre vis-à-vis. Les habitués de la Butte ne l’ignorent pas…Quant aux malheureux qui fréquentent encore les établissements de plaisir des environs et même de la place Blanche et de la place Pigalle, mieux vaut ne point chercher à les convaincre de l’existence d’un pays, dont ils n’ont jamais eu la moindre idée… »
Carco limite son sujet et reste sur le haut de la Butte. Là où se situe le cabaret du Lapin Agile repère de tous les artistes de l’époque et où un petit territoire (entre la rue Lepic et la rue Lamarck) concentrait les écrivains et les peintres qui sont depuis longtemps devenu célèbres. Ses souvenirs sont ceux d’une époque des plus brillantes dont il ne reste que les lieux comme la place du Tertre envahie par les touristes et qu’il ne reconnaîtrait pas.
On découvre aussi au long de ces pages, des vies brillantes ou tragiques lorsque l’alcool terrassait les talents.
Et Carco nous entraîne au long des rues de Montmartre de jour comme de nuit zigzagant dans tout le village, égrenant des noms familiers dont les oeuvres sont dispersées dans tous les grands musées de la planète sans oublier les habitants qui accueillaient ces personnages singuliers.
Il trace son itinéraire que nous pouvons toujours emprunter aujourd’hui, les rues, les escaliers, les maisons existent encore. Il manque néanmoins l’esprit qui y flottait pour inspirer les artistes et qui ne reste que mirage pour nos contemporains comme l’écrit l’auteur : » J’ai donc écrit ces pages pour essayer de ranimer les fantômes de naguère, mais ce n’est point une tâche aisée car, où que nous tentions de fixer notre regard sur un point du passé, tout ce qui nous éloigne de lui déforme et trouble notre vision. Cependant puissent ces pages apporter au lecteur le témoignage du culte que nous sommes quelques-uns à garder à la Butte… »
Les illustrations en noir et blanc et en couleurs de Eugène Véder ponctuent l’évocation de ce moment de l’histoire de Montmartre qui appartient aujourd’hui à son mythe.
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CARCO (Francis). Promenades Pittoresques à Montmartre. Paris, Editions Léo Delteil, 1922. Un volume in-4 (33 cm x 25,5 cm), 60 pp.
6 eaux-fortes en couleurs et 25 dessins d’Eugène Veder.
Un des deux cent exemplaires numérotés sur vélin d’Arches paraphés par l’auteur et l’artiste contenant le tirage en couleurs des eaux-fortes.
Broché.
Bel exemplaire.
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