BUTOR (Michel). Illustrations de Bernard DUFOUR. La Banlieue de l’aube à l’aurore. Mouvement brownien.

Michel BUTOR a abordé la littérature en poète avant de passer au roman qui le rendra célèbre au cours des années 50, La modification publié en 1957. Les poèmes de La Banlieue de l’aube à l’aurore ne seront publiés qu’en 1968 avec Mouvement browniens qui regroupe des textes issus de l’effervescence contestataire de mai 1968.

L’auteur s’attache à la réalité urbaine. C’est dans cet espace que tous ses livres trouveront leurs racines, d’abord dans les banlieues du nord, traversées de violences et de fulgurances, puis dans les urbanismes révélateurs de géographies humaines. Ces poèmes lyriques constitués d’images et de rythmes syncopés entre conscience et inconscience charrient une multitude de sentiments et de symboles comme un lointain écho au surréalisme. L’agencement des mots et des images fait naître tout un univers.

Butor va publier en 1968, des textes écrits vingt ans plus tôt, qu’il appelle affectueusement « mes vieux poèmes » de 1948. La Banlieue de l’aube à l’aurore et Mouvement brownien où, telle l’agitation hasardeuse des molécules de matière, les combinaisons savantes figurent les bouleversements du monde. Les événements de 1968 exigent de nouveaux langages mais ils révèlent aussi le poète frondeur.

Lors des révoltes et grèves de mai 68, les écrits de Michel Butor ont effectivement manifesté sur les murs de Paris. A l’époque, il réalise un placard « Votez Charles Fourier » avec Jacques Hérold, et avec Bernard Dufour une affiche héliographique au titre parlant : « Flic flac », poème-tract incitant à la rébellion.

Michel BUTOR (1926-2016), poète, romancier, essayiste, critique d’art. Après des études en littérature et en philosophie, il devient enseignant en Egypte puis en Suisse. En 1957, il publie aux Editions de Minuit, La Modification, qui obtient le prix Renaudot et qui est un ouvrage majeur du Nouveau Roman. A partir de 1960, il commence une carrière universitaire comme professeur de littérature aux Etats-Unis puis à l’Université de Nice et enfin à l’université de Genève jusqu’à sa retraite en 1991. Dans ses premiers livres, il se détache de la forme traditionnelle du roman en participant au groupe du Nouveau Roman accueilli au sein des Editions de Minuit. Délaissant rapidement le genre du roman, il s’oriente vers des essais et la poésie. Il poursuit ses recherches de formes expérimentales pour représenter le monde que l’on retrouve dans tous ses ouvrages, récits de voyages, récits de rêves et dans ses nombreuses collaborations avec des artistes contemporains. Il a travaillé avec un grand nombre de plasticiens pour réaliser des livres-objets et des livres d’artiste.

Bernard DUFOUR (1922-2016). Dans les années 50, Il abandonne rapidement son métier d’ingénieur agronome pour se consacrer à sa vie d’artiste. Il participe au Salon de mai en 1946 et fait partie en 1952 des membres fondateurs du Salon d’octobre. Il est tout à la fois, peintre, photographe et écrivain. Au début de son parcours, sa peinture est abstraite puis à partir des années 60, il se consacre au nu ce qu’il évoquera dans son récit « Au fur » écrit en 1995. Il retrouve la notoriété de ses débuts en participant au film de Jacques Rivette, La Belle Noiseuse (1991). Ses mains sont celles du peintre que joue Michel Piccoli et les nus pour lesquels pose Emmanuelle Béart sont ses œuvres.