Maurice Beaubourg (1859-1942) romancier, auteur de contes symbolistes, dramaturge fut aussi journaliste et collaborateur de nombreuses revues (La Revue Blanche, Le Mercure de France, La Vie parisienne, Gil Blas, l’Evènement, Le Figaro…).
La première édition de La Saison au Bois de Boulogne paraît en 1896 (H.Simonis-Empis, 1896) mais nous allons évoquer ici l’édition illustrée par J.-E.Laboureur publiée en 1928. C’est par l’illustration que cet ouvrage a suscité mon intérêt. Le grand graveur, même s’il se défendait d’être bibliophile, savait animer un texte comme personne. Dans le blog diffusé hier vous trouverez quelques lignes sur ses travaux d’illustrateur et des gravures différentes, voir ici.
Le titre de l’ouvrage de Maurice Beaubourg évoquait dans mon esprit, les Promenades au Bois et les Rendez-vous mondains de la Belle Epoque mais il n’en est rien, ce qui fait l’intérêt particulier de cette histoire. En effet, les personnages principaux sont des filles et des souteneurs. Les belles calèches et les robes de couturier disparaissent du décor mais l’élégance reste dans ce délicieux pastiche et mélange de style épistolaire où Les Liaisons Dangereuses ont dû inspirer l’auteur.
L’auteur raconte un drame de barrière entre prostitués et manieurs de surin sous forme de lettres où ces messieurs dames s’expriment avec l’élégance de la société la plus polie sur le ton d’une marquise de Merteuil et d’un Vicomte de Valmont.
Dans un style très grand-siècle, le déroulé de la correspondance et son issue tragique offre un réel plaisir de lecture.
I.Le Gosse-girond à sa maîtresse la Môme-taciturne où il raconte une promenade au bois de Boulogne, II. La Môme-taciturne à son amant le Gosse-girond où la jalousie tenaille la scriptrice, III.Le Gosse-girond à sa maîtresse la Môme-taciturne où le scripteur raconte ses démêlés avec la police, IV.La Môme-taciturne à son amant le Gosse-girond où la scriptrice annonce sa venue au bois de Boulogne, V.Le Gosse-girond à Gueule-d’empeigne à la Santé où le scripteur regrette l’absence de son beau-frère pour mettre dans le chemin de l’obéissance la Môme-taciturne et compte sur son intervention, VI.Gueule-d’empeigne à sa soeur la Mome-taciturne où le scripteur adresse des remontrances et des conseils à sa soeur, VII. Le Gosse-girond à son ami Bobo (humeurs froides) de Montmartre où le scripteur évoque ses affaires de souteneur et lui demande un service, VIII.La Môme-taciturne à son amie Rosa-la-créole où la scriptrice raconte que le Gosse-girond l’a trompe et lui demande son aide, IX. Bobo (humeurs froides) de Montmartre à son ami le Gosse-girond où le scripteur renonce à aider son ami, X. Rosa-la-créole à son amie la Môme-taciturne où la scriptrice raconte son indisponibilité car elle a remplacé la sous-maîtresse, XI. Le Gosse-girond à la Fille-en-filoselle où le scripteur annonce la suspension temporaire de leur relation, XII. Le Gosse-girond à la Fille-en-filoselle où le scripteur renonce à la séparation annoncée, XIII. Le Gosse-girond à la Fille-en-filoselle où le scripteur oublie la Môme-taciture, XIV. La Môme-taciturne à sa mère où la scriptrice annonce qu’elle veut tuer le Gosse-girond, XV. Fromage et le Petit-Napoléon à leur ami le Docteur où le scripteur annonce que sa femme (La Fille-en-filoselle) le trompe avec le Gosse-Girond, XVI. Lettre d’Arthur à sa vieille amie mistress Cumington (Jadis à Paris, Mère Lemoine, Leroy, Duval, etc), 168e Avenue, New-York où le scripteur raconte après une rude bagarre, l’assassinat de la Fille-en filoselle par la Môme-taciturne et son suicide avec le même couteau sanglant.
Jamais un meurtre dans le milieu ne fut si élégamment narré !
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BEAUBOURG (Maurice). La Saison au Bois de Boulogne. Paris, André Delpeuch, 1928. Un volume in-8 (24,5 cm x 19 cm).
Seize gravures originales sur cuivre de J.-E.Laboureur.
Un des 275 exemplaires numérotés sur vergé de Rives.
Broché.
Exemplaire en bel état.
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Bonjour !
Pour info, ce livre et son auteur ont obtenu, le 5 mars 1924 le « Prix des méconnus », délivré par le journal L’Éclair. Prix partagé avec Henri Fèvre, pour son roman Galafieu.
Bien à vous
Michel Courty
paris