On oublie parfois que Colette brûlait les planches au début du 20e siècle. A sa mort en 1954, certains hiérarques de l’église catholique avaient encore en mémoire les prestations dévêtues de l’écrivain sur scène et les obsèques religieuses furent refusées. Aujourd’hui, la hiérarchie catholique verrait sans doute la situation sous un oeil différent…
Dans une page précédente du blog Paris, de ma fenêtre , nous avons déjà évoqué la riche vie de l’écrivain.
La liberté de Colette faisait scandale. Depuis 1906, elle se produisait dans des numéros de mime parallèlement à son activité de journaliste pour le Matin, le journal dirigé par Henri de Jouvenel qu’elle épousera en 1912.
Ce sont ses souvenirs glanés de 1906 à 1912 quand elle fréquentait l’univers du music-hall et du café-concert qui lui donneront la matière de cet ouvrage. Le music-hall et le café concert attiraient de nombreux spectateurs pour des spectacles d’une incroyable variété. Ces établissements de spectacle employaient de multiples artistes en tous genres dont les conditions d’existence étaient souvent précaires. Cet univers de lumière comportait de nombreuses ombres et Colette nous les restitue d’une façon particulièrement juste et vivante.
Colette est le fidèle témoin de l’existence de ces personnages oubliés dont elle a partagé un temps la vie quotidienne parfois difficile même si elle-même n’était pas soumise aux mêmes vicissitudes. Elle porte sur cet univers une compréhension lucide et généreuse pleine d’empathie pour ces artistes modestes qui tutoyaient bien souvent la misère cachée sous les fards et les costumes.
Cet univers était majoritairement composé de femmes, danseuses, figurantes, chanteuses pour la scène et maquilleuses, habilleuses, accompagnatrices, caissières pour les coulisses. Ce sont leurs histoires qui défilent au long de ces pages. L’envers de la Belle Epoque surgit de ces lignes où nombreux étaient ceux qui se contentaient de survivre. Le monde du spectacle n’échappait pas aux contraintes du quotidien mais la solidarité qui existait en son sein, permettait de surmonter les difficultés du temps.
Avec ses titres de chapitre, Colette nous dévoile tout cet univers : En » Tournant », la Halte, On arrive, on répète, Le mauvais Matin, Le Cheval de manège, L’Ouvroir, Matinée, L’Affamé, Amour, La travailleuse, Après minuit, Lola, Malaise, Fin de route, » la Grève, bon Dieu, la Grève ! »; L’enfant de Bastienne; Les Gagne-Petit, L’Accompagnatrice, La Caissière, L’Habilleuse, Chiens savants, L’Enfant prodige; Le Laissé-pour-compte; Dans le public, La Fenice, Gitanette.
La première édition de « L’envers du music-hall » paraît chez Flammarion en 1913 en format in-12 sous le nom d’auteur Colette Willy. Colette est une romancière reconnue, c’est sans doute ce qui incite l’éditeur « Au sans pareil » de proposer une nouvelle édition illustrée par J.E.Laboureur qui paraît en 1926.
Jean-Emile Laboureur dont nous avons déjà évoqué le travail dans Tableau des grands magasins et dans La saison au bois de Boulogne, a magnifiquement rendu l’atmosphère légère de l’ouvrage où le courage, la bonne humeur et la dignité des personnages donnent envie pour quelques instants, de faire partie de la troupe.
Une adaptation de l’Envers du Music Hall sera donnée l’année prochaine par la Comédie-Française, voir ici : http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-comedie-francaise.php?spid=1543&id=597
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COLETTE. L’envers du music-hall. Paris, Au Sans Pareil, 1926. Un volume in-8 (25,5 cm x 20 cm), 170 pp.
Gravures de Jean-Emile Laboureur.
Un des 350 exemplaires numérotés sur vergé de Rives.
En feuilles, sous portefeuille cartonné illustré fermé par deux lacets.
Vendu.
Un autre exemplaire de cet ouvrage est désormais disponible, c’est ici
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