Deux artistes pour cette plaquette qui célèbre Paris prochainement libéré. Le poète Paul Eluard (1895-1952) ami des cubistes, dadaïstes et surréalistes, il est à l’avant-garde littéraire et artistique de l’époque. Pendant la 2e guerre mondiale, il participe à la littérature clandestine. C’est son poème Liberté publié en 1942 dans le recueil Poésie et vérité qui fut parachuté à des milliers d’exemplaires par des avions de la Royal Air Force au-dessus de la France occupée. Jean Hugo (1894-1984) peintre, illustrateur et écrivain est l’arrière petit-fils de Victor Hugo.
Ce poème libre d’Eluard avec les gouaches de Jean Hugo, livre les impressions du poète dans la capitale occupée.
Nous descendions vers le fleuve
fidèle : ni son flot, ni nos yeux
n’abandonnaient Paris.
Non pas ville petite, mais enfantine
et maternelle.
Ville au travers de tout comme
un sentier d’été, plein de fleurs
et d’oiseaux, comme un baiser
profond plein d’enfants souriants, plein de mère fragiles
Non pas ville ruinée, mais ville marquée par sa nudité.
Ville entre nos poignets comme
un lien rompu, entre nos yeux
comme un oeil déjà vu, ville
répétée comme un poème.
Ville ressemblante.
Vieille ville…entre la ville et l’homme,
il n’y avait même plus
l’épaisseur d’un mur.
Ville de la transparence, ville innocente.
Il n’y avait plus, entre l’homme
seul et la ville déserte, que l’épaisseur d’un miroir.
Il n’y avait plus qu’une ville
aux couleurs de l’homme, terre
et chair, sang et sève.
Le jour qui joue dans l’eau la nuit qui meurt sur terre
Le rythme de l’air pur est plus fort que la guerre.
Ville à la main tendue et tout
le monde de rire et tout le monde
de jouir, ville exemplaire.
Nul ne put briser les ponts qui nous
menaient au sommeil et du sommeil
à nos rêves et de nos rêves à l’éternité.
Ville durable où j’ai vécu
notre victoire sur la mort.
Les Editions Charpentier publièrent après la 2e guerre mondiale, de belles éditions bibliophiliques. Nous en avons déjà présenté une avec la nouvelle de Marcel Aymé, Traversée de Paris, illustrée par Jean Oberlé. Voir ici.
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ELUARD (Paul). En avril 1944. Paris respirait encore ! Paris, Editions de la Galerie Charpentier, 1945. Une plaquette in-4 (29,5 cm x 22 cm) non paginée.
Sept gouaches de Jean Hugo.
Un des neuf cent quarante huit exemplaires numérotés sur vélin pur fil
En feuilles sous couverture à rabat.
Bon exemplaire.
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