Aujourd’hui un livre pour temps de confinement. Un solide broché avec de charmantes illustrations en couleurs de Touchagues que l’on peut lire sans difficulté…Ce n’est pas toujours le cas de nos ouvrages qui pour certains d’entre eux, sont fragiles et manipulables avec précaution ou dont les textes trop anciens, ne sont plus vraiment accessible aux lecteurs contemporains.
L’ouvrage Jours et nuits de Paris de Jean-Pierre Dorian, nous plonge dans le Paris de l’après-guerre au début des années 50 quand la vie parisienne était facile du moins pour la haute société. Ce livre a un charme désuet, celui d’une époque révolue où Paris était une fête pour la société mondaine de l’époque.
Jean-Pierre Dorian nous conduit dans un tourbillon de soirées, de spectacles, de rencontres qu’il narre avec talent et bienveillance. Dans la courte préface rédigée par Montherlant, l’écrivain souligne l’élégance de l’auteur : « Vous n’êtes pas rosse, alors que beaucoup ne trouvent leur piquant que dans trop de pointes « .
La base de la BNF livre peu d’indication sur l’auteur. Jean-Pierre Dorian est le pseudonyme de Gérard Daniel Viterbo (Istanbul 1896-Paris 1982). Il a été journaliste et co-fondateur du Prix de l’Acropole et des Ambassadeurs. On découvre aussi au détour d’un paragraphe de son livre qu’il a été interné dans les camps mais il ne s’attarde pas sur cette terrible période.
Jean-Pierre Dorian en observateur averti de la vie parisienne nous entraîne dans tous les événements de l’époque, à la découverte d’un monde évanoui pour le lecteur contemporain. Alors livrons-nous à un exercice un peu superficiel, celui du « name dropping » en citant les personnalités ou les évènements racontés pour s’immerger dans l’atmosphère du livre : Léo Larguier, Francis de Miomandre, Madeleine Renaud dans les fausses confidences, Réception chez Marcel Achard, Vertès à la galerie Charpentier, Léo Delibes versus Olivier Messiaen, Visite à Jean-Paul Fargue, Une représentation de l’Opéra de Vienne, Lily Pons, Thé à l’ambassade d’Angleterre, Déjeuner avec les Maurois dans un cabaret des Champs Elysées, Déjeuner avec Pierre Benoît, Une représentation d’une pièce de Sacha Guitry à la Comédie des Champs-Elysées, Après-midi au bal, La découverte des Buttes-Chaumont, Le prince Antoine Bibesco, André Gide rue Vaneau, Un dîner chez la comtesse Greffulhe, Jean-Pierre Aumont, Le ballet de Monte-Carlo, Un diner aux Ambassadeurs où il croise Boni de Castellane, Simone, Une représentation à la Comédie, Henry de Montherlant, Le salon de Sophie Stambat quai de la Mégisserie, Le Maharadjah de Kapurthala, Le gala des artistes au cirque d’hiver, Un concert du pianiste Braïlowsky, Au Normandy à Deauville, Un dîner avec Malaparte, Tito Schipa chante à Pleyel, Une séance de dédicace dans la librairie Art et Lecture rue d’Artois, A Evian au Royal-Hôtel, Une séance à l’Assemblée Nationale, Vichy, A Lyon un dîner avec le président Herriot, Un déjeuner chez la princesse Christian de Hesse, Une soirée au théâtre Daunou, La Marguerite de Jean Anouilh au Théâtre des Champs Elysées, Florence Gould et ses invités, Alger, Un dîner avec le RP Riquet, Le plan Marshall, Un night-club de la rue Balzac, Le pianiste Walter Gieseking en concert, Josephine Baker au Club des Champs-Elysées, Marcel Aymé, Maurice Chevalier candidat à l’Académie, une exposition à la Galerie Charpentier, le pianiste Adolphe Brochard à la salle Gaveau, Gérard Philippe à la Comédie française, Alfred Cortot, Colette, l’exposition Watteau au Petit Palais, le pianiste Walter Gieseking au Palais de Chaillot, Le professeur Henri Mondor, Jacques Heim, La réception de la reine de Hollande à l’Hôtel de Ville, L’ambassadeur de Souza-Dantas loge depuis cinquante ans au Ritz, Réception de Jean-Louis Vaudoyer à l’Académie française, Marie-Bell, Un dîner chez le marquis de Cuevras, le duc de Windsor à l’Hôtel du Palais à Biarritz, Le roi Farouk à l’hôtel Westminster au Touquet, Maurice Chevalier au Casino de Paris, Léonor Fini, A la salle Gaveau pour l’anniversaire de Chantecler…
Le précieux index alphabétique en fin de volume permet de piocher au gré de ses envies pour découvrir les personnages de ce théâtre parisien.
Il manquerait quelque chose à l’ouvrage, si Touchagues n’avait pas posé son crayon au long des pages. Louis Touchagues (1893-1974), après des études à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon, arrive à Paris en 1923 où il exerce comme dessinateur-illustrateur dans plusieurs journaux illustrés. Il illustre de nombreux livres de Colette, Sacha Guitry, Marcel Duhamel, Joseph Delteil. Il réalise des décors et costumes de théâtre pour Henri Béraud et Marcel Achard. Il travaille pour Charles Dullin et Louis Jouvet. Il sera aussi décorateur et organisateur de grandes soirées. Son graphisme aérien correspond parfaitement au sujet de l’ouvrage lui qui fut le portraitiste du Tout Paris à partir des années 1930. Vous trouverez aussi sur le blog, un autre ouvrage illustré par Touchagues : Charmes de Paris .
Ce livre est léger comme des bulles de champagne, il en a l’élégance et la fraicheur et procure pour le temps de sa lecture, le plaisir de la découverte d’un Paris si brillant.
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DORIAN (Jean-Pierre). Jours et nuits de Paris. Paris, Les Editions Mondiales, 1953. Un volume in-4 (28 cm x 20 cm), 173 pp.
16 dessins en couleurs de Touchagues.
Un des 983 exemplaires numérotés sur Alfama du Marais.
Broché.
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Un autre ouvrage de Jean-Pierre Dorian est aussi disponible sur le site : Les petits mystères de Paris .
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