Dans notre univers contemporain, le nom de Bercy évoque le Ministère des Finances mais pendant longtemps le village de Bercy servait d’entrepot pour les vins destinés au marché parisien. Voulue par le pouvoir impérial en 1860, l’annexion d’un certain nombre de villages aux alentours de la capitale provoque la scission du territoire de Bercy entre Paris et Charenton.
C’est la longue histoire de ce village que raconte dans cet ouvrage Octave Charpentier qui avait déjà publié plusieurs ouvrages sur Paris : Les Cantilènes du vieux Paris, A travers Montmartre et A travers le quartier Latin et Victor Drouin (1859-1928) qui connaissait les lieux depuis son enfance, entré en 1875 comme petit commis aux Entrepôts dans la maison Abriol, il passa ensuite successivement chez Emile Grange, puis, après le régiment, chez Jules Petit et Pinson chez lesquels il devint fondé de pouvoir et où il demeura vingt-deux années. En 1887, soucieux de prévoyance et de solidarité, il fonde la Société de Prévoyance des Vins du Département de la Seine
Les multiples dessins de Paul Baudier restituent l’atmosphère particulière du vieux Bercy.
Le commerce des vins apparaît à Bercy dès 1804 et achève la dislocation du parc du château. Le parc et le château de Bercy ont occupé l’emplacement du tiers au moins de la surface de l’ancienne commune. Le château fut vendu en 1859 et son mobilier, dispersé en 1860. Au fur et à mesure que le domaine de Bercy se laissai tenvahir, émietter par les lotisseurs, disparaissaient peu à peu les folies pavillons et châteaux que les grands seigneurs et les financiers possédaient en cet encroit.
Le commerce des vins peu à peu se centralise dans cet endroit en des entrepôts libres, aux portes de Paris, là où les bataux amenaient de tous les pays vignobles de la France, d’importants chargements de vins et d’alcool. Bientôt toute la partie de Bercy qui s’étend de la Barrière de la Rapée, à la rue de la Grange aux merciers fut achetée, louée et couverte de magasins, pour la plupart construits à la hâte. Les parcs, les jardins, les avenues plantées d’arbres disprurent presque entièrement et furent remplacées par des celliers, des magasins et des maisons nécessaires aux commerçants. Jusqu’en 1859, date à laquelle le château fut mis en vente, Bercy demeura l’important marché des vins de Paris. A cette époque, lors de l’annexion des communes suburbaines, la Ville va créer le nouvel Entrepôt officiel qui sera clos de murs et et de grilles. Les guinguettes et restaurants renommés pour leurs fritures et leurs matelotes attiraient à La Rapée et à Bercy, les dimanches et fêtes, de nombreux promeneurs.
Avant 1859, la commune de Bercy était dtéjà le centre le plus important du commerce des vins et des alcools : ce n’étaient partout que magasins et celliers qui pouvaient loger neuf cent mille hectolitres de vins et d’alcool entreposés et qui ne paieraient les droits d’octroi qu’après leur vente, à leur sortie. Avant l’annexion, Bercy représentait déjà le plus vaste marché d’Europe. Il groupait autour de ses magasins toutes les industries qui se rattachaient au commerce des vins : tonnellerie, camionnage, charronnerie, hôteliers, restaurateurs et cabaretiers. Les grandes banques de Paris y installaient des succursales. Après l’annexion (juin 1859), les négociants tombant sous la loi commune allaient être tenus d’acquitter droits d’octroi et d’entrée pour leurs vins et eaux-de-vie en stock, ce qui représentait des sommes importantes.
Le Conseil municiapl de Paris décida d’établir à Bercy, le grand Entrepôt officiel qui allait devenir le plus considérable marché en liquides du monde entier. En 1876, une première tranche de 40 millions sur un emprunt de 120 millions devait permettre la construction de l’Entrepôt nouveau qui fut terminé en 1878. Les Entrepôts furent alors clôturés complètement par de solides grilles en fer hautes de 3 mètres, des bureaux d’octroi commandèrent toutes les portes et un chemin de ronde fut aménagé à l’intérieur. Après le contrôle et la vérification des agents de la régie qui relevaient la nature et la qualité des boissons à leur entrée, qu’elles vînssent par wagons, par bateaux, par camions, les vins allaient se loger dans les magasins. Près de 600 magasins et 60 caves étaient affectés au logement du stock de Bercy. Les incendies et les inondations n’épargnent pas le lieu. La concentration des matières inflammables et la proximité de la Seine provoquent régulièrement des catastrophes.
Dans les années 1920, la physionomie générale de l’Entrepôt est un rectangle pas très régulier, très allongé, parallèle au fleuve et s’étendant du Pont de Bercy aux fortifications-pont National. Ce rectangle est coupé en deux par la rue de Dijon qui unit le pont de Tolbiac à la vieille église de la Nativité.
A partir de 1980, le quartier sera entièrement réhabilité. Les entrepôts disparurent faisant place à une zone commerciale et de loisirs.
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DROUIN (Victor) et Octave CHARPENTIER. Bercy. Cellier du Monde. Ouvrage Historique, Archéologique, Pittoresque, Anecdotique et Documentaire. Paris, Editions « La Caravelle », 1928. Un volume in-8 (19,5 cm x 14,5 cm), 238 pp.
Dessins à la plume de P.Baudier.
Un 90 exemplaires sur Vélin Lufama. Exemplaire nominatif.
Notre exemplaire contient aussi un charmant dessin au crayon légendé, daté et signé : Chalet rue de Bercy faubourg Saint Antoine 37 (à Paris). Dessiné d’après nature le 27 août 1848. E.G…(12 cm x 18,7 cm).
1/2 reliure. Dos à quatre nerfs, caissons décorés, tête dorée. Couvertures conservées.
Vendu.
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