Selon les auteurs, « Paris est la ville des étrangers par excellence car à Paris on voit, des provinciaux, des Anglais, des Russes, des Américains, des Belges, des Suisses, des Allemands, des Croates…et ce sera tout au plus si le Parisien y figure dans la proportion d’un sur cinquante. La proportion serait bien plus faible encore si nous n’accordions la qualité de Parisiens qu’aux seuls individus nés à Paris, de père et mère également Parisiens de naissance… » La ville accueille tous les exilés d’Europe et des visiteurs plus lointains qui découvrent les charmes de la capitale sous la monarchie de Juillet.
Il y a à Paris des industries et des professions qui sont exercées presque exclusivement par des provinciaux ou des étrangers. Selon les auteurs, les trois quarts des avocats, des épiciers, des notaires, des droguistes, des avoués, des médecins et des apothicaires viennent de la province, tous les maçons ont des origines creusoise ou limougeaude, presque tous les peintres en bâtiment sont Piémontais ou Italiens, tous les ramoneurs, tous les commissionnaires, tous les porteurs d’eau, tous les rémouleurs, tous les chaudronniers sont des Auvergnats de la Savoie ou des Savoyards de l’Auvergne, presque tous les charpentiers, les serruriers, les taillandiers, les menuisiers dont des enfants de la province, presque tous les ébénistes, les tailleurs et les bottiers sont des descendants des anciens Germains, et les neuf dixièmes des littérateurs sont des produits de la province de même que les principaux éditeurs.
Puis il y a les étrangers dont certains conservent leur costume national, visitent les monuments emblématiques de Paris, assistent à tous les spectacles, fréquentent la bonne société parisienne. L’étranger arrivé d’hier se remarque à son costume, à son accent, à sa démarche flâneuse, à ses manières timides. Certaines nations se fondent plus vite que d’autres dans l’environnement parisien. Si ce qui constitue la qualité d’étranger est de ne rien savoir du pays qu’on habite, il est parfaitement juste de dire que le véritable étranger à Paris, c’est en général, le Parisien lui-même…
Les auteurs nous proposent une galerie de portraits satyriques des étrangers résidents de la capitale avec leurs habitudes qui semblent si exotiques aux parisiens qui les fréquentent ou les croisent. Nous découvrons successivement : L’Anglais, l’Arabe, le Moldo-Valaque, le Hongrois, le Savoisien, le Chinois, le Polonais, l’Allemand, le Prussien, l’Italien, le Hollandais, le Colon, l’Egyptien, le Belge, le Grec, le Brésilien, le Suisse, l’Américain, le Brésilien, le Suisse, l’Américain, le Persan, le Turc, le Portugais, l’Espagnol, le Suédois, Norvégien et Danois, le Russe, campés avec les préjugés et les travers de l’époque, nous donnant une approche sociologique parisienne de la perception de ces différentes nationalités sous le règne de Louis-Philippe.
Dans la lignée du Diable à Paris, les écrivains et les illustrateurs des Etrangers à Paris, nous offrent une galerie de portraits que les lecteurs de l’époque apprécient. Ce type d’approche se retrouve aussi dans les Physiologies, petits ouvrages particulièrement à la mode en ces temps où les auteurs et illustrateurs cernaient les principaux personnages évoluant au sein de la société parisienne. Ultérieurement les Expositions Universelles attiraient dans la capitale de nombreux visiteurs étrangers qui allaient aussi faire l’objet de descriptions particulières comme on en retrouve dans l’ouvrage Paris-Guide.
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DESNOYERS (L.). JANIN (J.). OLD NICK. STANISLAS. BELLANGER. SAINT-HILAIRE (Marco de). DROUINEAU. BEAUVOIR (Roger de)…Les étrangers à Paris. Paris, Charles Warée, sd (1844). Un volume grand in-8 (26,5 cm x 18 cm), XXXV-528 pp.
Illustrés de 400 gravures dont un grand nombre tirées hors texte (30) par Gavarni, Th.Frère, H.Emy, Th.Guérin et Ed.Frère.
Pleine percaline de l’éditeur. Dos à quatre nerfs, caissons ornés de filets dorés, titre doré, tranches dorées.
Quelques rousseurs éparses. Coins émoussés.
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