Aujourd’hui nous allons évoquer une profession bien connue des bibliophiles : Les commissaires-priseurs.
La première vente aux enchères publiques dont l’Histoire garde la trace, remonte à 146 avant Jésus-Christ. Il s’agissait de disperser les trésors pillés dans les cités grecques. Le succès de ce type de vente incite les autorités à intervenir. Un édit de l’empereur Auguste en l’an 7 institue une taxe de 1% sur les ventes de mobilier et d’objets et de 4% sur les ventes d’esclaves. Les frais acheteurs/vendeurs que nous connaissons aujourd’hui ne datent donc pas d’hier même si les montants ont évolué avec le temps !
En France c’est Henri II en 1556 qui réglemente la profession et lui octroie son statut d’officier ministériel par l’obligation faite aux fripiers qui précédemment s’occupaient de ventes volontaires, d’acquérir une charge auprès du Grand Chambellan de France. En 1641, Louis XIV porte le nombre d’huissiers-priseurs parisiens à 120.
Le terme commissaire-priseur apparaît pour la première fois en 1713. Au cours du XVIIIe siècle, les commissaires priseurs commencent à s’entourer d’experts notamment pour les tableaux, les estampes et les livres. La Révolution mettra fin à la fonction laissant la profession sans réglementation.
C’est en 1801 que le Premier Consul autorise l’exercice de 80 commissaires-priseurs à Paris. La province attendra 1816 pour que l’institution soit restaurée.
Une loi de 1841, établit première distinction entre les biens neufs et les biens d’occasions qui seuls sont réservés aux enchères et une autre entre les ventes judiciaires et les ventes volontaires.
Paris est alors la capitale du marché de l’art, cette prééminence sera conservée jusqu’à la première guerre mondiale.
Le statut de commissaire-priseur est longtemps resté une spécificité française. La loi du 10 juillet 2000 va réduire cette particularité en distinguant les commissaires-priseurs judiciaires et les commissaires-priseurs habilités. Ces nouvelles dispositions visaient à harmoniser les statuts de la profession en Europe et à ouvrir le marché français à la concurrence.
Nous avons déjà évoqué l’univers des salles de vente parisienne dans une page précédente du blog : Drouot et les gravures illustrant cette page en sont issues. Notre almanach ne comporte aucune illustration.
L’ouvrage que nous allons vous présenter maintenant porte un titre un peu long mais qui reflète exactement son contenu : Liste des seuls Huissiers-Commissaires-Priseurs-Vendeurs de Biens-Meubles de toutes les Cours & Juridictions de la Ville, Faubourgs & Banlieue de Paris; ayant droit par suite d’Inventaire & de Vente, dans tout le Royaume; la concurrences dans la Prévôté & Vicomté de Paris, & la même concurrence en exécutant, dans les différens Ressors, les Actes & Jugemens revêtus du Scel du Châtelet de la même Ville; exploitans tous Actes de Justice dans l’étendue du Royaume le tout conformément aux Edits du Roi, des mois de Février 1691, & mars 1713, à l’Arrêt du Conseil du 15 Mai de la même année, & à la Déclaration du 18 Juin 1718; reçus & immatriculés au Châtelet de Paris.
Il contient les noms des Prévôts de Paris, Lieutenant Civil, de Police, Criminel, & particuliers, des substituts de M.le procureur du Roi, des Chapelains & Officiers ainsi que la liste nominative des Huissiers-Commissaires-Priseurs avec les syndics en charge, trésorier, adjoints du trésorier, greffier, puis la liste des Huissiers-Commissaires-Priseurs de première classe, de seconde classe, de troisième classe avec leurs dates de prise de fonction (de 1747 à 1789) et leurs adresses. A la date de parution de notre ouvrage, il y a 120 Huissiers-Commissaires-Priseurs. Nous trouvons aussi dans cet ouvrage la liste des anciens syndics ainsi que le tableau (par ordre de réception) des anciens & actuels Officiers de la Communauté, des délégués et des vétérans.
Le Bureau desdits Commissaires-Priseurs-Vendeurs est dans la Cour du Grand Châtelet.
Et pour les clients qui seraient amenés à solliciter un membre de la Compagnie, il est indiqué que les Huissiers-Commissaires-Priseurs-Vendeurs de Biens-Meubles au Châtelet, Ville, Fauxbourgs & Banlieue de Paris, ont la concurrence avec les Jurés-Priseurs dans toute l’étendue de la Prévôté & Vicomté de Paris & dans l’ancien ressort. Bailliages, Prévôtés & Chatellenies Royales ressortissant au Châtelet (Corbeil, Gournay, La Ferté-Aleps, Limours, Montlhery, Montlignon, Poissy, Saint Germain-en-Laye, Torcy, Tournans, Triel). Principaux endroits des Justices seigneuriales qui relèvent du Châtelet (Arpajon, Argenteuil, Brie-Comte-Robert, Brunoy, Chevreuse, Charenton, Essone, Ecouen, Longjumeau, Louvre, Luzarches, Montmorency, Moissel, Nanterre, Sarcelles, Saint-Brice, Saint-Cloud, Villiers-le-Bel, Villeneuve-Saint-Georges et les Villages et châteaux qui en dépendent). L’ancien ressort comprend : Versailles, Meudon, Saint-Denis, Choisy-le-Roi, Vincennes. Villes de la Généralité de Paris où l’on se sert du Papier timbré de la Généralité de Paris : Meaux, Etampes, Montfort, Provins, Senlis, Joigny, Pontoise, Melun, Beauvais, Dreux, Nogent-sur-Seine, Tonnerre, Vézelay, Montereau, Mantes, Coulommiers, Nemours, Sens, Rozay, Saint-Florentin, Compiègne.
Curieusement en fin d’ouvrage se trouve le tarif de la vaisselle d’argent au 15 septembre 1771.
En fait ce petit opusucle est probablement un outil publicitaire de la Compagnie de l’époque. En effet, il contient en début de volume sur quelques pages un agenda par mois avec les jours, les saints du jour et les quartiers de lune sur la période de juillet 1789 à juin 1790. Chaque mois est assorti de deux pages blanches sans doute pour laisser à son possesseur l’opportunité d’y porter quelques notes.
Cet agenda présentant l’activité de la Compagnie fut probablement imprimé au début de l’année 1789. Il est amusant de constater que les affaires se déroulaient normalement cette année là. La suite sera différente puisque la Révolution mettra fin aux fonctions des Huissiers-Commissaires-Priseurs.
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Liste des seuls Huissiers-Commissaires-Priseurs-Vendeurs de Biens-Meubles de toutes les Cours & Juridictions de la Ville, Faubourgs & Banlieue de Paris; ayant droit par suite d’Inventaire & de Vente, dans tout le Royaume; la concurrence dans la Prévôté & Vicomté de Paris, & la même concurrence en exécutant, dans les différens Ressors, les Actes & Jugemens revêtus du Scel du Châtelet de la même Ville; exploitans tous Actes de Justice dans l’étendue du Royaume : le tout conformément aux Edits du Roi, des mois de Février 1691, & mars 1713, à l’Arrêt du Conseil du 15 Mai de la même année, & à la Déclaration du 18 Juin 1718; reçus & immatriculés au Châtelet de Paris. Année 1789. Paris, chez Knapen, Lib-Imprimeur de la Compagnie, rue Saint André-des-Arcs, vis-à-vis le Pont S.Michel. Un volume in-16 (12 cm x 6,5 cm), 96 pp.
Pleine basane marbrée, filets dorés sur les plats et les coupes. Dos ornés. Un coin et une coiffe usés.
Vendu.
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