Paul Chevanard est un artiste maudit. Une commande publique annulée le condamne à l’oubli et Marcel Proust le dédaigne « La meilleure partie de la jeunesse, la plus intelligente, la plus intéressée, n’aimait-elle plus que les oeuvres ayant une haute portée morale et sociologique, même religieuse. Elle s’imaginait que c’était là le critérium de la valeur d’une oeuvre renouvelant ainsi l’erreur des David, des Chenavard, des Brunetière… »
Paul Chenavard (1807-1895) commence ses études artistiques à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon et les poursuit à Paris à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts en 1825. Il étudie dans les ateliers de Dominique Ingres puis dans ceux de Louis Hersent et de Eugène Delacroix. Il séjourne à Rome de 1827 à 1832. Il étudie la philosophie et à partir de 1830 il envisage de réaliser en peinture une « philosophie de l’histoire » présentant l’épopée de l’homme à travers ses épreuves. En 1848 le ministre de l’Intérieur du gouvernement provisoire, Ledru-Rollin, confie à Paul Chenavard le soin d’exécuter la décoration de l’intérieur du Panthéon de Paris que le nouveau gouvernement souhaite ériger en » Temple de l’humanité ». Le bouillonnement de la Révolution de 1848 provoque aussi une approche artistique différente. Pour retrouver cette période, vous pouvez consultez une des pages précédentes du blog consacrée à Alfred Delvau qui fut le secrétaire de Ledru-Rollin.
Cette commande exceptionnelle de l’Etat devait permettre de représenter l’histoire de l’humanité. La partie gauche figurerait la période païenne, le choeur une Prédication de l’Evangile, à droite des fresques représenteraient les temps modernes. Sur le pavage au centre La Philosophie de l’histoire, nouvelle Ecole d’Athènes du XIXe siècle, entourée par l’Enfer, le Purgatoire, la Résurrection et le Paradis. Pendant trois ans Chenavard travaille à ce projet pharaonique.
En Décembre 1851, Napoléon III annule la commande de Ledru-Rollin. Le Panthéon rendu au culte catholique ne pouvait accueillir ces oeuvres où la place de l’église catholique s’avère toute relative.
En 1869, Paul Chenavard présente au Salon de 1869, Divina Tragedia, une grande toile de cinq mètres cinquante sur quatre mètres, aujourd’hui au musée Orsay, contrepoint du texte de Dante, La Divine Comédie. Cette toile monumentale et complexe aux multiples références rencontre l’incompréhension de la critique et du public.
Influencé par la philosophie et la peinture allemande, Paul Chenavard considère que l’art doit avoir un but humanitaire et civilisateur. Cette position lui vaut l’opposition de Balzac et de Baudelaire. Ses détracteurs vont le plonger dans l’oubli.
Avec cet ouvrage l’occasion nous est offerte de redécouvrir l’oeuvre inachevée de Paul Chenavard.
Ce livre, réalisé par souscription (liste des souscripteurs en fin de volume), présente le travail de l’artiste et contient 27 planches hors texte assorties de commentaires, qui présentent les panneaux projetés pour décorer l’intérieur du Panthéon : Le Déluge, Zoroastre.-Les Rois d’Egypte jugés après leur mort, La guerre de Troie, Le Siècle de Périclès, Hippocrate au lit des malades.-Mort de Socrate, Les enfants de la louve.-Brutus condamnant ses fils, Carthage et Scipion, Mort de Caton d’Utique.-César passant le Rubicon, Le temps d’Auguste, le sacrifice, le temple de Janus fermé, Jésus-Christ : la naissance, a prédication, la mort, Les catacombes, Baptême de Constantin.-Théodose et saint Ambroise, Attila aux portes de Rome, L’Hégire ou la fuite de Mahomet.-Couronnement de Grégoire VII, Les Croisades : entrée à Constantinople, le serment du Rutli.-Les poètes de l’Italie, Découverte de l’Imprimerie.-Les artistes du siècle de Léon X, Luther faisant brûler les décrétales, Le Siècle de Louis XIV.-L’escalier de Voltaire, La Révolution française, Napoléon dans la barque, La Résurrection, Le Purgatoire, L’Enfer Le Paradis, Le plan du Panthéon; disposition des sujets décoratifs projetés, par P.Chenavard, Description des décorations projetées.
Et si vous vous intéressez à l’histoire du Panthéon et à son architecture, vous pouvez trouver sur le site de Paris-Libris quelques ouvrages sur le sujet : Panthéon.
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PEYROUTON (Abel). Reproduction et Publication de F.Armbruster. Paul Chenavard et son oeuvre. Première partie Le Panthéon. Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, 1887. Un volume in-folio (45 cm x 33 cm), 54 pp.
27 planches hors texte contenant 43 reproductions de peinture (héliogravure) dont un portrait de Paul Chenavard par Meissonier.
1/2 chagrin à coins. Dos à cinq nerfs orné de fleurons dorés. Titre doré. Coins légèrement usés. Rousseurs éparses.
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