Octave Uzanne (1851-1931), bibliophile, éditeur et journaliste.
Après des études classiques, il s’établit à Paris et se consacre à la bibliophilie. A partir de 1875, il collabore au Conseiller du bibliophile et fonde ensuite successivement quatre revues : Miscellanées bibliographiques, Le Livre, Le Livre moderne, et l’Art et l’idée, ces trois dernières chez son ami l’éditeur Albert Quantin. En 1899, il fonde une société d’édition d’écrivains français, la Société des bibliophiles contemporains devenue plus tard la Société des bibliophiles indépendants.
Il publie des romans, ouvrages de fantaisie, études bibliographiques. Ce sont des éditions richement illustrées et souvent à petit tirage. Il fréquente les milieux de l’art nouveaux et du symbolisme et noue des liens avec Jean Lorrain, Barbey d’Aurevilly, Rémy de Gourmont, Albert Robida. Il écrit également des chroniques dans les journaux de l’époque.
Rémy de Gourmont tracent en quelques mots le portrait de l’homme de plume : « Le livre et la femme, telles furent les premières amours d’Uzanne, et je ne crois pas qu’il les ait reniées, car sa bibliothèque est toujours riche en livres précieux et rares, et le premier ouvrage qu’il ait voulu retoucher et rééditer, pour le grand public, c’est précisément une monographie de la Parisienne…On pense à Sébastien Mercier et à Restif de la Bretonne, et on n’a pas tort. C’est entre ces deux grands observateurs des moeurs française et du coeur humain que se place naturellement Octave Uzanne «
Sa nécrologie parue dans le Mercure de France (15 novembre 1931) complète le portrait : « Il était un peu le survivant de ce boulevard, mort à jamais, où les terrasses des cafés étaient volontiers bureaux d’esprit; à une époque où la chronique est morte, tuée par l’information, il la représentait dans sa dernière et meilleure expression… »
Si nous nous en tenons aux deux sujets de prédilection de l’auteur, les femmes et les livres, nous pouvons citer quelques titres de son abondante production qui du fait de l’attention bibliophilique portée aux différentes éditions, font le délice des amateurs. Nous en avons quelques-uns disponibles sur notre site, c’est ici.
Caprices d’un bibliophile (Rouveyre, 1878); L’Eventail, illustrations de P.Avril (A.Quantin, 1882); L’Ombrelle, le gant, le manchon, illustrations de P.Avril (A.Quantin, 1883); Son Altesse la femme (A.Quantin, 1885), Nos amis les livres. Causeries sur la littérature curieuse et la librairie (A.Quantin, 1886); La française du siècle : modes, moeurs, usages, illustrations d’Albert Lynch (A.Quantin, 1886), La Reliure moderne artistique et fantaisie (Rouveyre, 1887), Les Zigzags d’un curieux : Causeries sur l’art des livres et la littérature d’art (A.Quantin, 1888); La femme et la mode, métamorphoses de la parisienne de 1792 à 1892, illustrations d’A.Lynch et E.Mas (Librairies Imprimeries réunies, 1893); Bouquinistes et bouquineurs. Physiologie des quais de Paris, du Pont Royal au Pont Sully, illustrations de E.Mas (Librairies-Imprimeries réunies, 1892); Contes pour les bibliophiles, illustrations d’A.Robida (Librairies-Imprimeries réunies, 1894); La Femme à Paris : nos contemporaines, notes successives sur les Parisiennes de ce temps dans leurs divers milieux, états et conditions, illustrations de Pierre Vidal (Librairies Imprimeries réunies, 1894); Dictionnaire bibliophilosophique, typologique, iconophilesques, bibliopegique et bibliotechnique à l’usage des bibliognostes, des bibliomanes et des bibliophilistins, illustrations d’O.Heidbrinck (1896); Les Evolutions du bouquin. la nouvelle bibliopolis, voyage d’un novateur au pays des Néo-icono-bibliomanes (Floury, 1897), L’Art dans la décoration extérieure des livres en France et à l’étranger : les couvertures extérieures des livres en France et à l’étranger : les couvertures illustrées, les cartonnages d’éditeurs, la reliure d’art (Société Française d’Editions d’Art, 1898), Monument esthématique du XIXe siècle : Les modes de Paris, variations du goût et de l’esthétique de la femme, 1797-1897, illustrations de François Courboin (Société française d’Editions d’Art, 1898)…..
Malgré ou à cause de son goût des femmes, Octave Uzanne ne se maria jamais. Le paroissien du célibataire narre les raisons de ce choix. Selon l’auteur, « Ce livre est l’expression d’une sagesse très abstraite (à moins qu’il ne soit la manifestation d’une folie très caractéristique), ne peut, dans l’un ou l’autre cas, séduire qu’un nombre exclusif d’hommes libres et volontairement inasservis au joug matrimonial. – Il fut écrit non point pour la plaisance des chercheurs de paradoxes, ni en vue de curieux lecteurs gourmets des Devis folâtres et des dissertations nourries de condiments échauffants ou relevés d’urticées énervantes, mais plutôt pour une élite de délicats indépendants des perfides contrats sociaux et des tristes unions cérémonieusement notariées. »
En quelques chapitres délicieusement agrémentés par les illustrations de Albert Lynch : Qui vive !; Traité du célibat et physiologie du véritable célibataire; De l’homme à femmes, du féminisme et de l’amoureux par innéité, causerie de boudoir; Le nid du célibataire; Des filles, dames et damoiselles dans la vie de garçon; Des charmes et maléfices de la correspondance d’amour; Des rendez-vous, ruses et subterfuges dans la contrebande du mariage; Le jardin du monde, démonstration nécessaire des décors d’amour; La Bible de Satan – Théorie des Voluptés intimes; Le miroir de l’éternel féminin, aphorismes fragments et réflexions d’un gynépsychologue, il confirme son indépendance à l’égard de tout formalisme social comme il l’indiquait dans sa préface : « Qui vive ! et à ceux qui répondront – Amants et Libres ! Nous dirons spontanément : – Entrez donc, Amis , et d’esprit allègre, dégagé et dispos, lisez bien ce qui suit. «
Sur les dix bandeaux de Albert Lynch, plus de la moitié représente O.Uzanne, comme si le texte ne suffisait pas pour confirmer sa position d’éternel célibataire, amoureux des femmes.
Le conformisme social de l’époque nous semble aujourd’hui terriblement désuet. En tout cas, il fut le prétexte à un joli livre qui ne pourrait sans doute plus être écrit de nos jours !
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UZANNE (Octave). Le Paroissien du célibataire. Paris, Ancienne maison Quantin. Librairies-Imprimeries Réunies. May & Motteroz, 1890. Un volume in-8 (24,5 cm x 16 cm), XXX-295-4 (Liste des ouvrages déjà parus d’Octave Uzanne).
1 frontispice, 1 pièce de titre, 10 bandeaux de Albert Lynch gravés à l’eau-forte par E.Gaujean.
Un des 1000 exemplaires numérotés sur papier vergé des Vosges.
1/2 maroquin à coins. Quelques légers frottements. Dos légèrement insolé à cinq nerfs. Titre et date dorés. Tête dorée. Couvertures illustrées conservées. Notre ouvrage comporte une étiquette de relieur allemand (Gustave Brechtel, Cologne).
Bon exemplaire.
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