Ce livre est joyeux, il associe les vives couleurs de Maurice de Vlaminck et la plume d’André Salmon fin connaisseur de Paris. Il raconte les souvenirs de ces deux artistes dans le Paris insouciant du temps de leur jeunesse.
Attardons nous quelques lignes sur les intéressés. André Salmon (1881-1969) écrivain, poète, romancier, journaliste et critique d’art. Il s’installe dès 1908 au bateau lavoir où il rencontre Picasso et dont il révèle l’oeuvre au grand public. Il s’installera plus tard à Montparnasse. A partir de 1909, il écrit dans l’Intransigeant et intègre Paris journal en 1910. En 1913-1914, il tient la chronique des Salons avec Apollinaire dans la revue Montjoie. Il publie ses premiers ouvrages à partir de 1910. En 1912 paraît La Jeune Peinture française où il révèle pour la première fois l’existence des Demoiselles d’Avignon. En 1920 est édité son roman La Négresse du Sacré-Coeur où il évoque sa vie à Montmartre. En 1931, il créé la revue, Les Nouvelles de la République des lettres. Il est proche des artistes novateurs de son époque comme Modigliani, Chagall, Kisling. Pendant l’Occupation, il continue à écrire dans le Petit parisien, ce qui lui vaudra des poursuites à la Libération qui seront par la suite amnistiées.
Il a aussi écrit sur des thèmes parisiens, outre La Négresse du Sacré-Coeur, vous pourrez trouver quelques uns de ses ouvrages sur le site de Paris-Libris : Images du vieux Paris, L’Air de la Butte.
Maurice de Vlaminck (1876-1958) peintre d’influence fauviste et cubiste. Il passe son enfance au Vésinet et à Chatou qu’il peindra à plusieurs reprises. Autodidacte de la peinture, il rencontre André Derain dont il restera proche toute sa vie. En 1905, il participe au premier salon des Indépendants. Le marchand Ambroise Vollard lui consacre une exposition en 1908. Pendant cette période Maurice de Vlaminck commence à exposer à l’étranger. A cette époque, il est proche de toute l’avant-garde picturale et notamment des fauves qu’il reniera par la suite. En 1941, il participe au Voyage en Allemagne organisé par la Propagandastaffel ce qui lui vaudra ainsi que pour son comportement pendant l’Occupation, d’être interdit de publication. Dès le début des années 1900, Vlaminck est aussi un des premiers collectionneurs d’art africain.
André Salmon nous offre une évocation poétique de la Rive gauche. Il décrit les quartiers et la vie artistique qu’il a connu au début du XXe siècle dans cette période d’intense effervescence culturelle.
Il dépeint les cafés, les artistes qui deviendront célèbres et les personnages qui fréquentent cet univers. Où l’on retrouve Modigliani et bien d’autres peintres et aussi Guillaume Apollinaire qui fédère ce talentueux groupe parisien.
André Salmon égrène ses souvenirs comme il le fit dans dans d’autres ouvrages avec L’Air de la Butte et Montparnasse mais cette fois avec le soutien d’un illustrateur vigoureux comme Maurice de Vlaminck.
Ce dernier dans sa préface manifeste plus de lucidité et moins de romantisme que l’auteur. Il s’interroge sur la véracité de ses souvenirs et les tours de sa mémoire qui les embellissent avec le temps.
Alors que son atelier, à l’angle de la rue du Départ et de l’Avenue du Maine avait été démoli pour faire place à la gare Montparnasse, il ne restait que le souvenir de ces cohortes de peintres passés de Montmartre à la Rive gauche avec les écrivains dans leur sillage.
La Table des illustrations permet aussi de fixer les lieux et de découvrir les artistes amis : Couverture (Coin d’atelier), Vlaminck (Portrait par lui-même vers 1908), La Seine et la Tour Eiffel, Abords de la gare Montparnasse, Faubourg, Berthe (Mme Vlaminck, par Modigliani), Plaisance, Le grand comptoir, Prolétariat, La berge, La rue populaire, Le Luxembourg sous la neige, Les boutiques, A Grenelle, Derain (vers 1903), Le hameau de Rueil-la-Gadelière (où habita Vlaminck), Vlaminck (par Modigliani).
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SALMON (André). Rive gauche. Quartier Latin-Plaisance-Montparnasse-Les Quais-Saint-Germain-des-Prés. Avant-propos et Illustrations de Vlaminck. Paris, André Salmon, 1951. Un volume grand in-folio (42,5 cm x 34,5 cm), 108 pp.
Avant-propos en fac-similé du manuscrit de Vlaminck.
Ouvrage illustré de 15 gravures sur cuivre de Maurice de Vlaminck dont 10 coloriées au pochoir (page de couverture, en-tête et 8 hors texte) 1 autoportrait de Vlaminck (une dédicace manuscrite) et 4 gravures hors-texte en noir, 2 portraits (Berthe, Mme Vlaminck par Modigliani et Maurice de Vlaminck par Derain).
Un des 200 exemplaires numérotés sur vélin d’Arches.
En feuilles sous couverture gravée sur cuivre représentant un coin d’atelier, sous chemise cartonnée imitant le bois et emboîtage de l’éditeur en toile écrue (titre au dos et signature de l’illustrateur sur le plat). Très légers reports et décharges.
Bel exemplaire.
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