Guide portatif rédigé en 1909 par le Marquis de Rochegude, guide par rues et par numéros dédié aux amoureux de Paris.
Paris, rue à rue, pas à pas. 20 arrondissements, 20 Tomes. Voilà l’œuvre de Monsieur de Rochegude.
Félix de Robert d’Aquéria (1863 † 1940), marquis de Rochegude, capitaine de cavalerie, chevalier de la Légion d’honneur, s’est attelé avec passion à un travail de titan. Recenser Paris, numéro de rues par numéro de rues, maisons par maisons. Il présente sa quête sous forme de promenades et parle de guide portatif car il préconise d’emmener l’ouvrage avec soi lors de ses visites parisiennes. Son travail ordonné et méthodique est à la fois un travail d’érudit, de curieux, de flâneur, de jouisseur.
d’érudit car il faut avoir tout connaître de Paris et avoir vu toutes ses rues ;
de curieux car il faut savoir fouillé l’histoire parisienne pour se délecter de ses anecdotes croustillantes ;
de flâneur, car il faut humer l’atmosphère ;
de jouisseur, car il faut tester les cabarets insolites et autres lieux exotiques.
Originaire de la Drôme où le château de Rochegude existe toujours (c’est aujourd’hui un “ relais et châteaux ”) ; Félix Marquis de Rochegude, insatiable visiteur de Paris, flâneur émérite de ses rues, est l’archétype du parisien tel que le décrit Nestor Roqueplan : On n’est pas par parisien de naissance on l’est de nature désireux faire partager sa passion et ses connaissances. Dans son introduction, il constate que le parisien ne sortait guère de son quartier habituel… Pourtant, ajoute-t-il, chaque quartier a son charme particulier et sa physionomie différente. C’est pourquoi, ses promenades ont pour but de faire découvrir au parisien sa propre ville d’où son exhaustivité et la précision de ses descriptions.
Le marquis de Rochegude est un aristocrate, un homme des beaux-quartiers. Il connait parfaitement les quartiers bourgeois mais ne méprisent pas pour autant les quartiers périphériques. Il décrit aussi bien les vieux hôtels particuliers dont rien ne lui échappe des différents propriétaires :
3ème arrondissement p77 : 52, rue de Sévigné : emplacement de l’hôtel de M. de Flesselles, le dernier prévôt des marchands. Il le tenait de sa femme Ursule Frajot qui le vendit à Anne Labbé, veuve du poète Santeuil et épouse en seconde noce de Dupuis de Gerville. Famille Outrequin puis famille de Sabardin jusqu’en 1840… cet hôtel a été démoli en 1908 et reconstruit comme usine d’électricité. On a replacé au-dessus de la nouvelle porte les amours qui étaient de l’architecte de Lisle…
que les anecdotes croustillantes :
3ème arrondissement p85 : 2, rue Elzévir : hôtel dit de Lusignan. Fut habité par le poète Pajot de Linières, qui avala un jour tout le contenu d’un bénitier parce qu’il avait vu l’eau bénite frissonner de plaisir au contact des doigts gantés de sa maîtresse « Ce fut, dit Boileau, le seul acte de piété de sa vie »
que les quartiers périphériques annexés à Paris par Napoléon III et le baron Haussmann en 1860 :
13ème arrondissement P19 : rue des Reculettes : Nous recommandons la visite de cette ruelle aux amateurs de promenades pittoresques. La ruelle est encore éclairée par des quinquets et nous y voyons inscrit au-dessus de la porte d’entrée ces mots en lettres noires « respect à la loi et aux propriétaires ».
20ème arrondissement P32 : Quai de la Marne (1860). Au 10 est la rue Evette. (Nom d’un propriétaire du quartier.) Au 26 est la rue de la Meurthe (1863), qui s’appelait rue de Chartres avant 1869… A l’extrémité du quai de la Marne se trouve le quai de Metz, qui avant 1903 s’appelait quai des Vidanges. Ce petit quai de Metz longe le bassin dit du Dépotoir. C’est un coin curieux et pittoresque, et nous ne saurions trop recommander aux promeneurs curieux de pousser jusque-là.
Pour paraphraser Montaigne on peut affirmer qu’ [Il] aime tendrement [Paris] jusqu’à ses verrues et ses tâches.
Dans ses 20 tomes, il cite et raconte sans fioriture ni commentaire intempestif :
a) L’origine et l’historique des rues avec leurs différents noms
b) Les faits remarquables et les curiosités locales
c) Les hôtels particuliers :
– hôtels historiques,
– hôtels modernes, généralement construit à la fin du XIXème siècle,
– ou comme il le dit lui-même les immeubles Modern Style (comprendre art nouveau)
d) Les Maisons les plus notables ou les plus curieuses du vieux Paris
e) Les Enseignes, échoppes, cafés et restaurants
f) Les Célébrités des lieux.
A tort, on pourrait croire que le Paris de 1900 n’est pas le même que celui de l’an 2000. Pourquoi est-ce à tort ? Parce que les anecdotes sont éternelles, les célébrités immortelles, parce que les traces moyenâgeuses sont indélébiles, parce que la majorité des immeubles qui méritaient de survivre ont été magistralement sauvegardés.
Parce que grâce à son style sobre et à ses descriptions factuelles, le lecteur se promène dans le Paris de 1900 comme si ce Paris-là était contemporain.
Par exemple dans le 15ème arrondissement (p40): Au 9, rue Chauvelot s’ouvre la rue Camulogène … dans laquelle se trouve au 5, l’impasse du Labrador, … ancienne petite rue de Paris … Tout ce petit coin, éclairé à l’huile est assez curieux.
Toujours vrai aujourd’hui même si les lampes à huile ont disparu…
Ou encore au 154 Avenue de Clichy (17ème arrondissement p8 ), la cité des fleurs : nous voyons là de nombreux petits pavillons avec jardins qui détonnent agréablement dans ce quartier… en quittant la tapageuse avenue de Clichy, on se croirait subitement transporté dans une coquette et tranquille rue de petite station balnéaire.
Je vous laisse maintenant le soin d’effeuiller vous-même ses promenades, de découvrir toutes ses merveilles d’abord confortablement assis dans votre salon pour ensuite de visu, in situ les admirer sous le soleil parisien. Vous pourrez ainsi comparer le Paris de 1900 à celui des années 2000 et peut-être prévoir celui de 2100…
Olivier de Sesmaisons
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ROCHEGUDE (Marquis de). Promenades dans toutes les rues de Paris par arrondissements. Origines des rues, maisons historiques ou curieuses, anciens et nouveaux hôtels, enseignes. Du 1er au IIIe arrondissement. Du IVe au VIe arrondissement. Du VIIe au XIIe arrondissement. Du XIIIe au XXe arrondissement. Paris, Hachette, sd. (circa 1910), 4 forts volumes in-12 (18,5 cm x 12 cm), XII-189-95-106, 170-159-177, 119-113-93-53-52-42, 50-50-55-119-50-77-38-52 pp.
1/2 reliure toilée verte. Les quatre volumes dans leur étui cartonné (fendu) d’origine.
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ROCHEGUDE (Marquis de) DUMOLIN (Maurice). Guide pratique à travers le Vieux Paris. Nouvelle édition entièrement refondue. Paris, Librairie ancienne Edouard Champion, sd (1923). Un volume in-12 (18 cm x 12 cm), 610-XXI (errata) pp.
59 plans in-texte et un plan dépliant hors texte des enceintes de Paris.
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