Sous Louis XV apparaissent les premières réflexions sur l’embellissement de la Capitale mais les travaux conduits étaient loin des exigences des parisiens. L.S.Mercier dont nous avons déjà parlé dans Tableau de Paris s’en fait l’écho dans son ouvrage L’An 2440, Rêve s’il en fut jamais : » Mon siècle, éprouvait la plus grande difficulté à la moindre entreprise….On baptisait les plus grandes choses en spéculation et la plume semblait l’instrument universel. Tout a un temps. Le nôtre était celui des innombrables projets, le vôtre est celui de l’exécution ».
Guillaume Poncet de La Grave (1725-1803) est avocat au Parlement de Paris. Il se passionne pour l’embellissement de la Capitale et rédige des projets pour Paris. Il sera parmi les premiers à concevoir l’embellissement de la Capitale dans sa globalité et de facto dans d’autres domaines que l’architecture. Ses projets concernent les différents lieux de Paris ou les différents types de mobiliers et aménagements urbains que la ville doit accueillir (ponts, quais…) et leur localisation dans l’espace. Il développe une succession de projets complets d’urbanisme visant à transformer les lieux.
L’embellissement de la capitale doit alors permettre la satisfaction des besoins de citadins. Son attention à l’égard des plus pauvres participe à cette démarche en proposant par exemple, la construction d’une maison de retraite pour les vieux ouvriers. Ses préoccupations sont particulièrement novatrices pour l’époque car il propose souvent d’abattre des bâtiments pour aérer la ville. Il faudra attendre Haussmann, voir ses Mémoires, pour avoir une démarche identique qui elle, sera réalisée.
Les transformations projetés par Guillaume Poncet de La Grave s’inscrivent dans une perspective de réalisation et il identifie les moyens financiers pour exécuter ces projets. Il imagine un système d’imposition portant sur les biens et les personnes pour alimenter une Caisse des Embellissements. Conscient de l’importance des sommes à mobiliser, il envisage la progressivité des projets en fonction de leur importance et de leur nécessité.
Poncet de la Grave a une vision globale et ambitieuse de l’espace urbain qui n’est pas partagée par les pouvoirs publics de l’époque. Les édiles parisiens n’interviennent qu’occasionnellement dans l’aménagement de la ville. La force publique et les intérêts privés ne s’associent ponctuellement que pour des opérations limitées. Les bouleversements globaux envisagés par Poncet de La Grave restent largement incompris et rencontrent une fin de non recevoir par les pouvoirs publics. Ils ne pouvaient concevoir un projet urbain d’ensemble qui intégrerait de multiples projets dans une action planifiée, sans compter les moyens de financement à trouver pour des chantiers de cette ampleur. Les caisses du pouvoir royal comme celle de la Ville ne peuvent supporter ces frais.
Le livre de Poncet de La Grave aurait dû faire l’objet d’une dédicace à Marigny, le célèbre surintendant des bâtiments. L’auteur entendait ainsi cautionner ses propositions mais le surintendant refuse la dédicace de l’ouvrage que l’auteur avait sollicité, pour ne pas lui donner une approbation publique et interférer dans les décisions des autorités de l’époque. Le débat initié par Poncet de La Grave restera savant à défaut de connaître un début d’exécution.
Poncet de La Grave va choisir une forme particulière pour l’impression de son ouvrage. Les pages ne sont imprimées qu’au verso laissant le recto vierge pour que les lecteurs librement puissent commenter les projets et enrichir une réflexion qui devait se poursuivre dans les cercles éclairés de la capitale.
Ce projet contestataire pour l’époque va rester lettre morte et ne sera qu’un texte littéraire et philosophique comme une belle utopie propre à réjouir les lecteurs mais bien loin des aspirations réformatrices de son auteur qui proposait des solutions aux dysfonctionnements urbains. La définition d’un nouvel urbanisme parisien avec une vision sociale et utile pour ses habitants attendra encore pour voir sa réalisation.
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PONCET de LA GRAVE (Guillaume). Projet des embellissemens de la Ville et Fauxbourgs de Paris. Paris, Duchesne, 1756. Un volume in-12 (17 cm x 10,5 cm) XIV-(Avertissement, Préface, Discours préliminaire, Plan de l’ouvrage)-225-224-192 pp.
Trois parties en un volume.
Le livre est imprimé au recto des pages, laissant le verso vierge pour recueillir les observations des lecteurs.
Veau fauve marbré de l’époque. Dos à cinq nerfs, caissons décorés. Tranches rouges. Petit manque en haut du dos et à la coiffe supérieure, coins légèrement émoussés.
Bon exemplaire.
Vendu.
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Un autre exemplaire est désormais disponible :
PONCET de LA GRAVE (Guillaume) Projet des embellissemens de la Ville et Fauxbourgs de Paris. Paris, Duchesne, 1756. Trois volumes (16,5 cm x 10 cm) XIV(Avertissement-Préface)-239-234-192 pp.
Le livre est imprimé une page sur deux. La page vierge est réservée pour recueillir les observations des lecteurs.
Ex libris (Luynes) et marques de bibliothèques. Pleine reliure de l’époque, dos à cinq nerfs ornés aux armes (Luynes), tranches rouges et filets dorés sur les coupes.
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