L’Histoire est souvent écrite par les vainqueurs, les vaincus disparaissent des mémoires mais certains couchent sur le papier leurs impressions de l’époque et l’on découvre quelques siècles plus tard l’envers d’un décor oublié.
Les parisiens depuis la mort d’Henri III refusent qu’un protestant Henri de Navarre devienne roi de France. En 1590, le prétendant au trône assiège longuement la ville tenue par les ligueurs soutenus par l’Espagne et le Pape.
Aujourd’hui nous vous présentons deux ouvrages rédigés par deux italiens l’un, Relatione dell’assedio di Parigi par Filippo Pigafetta proche du Pape Grégoire XIV et l’autre Relatione fidelissima delle assedio di Parigi et sua liberatore par un italien anonyme dont Alfred Franklin propose la traduction assortie d’une importante introduction sur les parisiens du seizième siècle, leurs moeurs et leurs coutumes ainsi que l’organisation sociale de la capitale. Il nous donne ainsi un précieux éclairage sur le Paris de l’époque.
Filippo Pigafetta (1533-1604) se consacre dans sa jeunesse à une carrière militaire et devient ingénieur dans la planification et dans les techniques de fortifications. Grand voyageur, il se rend en France, en Angleterre, à Chypre en Crète, en Egypte et en Palestine ainsi qu’en Asie mineure et au Congo. Philippe II, roi Espagne, lui demande de relever les contours des côtes anglais pour le l’expédition de l’Invicible Armada. Il représente le pape dans les différentes cours européenne. En 1590, il accompagne à Paris le légat du pape Enrico Caëtani et se trouve aux premières loges pendant le siège de la Ville.
Pigafetta est ligueur franchement ligueur rien que ligueur, pour qui Charles de Loraine, duc de Mayenne, les Espagnols et le duc de Parme sont des amis et des libérateurs et Henri IV, des hérétiques et des ennemis. Pigafetta est intéressant par ses descriptions du Paris de son époque, il écrivait en italien pour des étrangers qui ne connaissaient pas la capitale de la France et il comprenait qu’il devait la leur faire connaître. La relation de Pigafetta est plus religieuse que militaire, il exalte les vertus de Bernadino Mendozza, l’ambassadeur d’Espagne dont il fait un héros et presque un martyr. Il s’attarde sur le légat Enrico Caëtani qu’il présente comme la personnalité la plus considérable du siège de Paris et il a une attention particulière pour tous les prélats et prédicateurs qui grisaient de paroles les parisiens.
L’auteur italien anonyme du second ouvrage publié par Alfred Franklin est aussi un témoin oculaire des événements. Il fournit de précieux renseignements sur le quotidien du siège donnant à voir toutes les évolutions de la situation. Pour présenter cet ouvrage, Alfred Franklin établit une intéressante chronologie des événements.
11 mars-26 avril. La ville de Paris renouvelle le serment de l’Union. Résultats de la bataille d’Ivry. Les Parisiens parlent de se rendre. Le légat les en détourne, et se décide à ne pas quitter la ville. Etat des forces de Henri et de celles dont disposait Paris. – Entrevue du légat avec le duc de Mayenne. – L’archevêque de Lyon, le duc de Nemours et le chevalier d’Aumale sont mis à la tête de la ville. Ils renoncent à défendre les faubourg. Henri met le siège devant Paris.
27 avril-9 juillet. Renchérissement des vivres. intrigues des Politiques. Henri attaque la porte Saint-Martin, et brûle les moulins à vent qui entouraient la ville. Il établit des batteries à Montmartre et à Montfaucon. Prédications et processions dans Paris. Les Parisiens envoient demander du secours au duc de Mayenne. Leur voeu à Notre-Dame de Lorette. Commencement de la famine.
9 juillet-1er août. Saint-Denis capitule. Henri s’empare de tous les faubourgs de Paris. la ville est décimée par la famine. Prix des diverses denrées alimentaires. Dangers que courent les Parisiens qui cherchent à quitter la ville. La famine augmente. L’émigration prend des proportions considérables. le peuple commence à murmurer contre ses chefs.
1er août-14 août. Tentative inutile de l’ennemi pour traiter de la paix. Conspiration des Politiques destinée à introduire Henri dans Paris; Elle est déjouée par le duc de Nemours. Garanties politiques et religieuses offertes par Henri aux Parisiens s’ils consentent à se rendre.
14 août-29 août. Dandelot et le duc de Brissac tentent de réconcilier les deux parties. Le légat propose de remettre provisoirement Paris entre les mains des princes du sang. Henri offre de ravitailler Paris et de conclure la paix ou une trêve. Arrivée du duc de Parme; il repousse tout traité avec l’ennemi.
Nouveaux ravages causés par la famine.
29 août-8 septembre. Henri cherche à se concilier le duc de Nemours. L’ennemi abandonne les faubourgs de la ville, et y laisse son bagage et ses provisions. Abaissement subit du prix des vivres. Réjouissances, prédications et processions dans Paris. Le duc de Parme entreprend de réduire Henri sans combattre. L’ennemi s’empare d’un convoi de vivres expédiés pour la ville. Le duc de Mayenne prend Lagny. La disette se fait de nouveau sentir à Paris.
9-10 septembre. Mesures prises dans la crainte d’une attaque de Henri. Il paraît devant la ville et entreprend d’escalader les murailles au faubourg Saint-Victor. Il est repoussé et abandonne le cours de la Marne. Intrépidité d’un bourgeois de Paris; Enumération des sept tentatives faites par Henri contre la ville depuis l’année précédente.
10-24 septembre. La noblesse menace Henri de l’abandonner; Retraite de l’armée ennemie. Mort du pape. Intrigues qui s’étaient agitées autour de lui. Paris est complètement délivré. Un Te Deum est chanté à Notre-Dame.
Conduite de l’ambassadeur d’Espagne, des princesses, du duc de Nemours, de l’archevêque de Lyon, du chevalier d’Aumale, des magistrats, des ecclésiastiques et des gens de guerre pendant le Siège. Intrépidité, piété et patience dont les Parisiens font preuve. Le siège de Paris présenté comme un juste châtiment de la Providence, destiné à châtier la vile de ses ménagements envers les calvinistes.
Ces deux récits forment un ensemble précieux car ils se complètent donnant pour chacun d’entre eux des renseignements intéressants sur Paris pendant le Siège de 1590. L’un est dans une édition de 1591, l’autre a été établi en 1876, sur une traduction manuscrite appartenant à la Bibliothèque Mazarine.
L’ouvrage de Pigafetta parait la même année (1591) à Rome chez Bartolomeo Grassi et à Bologne chez Giovani Rossi. Il est dédié au pape Grégoire XIV qui meurt le 16 octobre 1591.
Pigafetta décède en 1604 à Vicence qui n’est pas très éloignée de Bologne. Du XVIe au XVIIIe siècle, Bologne fera partie des états pontificaux. L’édition de Bologne est peut être alors la plus ancienne des deux éditions.
Notre exemplaire qui ne comprend pas le rarissime plan de Paris, est dans un parfait état intérieur et dans une délicate reliure signée Masson-Debonnelle.
Ouvriers chez Capé, Germain Masson et Charles Debonelle lui succèdent à son décès en 1867. Ils exercent 16, rue Dauphine jusqu’en 1885.
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PIGAFETTA (Filippo). Relatione Dell’Assedio di Parigi, Col disegno di quella Citta, e de’luoghi circonvicini. Bologne, Giovani Rossi, 1591. Un volume in-12 (15 cm x 10,5 cm), 120 pp.
Plein maroquin rouge (XIXe). Dos à cinq nerfs, Titre doré. Roulettes intérieures dorées. Filets dorés sur les coupes. Tranches dorées.
Reliure signée Masson-Debonelle.
Exemplaire en bel état dans une élégante reliure.
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FRANKLIN (Alfred). Journal du Siège de Paris en 1590 rédigé par un des Assiégés. Paris, Léon Willem, 1876. Un volume in-8 (22 cm x 15 cm), XV-325 pp.
Gravure frontispice (Henri IV au siège de Paris).
Un 320 exemplaires numérotés sur papier de Hollande
1/2 maroquin à coins. Dos à cinq nerfs. Titre doré. Tête dorée. Quelques frottements. Couverture conservée.
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