En juillet 1870, Napoléon III engage une guerre contre la Prusse qui le conduit rapidement à la défaite. Après la capitulation de Sedan, les armées prussiennes marchent sur la capitale et vont mettre le siège devant Paris. Le 4 septembre 1870, à la suite d’une journée d’émeute parisienne, l’Empire est renversé. Un gouvernement de défense nationale s’installe à l’Hôtel de Ville de Paris et poursuit la guerre contre les Etats allemands dont les troupes occupent le nord du pays. Paris est assiégée pendant un hiver exceptionnellement froid et connaît une grave famine. Le cessez le feu intervient le 26 janvier 1871. Le 28 janvier 1871, Jules Favre signe avec le chancelier allemand Bismarck un armistice qui prévoit, outre l’arrêt des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables, la convocation d’une Assemblée Nationale chargée notamment de décider de la poursuite de la guerre ou de la conclusion de la paix.
Les élections du 8 février, organisées dans la précipitation pour ratifier au plus vite l’armistice, envoient une forte proportion de monarchistes (400 députés), candidats des listes » pour la paix », à l’Assemblée nationale. La plus grande partie des élus de Paris sont des républicains des listes » pour la guerre ».
L’armistice de janvier 1871 semble intolérable aux Parisiens qui ont résisté à l’ennemi pendant quatre mois.
L’Assemblée Nationale transfère le 10 mars 1871 son siège de Paris à Versailles parce qu’elle voit dans Paris » le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l’idée révolutionnaire ».
A Paris, les classes populaires sont nombreuses et vont s’organiser.
Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers et son gouvernement, envoient au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte s’emparer des canons de la garde nationale sur la butte Montmartre. Parallèlement Thiers ordonne l’arrestation d’Auguste Blanqui et le fait tranférer en Bretagne, sous surveillance militaire.
Les Parisiens se sentent directement menacés. Il s’agit de récupérer les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens ont payés par souscription ces canons lors de la guerre contre la Prusse. Ils se voient sans défense vis-à-vis d’éventuelles attaques des groupes gouvernementales (comme en juin 1848), cependant ils disposent de près de 500 000 fusils.
A Montmartre, Belleville, Ménilmontant, l’armée réussit à reprendre les canons. Cependant il faut les transporter. Le 18 mars l’armée attend les chevaux. A Montmartre, le peuple parisien s’éveille et s’oppose à la troupe venue chercher les canons. Puis rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Partout dans Paris, la population s’en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Lecomte et Clément-Thomas sont fusillés rue des Rosiers malgré les ordres contraires du comité de vigilance de Montmartre et l’intervention du maire du 18e arrondissement, Clemenceau. L’insurrection démarre.
Thiers part à Versailles.
Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 95 membres du conseil de de la Commune. Les arrondissement de l’est et du nord (18e, 19e, 20e, 10e, 11e) et du sud (12e, 13e) ont voté massivement pour les candidats fédérés. Les 1er, 2e, 3e, 9e et 16e ont voté massivement pour les candidats présentés par les maires du Parti de l’ordre. Le conseil est représentatif des classes populaires et de la petite bourgeoisie parisienne. Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées, jusqu’aux anarchistes.
La Commune administre Paris jusqu’au 20 mai. Le conseil de la Commune règle en priorité les questions qui sont à l’origine du soulèvement du 18 mars : le 29 mars un décret remet les loyers non payés d’octobre 1870 à avril 1871, le 12 avril les poursuites concernant les échéances non payées sont suspendues. La solidarité est également organisée. Une pension est versée aux blessés ainsi qu’aux veuves et aux orphelins des gardes nationaux tués au combat. Le 25 avril un décret réquisitionne les logements vacants au profit des sinistrés des bombardements allemands et versaillais, des orphelinats sont créés. La destruction de la colonne Vendôme est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. Sont aussi décidées la confiscation des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris. Le 16 avril un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires, il prévoit de les remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire. Les bureaux de placement sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux.
Une grande partie de l’action de la Commune fut concentrée sur la lutte contre l’offensive menée par les troupes régulières obéissant au gouvernement du pays dirigé par Thiers et dénommées les » Versaillais » par les insurgés. Les troupes versaillaises sont commandées par le maréchal Mac Mahon.
Face à une armée nombreuse expérimentée et bien armée la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la Restauration tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Sous le second Empire tous les hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés. Les armes sont fournies par l’Etat mais l’habillement reste à la charge du garde. A Paris le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales, le service est gratuit mais le garde reçoit une solde s’il sert au delà.
Le 5 avril la Commune décrète la mobilisation comme volontaires des jeunes gens de 17 à 19 ans et en service obligatoire des célibataires et hommes mariés de 19 à 40 ans. Ces soldats n’ont pratiquement pas d’expérience militaire et s’ils sont républicains, ils sont aussi indisciplinés.
Les Versaillais passent à l’attaque les premiers, le 21 mars ils occupent le fort du Mont Valérien. Le 30 mars, le général de Gallifet occupe le rond-point de Courbevoie et le 2 avril les Versaillais s’emparent de Courbevoie et de Puteaux. Le 5 avril, la Commune vote le décret des otages (trois otages fusillés pour un communard exécuté) qui ne sera mis en application que pendant la Semaine sanglante, fin mai et qui provoquera l’exécution de l’archevêque de Paris. Pendant trois semaines environ, les combats sont sporadiques mais les bombardements intensifs en particulier sur Neuilly.
Au soir du 26 avril, le village des Moulineaux est occupé par les Versaillais qui le 29 menacent le fort d’Issy. Le 4 mai ils enlèvent la redoute du Moulin-Saquet. Le 5, ils s’emparent du village de Clamart, le 8, l’enceinte fortifiée de Paris est violemment bombardée de Grenelle à Passy, tandis que le 9 , le fort d’Issy est pris par les Versaillais.
Le 21 mai l’armée régulière pénètre dans Paris par la porte de Saint Cloud, commence alors la Semaine sanglante qui s’achève par les derniers combats au cimetière du Père-Lachaise le 28 mai. La Commune avait duré 72 jours.
De grands édifices sont la proie des flammes : Le palais des Tuileries, La bibliothèque impériale au Louvre, Le palais de Justice, Le palais d’Orsay, Le palais de la Légion d’honneur, le Palais-Royal, La Caisse des Dépots et Consignations, Le Ministère des finances, L’Hôtel de Ville
Les destructions et incendies d’immeubles civils (rues Royale, de Lille, de Rivoli, boulevard Voltaire, place de la Bastille, etc), sont liées aux combats de rue, aux tirs d’artillerie, autant fédéré que versaillais. Certains incendies d’immeubles auraient aussi été provoquées pour des raisons tactiques, pour contrer l’avancée versaillaise.
La répression contre les communards est impitoyable. De nombreuses exécutions sommaires sont commises par les troupes versaillaises.
Cette répression a toutefois l’appui des grands élus républicains de l’Assemblée nationale qui pour préserver la République encore fragile, donneront leur accord à Thiers craignant la surenchère des communards.
Pour la première fois un grand événement de l’histoire de France est couvert par des photographes descendus dans les rues pour fixer les grands moments de la Commune de Paris. Malgré les contraintes techniques des matériels de l’époque empêchant de capter le mouvement, ils photographient les barricades et les groupes d’insurgés et aussi les destructions multiples des bâtiments.
C’est surtout, une fois l’arrêt des combats qu’ils se déploient dans tout Paris et la région parisienne pour garder la trace des ruines de la Capitale et de ses proches abords formant ainsi des reportages quasi touristiques à destination des visiteurs de passage effarés devant ce spectacle. Les murs calcinés des bâtiments publics publics détruits fascinent et horrifient tout à la fois. Ils apparaissent comme le symbole de l’écroulement d’une civilisation.
C’est aussi une affaire très rentable pour la poignée de photographes capables de réaliser ces clichés sans parti pris car ils fixeront de multiples lieux saccagés tant par la Commune que par les Versaillais. Livres composés de tirages photographiques en édition de luxe ou en édition courante, cartes postales, chromos divers…sont régulièrement édités. Les photos gravés sont aussi reproduites dans de nombreux journaux.
La photographie permettait de conserver la réalité de ces instants dont la IIIe République naissante allait rapidement effacer les traces.
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LIEBERT (A.). Les Ruines de Paris et de ses environs 1870-1871. Siège et Commune. Paris, A.Huet et Vollat, sd. Un volume in-4 (26,5 cm x 22 cm).
Cet ouvrage contient 100 cartes postales des ruines de Paris et de ses environs.
Album pleine percaline aubergine de l’éditeur. Fragilité à une coiffe.
Bel exemplaire complet.
Vendu.
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