le nom des Sanson est associé à la guillotine et à la Révolution mais cette famille de bourreaux avait une longue tradition dans cet office. Depuis le XVIIe siècle, les Sanson exercent cette charge. Charles Sanson devient aide bourreau à Rouen en 1675. Il quitte la Normandie, s’installe à Paris comme aide-bourreau et devient l’exécuteur de la Ville, Prévôté et Vicomté de Paris, en 1688. La dynastie des Sanson, exécuteur des hautes-oeuvres commencent, elle s’achèvera six générations plus tard en 1847. Les Sanson exécutèrent au cours des siècles tous les condamnés à mort dans la ville de Paris. Les mises à mort prenaient des formes variées. Elles rencontraient un grand succès populaire, les exécutions étant publiques. Les moyens déployés pour tuer les condamnés restaient toutefois très limités. La Révolution allait devoir gérer une situation nouvelle, la décapitation devient le moyen unique de mise à mort et le docteur Guillotin réclame une exécution uniforme et sans douleur. On évoque alors un dispositif mécanique qui sera inauguré en 1792. Près de 3000 têtes tomberont sous la lame de la guillotine et Charles-Henri puis Henri Sanson manièrent la « veuve » avec dextérité. Le dernier de la dynastie des Sanson n’exécutera « que » dix huit condamnés à mort. Amateur de jeu Henri-Clément Sanson perd beaucoup d’argent et est incarcéré pour dettes à la prison de Clichy. Pour retrouver la liberté et solder sa créance, il gage la guillotine. Le ministère de la justice règle sa dette et révoque le bourreau en 1847. Ainsi se terminaient sept générations d’exécuteurs.
L’histoire de cette longue dynastie inspire les écrivains. En 1830, sont publiés des mémoires apocryphes » Mémoires de Sanson, pour servir à l’histoire de la Révolution française » dont le rédacteur principal est Louis-François L’Héritier de l’Ain et en partie Honoré de Balzac qui en fit un récit : Un épisode sous la Terreur (1845).
En 1862-1863 paraissent chez Dupray de la Maherie » Sept générations d’exécuteur 1688-1847. Mémoires des Sanson mis en ordre rédigés et publiés par H.Sanson ancien exécuteur des hautes oeuvres de la Cour de Paris « . En fait, ces mémoires d’après des documents d’époque, furent écrits par le publiciste d’Olbreuse.
Le succès rencontré par l’ouvrage incite le Nouveau Journal à proposer une nouvelle diffusion. Elle sera réalisée du 6 février 1864 au 18 février 1865. Le Nouveau Journal paraît tous les samedis, en livraisons de 16 pages à trois colonnes. L’abonnement pour Paris et les départements est de 3,50 francs pour six mois et de 6 francs pour un an. Les lecteurs rendus captifs par la forme du feuilleton, découvrent au fil des mois une histoire à multiples rebondissements. Les nombreuses illustrations participent à la dramaturgie des scènes.
Les mémoires des Sanson fournissent d’abondants renseignements sur l’organisation des exécutions et leurs différentes modalités, les frais de justice, les grands événements judiciaires et politiques du XVIIIe siècle, les exécutions célèbres, Cartouche, Damiens, Louis XVI, Charlotte Corday, Marie-Antoinette, la du Barry, Danton, Camille Desmoulins, Robespierre, Cadoudal, Louvel, Lacenaire… Le rédacteur ne nous épargne pas les détails volontiers sanguinolents sur les divers supplices de l’Ancien Régime (supplice de la question, de la roue, de la pendaison, du feu) et de la Révolution (guillotine). Ces mémoires, véritable gazette populaire, fourmillent d’informations sur les différentes époques auxquelles se rattachent la vie des condamnés célèbres. Elles sont aussi l’occasion de présenter la saga familiale sous son meilleur jour, d’exprimer des jugements moraux sur la vie des condamnés, et finalement de s’interroger sur la peine de mort. Le dernier de la dynastie des Sanson avait semble-t-il quelques remords !
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SANSON (H.-C.). Les Mémoires des Sanson. Paris, Le Nouveau Journal, 1864-1865. Deux volumes in-4 (31,5 cm x 22 cm), 831 (pagination continue)-47 pp.
Notre exemplaire contient les parutions de n°1 à 55 du 6 février 1864 au 18 février 1865.
1/2 basane havane. Dos lisses ornés de filets et fleurons. Reliure usée mais solide. Bon état intérieur.
Vendu.
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