Aujourd’hui trois personnages pour un livre, un saint, inspirateur de l’ouvrage, un prédicateur, auteur de l’ouvrage et un peintre, illustrateur de l’ouvrage.
Commençons par le saint, sujet de l’ouvrage. Dominique de Guzman (1170-1221), fondateur des frères prêcheurs (Dominicains), célèbre dans la chrétienté sous le nom de Saint Dominique. Il étudie dès quatorze ans à l’université de Palencia la théologie et la philosophie. Il entre à 25 ans dans le chapitre des chanoines réguliers d’Osma. En 1203, il accompagne son évêque Diego de Acebo chargé par le roi Alphonse VIII de Castille d’une ambassade auprès du roi de Danemark afin d’obtenir une princesse en mariage pour l’infant. Traversant l’Occitanie, il y rencontre l’hérésie cathare. A l’époque, l’Eglise peine à contrer l’hérésie qui rencontre des échos favorables dans le peuple.
A son retour du Danemark après un deuxième voyage en 1205, il passe par Rome et Citeaux et s’arrête en Languedoc pour combattre l’hérésie à la demande du pape Innocent III et rechristianiser les albigeois. En 1206, il établit à Prouille le premier monastère de femmes. En 1207, il fait partie du colloque de Pamiers qui est le dernier débat contradictoire entre les cathares et l’Eglise. L’assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau déclenche en 1209 la croisade des Albigeois. Dominique suit les croisés dans les places conquise cherchant à obtenir des conversions.
Il s’établit à Toulouse en 1215 où il est autorisé à prêcher dans tout le territoire. A Rome, au concile de Latran avec le pape Innocent III, ils envisagent la constitution d’un ordre de Prêcheurs, moines qui s’engagent à la pauvreté et la prédication pour combattre les hérésies. A cette même période Simon de Montfort extermine les Albigeois.
Dominique fonde en 1216, l’ordre des frères Prêcheurs. En 1217, ils envoient ses seize premiers frères qui s’installent dans des villes universitaires (Bologne, Paris, Toulouse, Oxford, Cologne) où ils deviennent des professeurs réputés. Au chapitre de Bologne (1220), il donne ses premières structures à l’ordre des frères prêcheurs. La règle retenu est celle des chanoines de saint Augustin.
Une légende noire enveloppe saint Dominique. Michelet a vu en lui le « terrible fondateur de l’Inquisition » mais à la mort du saint, l’Inquisition n’existait pas encore…Son combat contre les hérésies ne s’exerçait que par le prêche ce qui ne sera pas le cas d’autres dominicains dans les années qui suivirent le décès du saint.
Poursuivons avec un prédicateur, le père Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861), auteur de l’ouvrage. Il commence par étudier le droit pour se destiner à la carrière d’avocat. Il s’installe à Paris en 1822. En 1824, il se convertit et décide d’être prêtre. Il entre au séminaire Saint-Sulpice. Il est ordonné prêtre en 1827. Avec Lamennais, l’abbé Gerbet et Charles de Montalembert, ils rallient la révolution de Juillet. Ils créent le journal l’Avenir dont la devise était » Dieu et la liberté ». Dans son journal, Lacordaire demande la liberté d’expression et la liberté de la presse, la liberté d’enseignement et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les attaques provoquent le scandale auprès de l’épiscopat français qui intente un procès aux rédacteurs de l’Avenir qui obtinrent l’acquittement. En mai 1831, les rédacteurs de l’Avenir ouvrent une école libre qui fut fermée par la police deux jours après. Après un procès devant la chambre des pairs qui acte la fermeture définitive de l’école, les rédacteurs de l’Avenir partent pour Rome pour en appeler au jugement du pape. Mais le pape condamnera leurs idées. En septembre 1832, Lacordaire publie une lettre de soumission au pape.
En janvier 1834, Lacordaire commence une série de conférence au collège Stanislas qui rencontrent un grand succès. L’archevêque de Paris lui demande de prêcher en 1835 pour le Carême à Notre-Dame dans le cadre des Conférences de Notre-Dame. Ce qu’il fera à nouveau en 1836. En 1837, Lacordaire entre chez les Dominicains dont il décide de rétablir l’ordre en France qui avait été supprimé en 1790. La vocation de l’ordre, qui est d’enseigner et de prêcher, correspondait à la volonté de Lacordaire de renouveler de l’intérieur et de rechristianiser la société de son temps. Le 9 avril 1839, il prend l’habit dominicain au couvent de la Minerve à Rome. Un an après, le 12 avril 1840, après une année de noviciat à La Quercia durant laquelle il écrivit sa Vie de saint Dominique, il prononça ses voeux. Il retourne en 1841 en France, prêche à Notre-Dame et continue ses prédications à Paris et à travers la France. Il fonde plusieurs couvents. Depuis longtemps hostile à la monarchie de Juillet, il soutient la révolution de 1848. Il est élu député de l’Assemblé nationale constituante mais démissionne en mai 1848 suite aux émeutes ouvrières. En 1850, il est élu supérieur provincial de la province dominicaine de France. Opposé à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte, il condamne le coup d’Etat du 2 décembre 1851. Progressivement, il se retire de la vie publique et se consacre à l’éducation de la jeunesse. En 1860, il est élu à l’Académie française.
Et terminons par l’illustrateur de l’ouvrage Maurice Denis (1870-1943). Il commence par étudier simultanément à l’Ecole des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888. La même année, il rencontre Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Paul Ranson et Henri Gabriel Ibels avec lesquels se constituera le groupe des Nabis marqué par l’influence de Paul Gauguin. Il expose pour la première fois en 1890 au Salon. A partir de 1891, il fréquente le cercle du peintre Henry Lerolle où il rencontre des musiciens, des hommes de lettres qui deviendront ses amis, Claude Debussy, Paul Claudel, André Gide, Francis Jammes. En 1892, il réalise son premier décor peint, Arabesques poétiques pour la décoration d’un plafond par Henry Lerolle qui sera suivi de nombreuses autres décorations commandées par des particuliers. En 1893, il illustre le Voyage d’Urien d’André Gide qui inaugure une longue série de livres illustrés de lithographies et de gravures sur bois. En 1899 il réalise un premier décor religieux pour la chapelle du collège Sainte Croix du Vésinet…Un temps proche de l’Art nouveau, sa peinture s’oriente vers un classicisme renouvelé. Scènes intimes et familiales, thèmes religieux, paysages d’Italie et de Bretagne sont très présents dans son oeuvre. Outre des tableaux, Maurice Denis réalise en France et à l’étranger de grands décors profanes et religieux. En 1919, il fonde avec Georges Desvallières, les Ateliers d’Art sacré dans une perspective de renouveau de l’art chrétien.
Pour le septième centenaire de l’approbation de l’Ordre des Frères Prêcheurs (1216-1916), Maurice Denis répond à la sollicitation de l’Ordre et accepte d’illustrer la vie de Saint Dominique en prenant le texte du Père Lacordaire. Jacques Beltrand assurera la gravure. Dans l’introduction rédigée par le R.P.Marie-Albert Janvier ce dernier ne cache pas que ce texte se ressent de l’époque, des circonstances, des préoccupations au milieu desquelles il a été conçu. En quelques pages, il apporte les inflexions nécessaires à une compréhension plus contemporaine de la vie du fondateur de l’Ordre des Dominicains.
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LACORDAIRE (R.P.Henri-Dominique). Vie de Saint Dominique. Introduction du R.P.Marie-Albert Janvier. Paris, Jacques Beltrand, 1919. Deux volumes in-4 (32,5 cm x 24 cm), texte XXIV-190 pages, suite des illustrations.
Illustrations de Maurice Denis gravées par Jacques Beltrand.
Volume de texte :
Page de titre : Un cul de lampe
Introduction/Préface : Deux bandeaux, une illustration pleine page.
Dix huit chapitres : Un bandeau, une illustration in-texte, un cul de lampe.
Table : Un bandeau.
Un des 300 exemplaires sur vergé de Hollande numérotés et nominatifs réservés aux souscripteurs.
Spécimen de souscription (12 pages) : Deux bandeaux, une illustration in-texte, un cul de lampe. Extrait de l’ouvrage.
Volume de suites :
Suite des illustrations, 47 bois qui correspondent aux illustrations uniques de l’ouvrage. Les culs de lampe ont été répétés à plusieurs reprises.
En feuilles sous couvertures illustrées et étuis cartonnés illustrés fermés de lacets en cuir (légèrement usés et ayant laissé des traces sur la couverture).
L’ouvrage est dans son état d’origine (couvertures conservées) et dispose de la suite des illustrations non mentionnée à la justification.
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