Elisabeth Rachel Félix dite Rachel (1821-1858) fut la plus célèbre tragédienne de son temps. Après avoir pris quelques cours d’art dramatique au Conservatoire qu’elle quitte très rapidement, elle joue pour la première fois en janvier 1837 au théâtre du Gymnase. Elle entre au Théâtre Français à 17 ans. Elle débute dans le rôle de Camille d’Horace. Ses interprétations des héroïnes des tragédies de Corneille, Racine et Voltaire la rendent célèbre. En 1842, elle est nommée sociétaire. Son succès l’a fait réclamer en France comme à l’étranger où elle effectue de triomphales tournées. Elle meurt jeune emportée par la tuberculose.
Le » prince des critiques » ne pouvait que rendre hommage à la plus grande tragédienne de son temps.
Jules Janin (1804-1874) après avoir débuté comme saute-ruisseau dans une étude d’avoué, devient journaliste notamment à la Revue de Paris, La Revue des Deux-Mondes et au Figaro. Auteur prolifique de contes et de romans parmi ceux-ci, L’Ane mort et la femme guillotinée (1829), La Confession (1830), Barnave (1831)…il est surtout connu pour ses critiques qui paraissent dans le Journal des Débats dans lequel il officiera pendant plus de quarante ans (1832-1874). Il est élu à l’Académie Française le 7 avril 1870.
Dans Rachel et la tragédie, Jules Janin retrace la vie et les rôles de la grande Rachel. Qui mieux qu’un critique célèbre au fait de toutes les histoires du théâtre parisien pouvait porter le regard sur cette carrière éblouissante qui ravit tous les contemporains ? Janin pensait que la tragédie allait mourir avec la disparition de Rachel : » Mais la mémoire de mademoiselle Rachel reste liée au souvenir d’un art aboli. Elle fera partie de sa gloire passée, comme la colonne d’un temple écroulé participe à sa ruine et au respect qu’elle inspire. Il est probable, en effet, que la tragédie est morte avec elle… » Sarah Bernhardt ne brûlait pas encore les planches…Janin achève son ouvrage par la narration des obsèques de la tragédienne, du départ de son double cercueil de plomb et de noyer de la place Royale accompagné par tous les artistes , comédiens et personnalités jusqu’au Père-Lachaise où une foule immense l’attendait.
Pourquoi les biens de Rachel furent-ils dispersés en vente public ? Elle avait deux fils mineurs, les histoires de famille pouvaient être compliquées !
Les biens de la tragédienne furent vendus à son domicile 9 place Royale (place des Vosges) en 18 ventes du 12 au 29 avril 1858 après 3 jours d’exposition (du 9 au 11 avril). La tragédienne habitait l’Hôtel de Chaulnes au 1er étage. Aujourd’hui ce lieu est occupé par l’académie d’architecture.
Le catalogue de la vente après décès de Mlle Rachel présente l’entier mobilier contenu dans son appartement de la place Royale. Ainsi successivement seront dispersés, le linge-la garde-robe-guipures et dentelles à l’usage personnel-linge de table et de ménage (12-13-14 avril), porcelaines-objets d’art & de curiosité, bronzes & objets divers (16-17 avril), vins fins (17 avril), argenterie-bijoux & diamants (19-20-21 avril), bijoux et costumes de théâtre (23-24 avril), livres (26-27 avril), mobilier (28-29 avril).
Le catalogue précise : la vente aura lieu au comptant, c’est toujours le cas aujourd’hui et les acquéreurs payeront cinq pour cent en sus du prix d’adjudication, ce n’est hélas plus le cas depuis longtemps !
Il est intéressant de détailler le contenu de la bibliothèque de la grande tragédienne qui se compose de : Théologie (8), Belles-Lettres (Commentateurs et critiques, poètes grecs et latins, poètes modernes français et étrangers,romans, contes, nouvelles) (94), Théâtre (47), Pièces de théâtre ayant servi à Mlle Rachel pour l’étude de ses rôles (26), Pièces d’étude à l’usage de Talma (4), Epistolaires (4), Polygraphe (13), Histoire (histoire ancienne et moderne) (50), Biographie (12), Dictionnaires (11), Ouvrages à gravures (15).
La tragédienne appréciait les beaux objets et ses succès au théâtre lui donnaient une réelle aisance financière. Ce catalogue même dans sa version sobre d’annonce de vente avec ses descriptions succinctes, laisse deviner des pièces de belle qualité, que sont-elles devenues avec le temps ? Peux-être le hasard vous permettra-t-il d’en croiser quelques unes….
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JANIN (Jules). Rachel et la Tragédie. Paris, Adolphe Delahays, 1861. Un volume in-8 (27,5 cm x 18,5 cm), 528 pp.
Un frontispice sur chine, gravé par Et.David et E.Varin.
1/2 chagrin rouge. Dos à nerfs ornés de caissons dorés. Tranches mouchetées. Quelques rousseurs sur la page de titre.
Bon exemplaire.
Frais d’expédition offerts. Pour acheter c’est ici.
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RACHEL (Elisa Félix). Vente après décès de Mlle Rachel. Succession de Mlle Rachel 1858. Un volume in-8 (23,5 cm x 15,5 cm), 82 pp.
Demi-toile noire moderne (couvertures d’origine conservées).
La vente se divise en 6 parties : objets mobiliers; linge, garde-robe et dentelles; porcelaines, objets d’art et de curiosité, bonzes; vins fins; argenterie, bijoux et diamants; bijoux et costumes; et livre composant une » bibliothèque littéraire et dramatique ».
Bon exemplaire de ce rare catalogue.
Vendu.
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