Aujourd’hui commençons par une définition. Un eucologe est un livre de prières, un missel contenant les offices des dimanches et des principales fêtes de l’année. Il contient des prières particulières pour chaque dimanche et pour chacune des fêtes. Un eucologe peut aussi contenir un psautier qui pour chaque heure de prière du jour de matines aux Vêpres et chaque jour de semaine propose des prières spécifiques. L’introduction contient également la liste des jours fériés avec une méthode pour les calculer le tout courant une période de trente ou quarante ans. Les célébrations des fêtes des saints prennent une place considérable. Comme les saints ont une importance variable selon les régions et les diocèses les eucologes sont édités à l’usage d’un diocèse ou d’une région et c’est le cas du nôtre à l’usage de Paris.
Un ex-dono mentionne que ce missel a été offert à Charles-Jules-Marie Dufresne le 9 juillet 1837 fête du Sacré Coeur de Jésus à l’occasion de sa première communion par sa mère le 9 juillet 1837. La date est importante parce que en queue de la belle reliure de l’ouvrage se trouve en lettres dorées le nom d’un célèbre relieur de l’époque, Duplanil. Il importe d’identifier précisément cet artisan d’art car il appartient à une véritable dynastie de relieurs en activité depuis le début du XVIIIe siècle.
Pierre Duplanil exerce au moins jusqu’en 1832, il signe ses reliures P.Duplanil. Le fils de Pierre, Jean Duplanil exerce le métier depuis 1820, il signe ses reliures de son seul nom, Duplanil. Il produit des reliures romantiques. Il est alors établi rue Saint Jacques puis à la fin de 1824 rue de Savoie. Après septembre 1824, il s’intitule, relieur de S.A.R.Madame la duchesse d’Angoulême c’est à dire de la Dauphine, fille de Louis XVI, devenue belle-fille de Charles X. Il se consacre plus largement aux reliures de luxe. En 1834, Jean Duplanil dorénavant installé rue de Genelle Saint-Germain, obtient comme son confrère Koelher la médaille d’argent à l’exposition de l’industrie place de la Concorde à Paris pour « la richesse et l’élégance de ses reliures ». Il meurt en 1837.
La reliure de Duplanil rehausse particulièrement l’intérêt de ce missel. La présence de l’ex-libris de Léon Gruel dans cet ouvrage, souligne aussi la qualité de la reliure auquel ce prestigieux relieur attachait manifestement un intérêt particulier en y apposant son ex-libris.
A la même époque et parallèlement aux Duplanil, une autre dynastie de relieurs émerge, celle des Gruel dont le premier du nom Auguste-Pierre-Paul avait repris en 1825 l’atelier que son beau-père Isidore Deforge avait fondé en 1811 rue Duphot.
Léon Gruel (1841-1823) commence par travailler dans l’atelier familial au début des années 1860. Associé de sa mère devenue veuve et à son demi-frère Edmond Engelmann, il développe la reliure d’art dans l’atelier installé à partir de 1878, au 418 rue Saint-Honoré. Il devient seul propriétaire de l’atelier en 1891 à la mort de son demi-frère Edmond. Relieur réputé, il est aussi historien de la reliure. Il publie en 1887, Manuel historique et bibliographique de l’amateur de reliures complété d’un second volume en 1905 qui retrace l’histoire de la reliure et de ses artisans sous forme de répertoire alphabétique richement illustré. Il est en 1889 l’un des membres fondateurs du syndicat de la reliure-dorure-brochure qu’il préside de 1891 à 1900. Il assure la vice présidence du Cercle de la Librairie en 1895. Il se retire des affaires en 1901. Son fils Paul (1864-1954) prend sa succession. C’est aussi un collectionneur de reliures et sa boutique fait figure de « musée ».
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Eucologe ou livre d’église à l’usage de Paris contentant l’Office de tous les dimanches et fêtes de l’année. Nouvelle édition augmentée des Offices du Sacré-Coeur, de saint Vincent de Paul, et autres, conformément à la nouvelle édition du bréviaire et du missel parisien. Paris, au dépens des Libraires associés, 1833. Un volume in-12 (15 cm x 9 cm), XX-844 pp.
Un frontispice et quatre figures gravées hors texte.
De la bibliothèque de Léon Gruel avec ex-libris.
Plein maroquin, plaques à froid sur les plats, ornée de fers rocailles et de petits points dorés, dos lisse orné d’une plaque à froid avec le même décor, doublures et gardes de soie blanche, tranches dorées. Deux coins légèrement usés. Reliure signée en queue, Duplanil.
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