Y-a-t-il eu dans l’Histoire de France reine plus honnie que Marie-Antoinette ? Ses frivolités étaient prétexte à tous les libelles plus injurieux les uns que les autres et puis arriva la Révolution, le Tribunal révolutionnaire et l’exécution de la souveraine. La légèreté de la Cour disparaissait dans le sang de l’échafaud.
Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine (1774-1792) est la quinzième et avant-dernière enfant de l’empereur François III de Lorraine et de l’archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême Marie-Thérèse. Cette dernière va mettre le mariage de ses enfants au service de sa politique diplomatique visant à réconcilier après des décennies de guerres, les Habsbourg et les Bourbons et ainsi faire face aux ambitions de la Prusse et de la Grande-Bretagne. Le 16 mai 1770, Marie-Antoinette épouse le dauphin à Versailles.
Dès son arrivée, elle peine à s’habituer au cérémonial français, au manque d’intimité et aussi à l’étiquette rigide de la cour. A la mort de Louis XV le 10 mai 1774, Marie-Antoinette devient reine de France à 18 ans. Elle est considérée comme une étrangère et dès son accession au trône, des pamphlets circulent. Ses déboires conjugaux étant publics, on l’accuse d’avoir des amants, de dilapider l’argent public, d’engager des sommes folles au jeu, ses robes restent célèbres…Sans enfant, sa mère s’inquiète à Vienne, l’alliance franco-autrichienne semble en péril, elle envoie son fils aîné Joseph à la Cour pour apprécier la situation, nous avons déjà évoqué cette mission, Anecdotes intéressantes et historiques de l’illustre voyageur pendant son séjour à Paris.
En fait la reine mène la vie d’une jeune écervelée peu consciente des poids de la fonction qu’elle occupe. Intrigues de Cour, ferme de Trianon et frivolité, tentative d’influer sur les décision politiques mais souvent en vain, les reproches pleuvent sur la reine. Elle suscite les jalousies des courtisans évincés mais ses toilettes et ses fêtes coûteuses participent au rayonnement des industries du royaume. Elle fuit la lourdeur de la vie de Cour à Versailles pour se réfugier au Petit Trianon et y retrouver une vie plus simple pour s’y adonner à la musique et au théâtre. En juillet 1785 éclate l' »affaire du Collier ». Les joailliers Boehmer et Bassange réclament à la reine 1,6 millions de livres pour l’achat d’un collier de diamant négocié au nom de la reine par le cardinal de Rohan. Pour laver l’affront fait à la reine, le cardinal est arrêté mais le Parlement disculpe le cardinal qui s’est fait berner par Madame de La Motte. Le scandale est immense et la reine innocente en sort néanmoins déconsidérée. Les libelles infamants se déchaînent.
1789, la Révolution se profile et c’est cette même année que paraissent les deux libelles contenus dans le livre que nous vous présentons.
Dans son introduction, l’auteur anonyme peut-être conscient de l’excès de ses propos les justifie de la sorte : » Le libelle est l’ouvrage qui diffame, qui calomnie, qui outrage, qui flétrit; mais l’ouvrage qui raconte, qui prémunit, qui conduit à la façon d’échapper à la tyrannie, n’est rien moins qu’un libelle. Une Nation entière, sans aucune exception quelconque, se plaint d’une femme qui n’est rien par elle-même; mais qui est tout par ses conseils. Cette Nation se permet les discours les plus libres & les voeux les plus terribles; elle doit publier les raisons qui l’ont conduite à cette apparente sévérité : c’est pourquoi elle s’acharne à affaiblir le crédit d’une princesse qui lui a fait tant de mal & qui lui en destinait davantage « .
L’auteur dans la première partie de l’ouvrage, décrit par le menu, les turpitudes de la cour, la vie de ses personnages emblématiques et la faillite de la royauté. La vie de la Dauphine devenue rapidement Reine y est décrite à l’aune des sentiments de l’auteur tout au long des événements rapportés.
Dans la seconde partie en onze courts chapitres, l’auteur prend la place de Marie-Antoinette et « imagine » sa vie à la cour depuis 1781 : « Origine des désordres auxquels je me livrai; ils sont portés à l’extrême; Goût décidé pour les spectacles nocturnes, Naissance de nouvelles amours. Courses clandestines. Paris singulier; Basses intrigues. mélanges affreux d’iniquités. Ministre infidelle. Un Cardinal paraît sur la scene; Amours nouveaux. Liaison indécente et politique du Cardinal de Rohan. Faveurs accordées à la Comtesse de la Motte. Clef de son étrange procès; Destruction d’un ennemi. Renouement d’intrigues. Commencement du bouleversement; Les Parlemens en jeu. Effronterie du cher Comte. Balourdise de Monsieur. Barbarie d’un Commandant du Guet de Paris; Autre personnage. Coquin disgracié, Nouveaux embarras. Conférence secrette. Exposition de complots atroces; Plaisirs de Saint-Cloud. Travaux ministériels. Mort préparée. Vie terminée. Et garre la bombe; La cabale fait de nouveaux progrès. L’Imbécile se montre. Un autre suit son exemple. Jusqu’à présent tout est au mieux; Changement total. Les traîtres tremblent à leur tour. Amant perdu. Faux repentir. Preuve complette de méchanceté, de scélératesse et d’hypocrisie « .
Tant de haine pour une écervelée à qui l’on faisait porter tous les malheurs du temps laisse songeur…
Maurice Tourneux dans deux ouvrages : Bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution française et Marie-Antoinette devant l’histoire consacre quelques notices à ces libelles.
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Essais historiques sur la vie de Marie-Antoinette d’Autriche Reine de France. Pour servir à l’histoire de cette princesse. Essai historique sur la vie de Marie-Antoinette Reine de France et de Navarre, Née Archiduchesse d’Autriche le deux Novembre 1755. Rédigé sur plusieurs Manuscrits de sa main; seconde Partie. Première partie, à Londres, 1789. Seconde partie, à Versailles, chez La Montensier, Hôtel des Courtisanes. Un volume in-8 (20,5 cm x 13 cm), VI-79 et 92 pp.
Deux portraits frontispices de la Reine, dessinés par F.J.Collignon et Raffet, gravés par W.H.Mote et Ch.Ransonnette.
L’ouvrage est anonyme, il est attribué par Barbier à Goupil et par Lacroix à Brissot.
1/2 chagrin à coins bordés de filets dorés (reliure postérieure). Dos à cinq nerfs, titre doré. Tête dorée.
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