Qui est cet illustre voyageur, comte de Falckenstein ? Le masque tombe facilement, il s’agit de Joseph II (1741-1790), fils de Marie-Thérèse d’Autriche et frère de Marie-Antoinette. Il succède à son père comme empereur des Romains en 1765 et il devint co-régent des possessions héréditaires des Habsbourg dont il hérita à la mort de sa mère en 1780.
L’oeuvre réformatrice de Joseph II dans son vaste Empire est importante. Il commence par soumettre l’Eglise à L’Etat en réduisant le nombre de séminaires, en supprimant certaines congrégations et ordres contemplatifs et en ayant une politique de tolérance à l’égard des chrétiens non catholiques. Inspiré par l’esprit des Lumières, il réforme l’administration, créé un statut de la fonction publique réservée aux titulaires des titres universitaires et non plus à la noblesse du royaume, réforme l’enseignement, instaure le mariage civil, abolit le servage….Il instaure un impôt payable par tous les propriétaires basé sur un cadastre général. Il entreprend de supprimer les privilèges de la noblesse et du clergé. Ces multiples évolutions effectuées à marche forcée provoquèrent de profonds mécontentements dans tout l’Empire. Ses successeurs inquiets des conséquences de la Révolution française reviendront sur la plupart de ces réformes.
Informé de la situation critique de Marie-Antoinette à la Cour et curieux de connaître le royaume, l’empereur Joseph II décide de se rendre en France du 18 avril au 30 mai 1777.
Soucieux de sa liberté de mouvement, il a pris un pseudonyme (comte de Falckenstein) et loge dans des auberges. Il devient l’idole de la capitale par sa simplicité. On souligne ses vertus et on rappelle ses liens de parenté avec la famille royale française pour souligner l’analogie des caractères des souverains.
L’ouvrage du chevalier du Coudray (1744-1790 ?), mousquetaire du roi est un véritable livre de propagande mettant en scène la proximité du souverain avec le peuple français.
Cet ouvrage peut avoir une double lecture. Celle qui prend acte des liens de parenté de l’Empereur avec la famille royale française pour souligner l’analogie des caractères des souverains. En parlant de Joseph II, on parle aussi de Louis XVI et du monarque père du peuple remplissant le devoir de protéger ses sujets. Mais apparaît aussi une autre analyse, où Joseph II est présenté comme un héros donnant une leçon aux autres souverains et l’où l’on pointe l’opposition entre le règne de Joseph II et celui du roi de France. Joseph II, le monarque bienfaisant devient le synonyme du monarque philosophe. La bienfaisance étant caractérisée par l’Encyclopédie comme la vertu dictée par une raison supérieure formant les hommes accomplis et qui considère les autres comme membre d’un tout dont on fait soi même partie. Dans ces circonstances, le gouvernement rêvé des philosophes est fort éloigné du gouvernement réel français de la monarchie.
La popularité de Joseph II lors de sa venue à Paris prend sa source dans différentes anecdotes relatées par le chevalier du Coudray dans son ouvrage où la simplicité du monarque enchante les parisiens peu accoutumés à une telle proximité avec leur souverain.
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DU COUDRAY (Chevalier). Anecdotes intéressantes et historiques de l’illustre voyageur, pendant son séjour à Paris. Dédiées à la Reine. Seconde édition corrigée & augmentée. Paris, chez Ruault, 1777. Un volume in-12 (17,5 cm x 10 cm), 162 pp.
Un frontispice gravé (portrait du comte de Falckenstein)
1/2 velin à petits coins. Dos décoré. Plats tachés.
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