Aujourd’hui, un peintre Albert Marquet et un écrivain Jean Cassou pour un magnifique ouvrage célébrant Paris, Rhapsodie parisienne, édité par la galerie Charpentier dont nous avons déjà eu l’occasion de présenter un autre livre sur un thème parisien, Traversée de Paris, de Marcel Aymé.
Jean Cassou (1897-1986) est un personnage aux multiples facettes. Ecrivain, critique d’art, traducteur, poète, il a aussi été le directeur fondateur du Musée national d’art moderne de Paris. Il n’est donc pas surprenant qu’il choisisse Albert Marquet pour illustrer son texte.
Il commence par étudier l’espagnol à la Sorbonne. Secrétaire de Pierre Louÿs, il tient à partir de 1921, la chronique Lettres espagnoles dans la Revue du Mercure de France.
En 1923, il intègre le ministère de l’Instruction publique et publie son premier roman. De 1929 à 1931, il est conseiller des Editions J.-O.Fourcade, aux côtés de Henri Michaux. Il devient inspecteur des Monuments historiques en 1932. En 1936, il est membre du cabinet de Jean Zay. En 1940, il est affecté au Musée national d’art moderne dont il devient conservateur adjoint puis conservateur en chef avant d’être destitué en septembre 1940. Après sa révocation, il entre dans la Résistance. Arrêté en décembre 1941 , il est libéré en juin 1943 et reprend ses activités de résistant. Il est nommé en juin 1944, commissaire de la République de la région de Toulouse. En parallèle de ces multiples activités, il ne cesse d’écrire.
En 1945, il est nommé conservateur en chef du Musée national d’art moderne, fonction qu’il occupe jusqu’en 1965.
Auteur de romans, de poèmes, d’essais, de traductions et d’adaptation, il fut aussi un actif critique d’art dont l’influence marque la politique d’acquisition du Musée national d’art moderne de Paris.
Albert Marquet (1875-1947) commence par prendre des cours de dessin à l’école des Arts décoratifs où il rencontre Henri Matisse qui le prendra sous sa protection. En 1894, il entre aux Beaux-Arts dans l’atelier de Gustave Moreau. En 1898, il fréquente avec Matisse l’Académie Julian et rencontre Derain et Jean Puy. En 1901, Albert Marquet participe au Salon des Indépendants et au premier Salon d’automne en 1903. En 1905, la galerie Druet lui assure un contrat d’exclusivité lui permettant d’obtenir une premier stabilité financière. Il participe à de nombreuses expositions à l’étranger. Jusqu’aux années 1920 et sous l’influence de sa première femme, sa peinture est principalement faite de portraits, de nus féminin, de dessins et de caricatures.
En 1920, convalescent de la grippe espagnole, il part se reposer à Alger, c’est là qu’il rencontre sa seconde femme qui lui fait découvrir l’Afrique du Nord. Il devient un grand voyageur, sa peinture en sera le carnet.
Contraint de quitter la France en 1940, il se réfugie à Alger. En 1945, il devient peintre de la Marine.
L’oeuvre de Marquet, est faite de plans simplifiés, de couleurs vives, il travaille de manière rapide en privilégiant la plongée. Au fur et à mesure de sa carrière, les personnages disparaissent pour laisser seuls les paysages sur les toiles. Ami de Matisse et de Derain, il peint sous forme de séries, des paysages lumineux de Paris et de ses environs, les ponts de la Seine, les rues illuminés, Paris en toutes saisons sous la neige ou le soleil.
Marquet disparait en 1947, Rhapsodie parisienne parait en 1950, on peut imaginer Jean Cassou choisissant avec soin les oeuvres du peintre pour illustrer son livre. On peut aussi imaginer qu’il écrit son texte autour d’oeuvres préalablement choisies pour évoquer la ville au long des siècles disparus, ses ciels et l’eau de la Seine comme Marquet en gardait la trace sur ses tableaux.
La richesse architecturale de Paris offre de multiples possibilités. Albert Marquet l’avait abondamment brossée, il appartenait alors à Jean Cassou de rédiger un texte accompagnant l’oeuvre du peintre pour évoquer Paris « où le passé semble s’être le plus intimement, le plus harmonieusement fondu avec le présent, avec les successifs présents. Le passé n’y apparaît jamais séparé, comme dans les musées, comme il peut arriver dans les villes qu’on appelle des villes-musées, mais il y affecte un aspect usuel. On continue à s’en servir « .
_____________________________
CASSOU (Jean). Rhapsodie parisienne. Paris, Editions de la Galerie Charpentier, 1950. Un volume in-4 (39,5 cm x 29,5 cm), 121 pp.
Lithographies & dessins de Marquet. 29 dessins in-texte, 16 lithographies originales hors texte dont 4 en couleurs.
Un des 130 exemplaire numérotés sur papier vélin d’Arches.
En feuilles sous couverture, emboîtage et étui de l’éditeur.
Bel exemplaire.
Vendu.
Pour consulter nos bibliographies c’est là .
Laisser un commentaire