Parisien ou étranger connaissent le nom de Pigalle, un des quartiers de Paris autour de la place du même nom et des rues situées des deux côtés des boulevard de Clichy et de Rochechouart. Les lieux sont aujourd’hui fréquentés par les touristes après avoir été un des quartiers chauds de la capitale. Ces temps mouvementés appartiennent aujourd’hui au passé.
C’est à partir des années 1880 que la réputation de l’endroit se construit. En 1881, Rodolphe Salis ouvre son cabaret le Chat noir au 84, boulevard Rochechouart. Aristide Bruant reprend le cabaret en 1885, le transferre rue Victor Massé et le rebaptise Le Mirliton. En 1885, Maxime Lisbonne créé La Marmite où il présente des spectacles dénudés. En 1889, le Moulin-Rouge s’implante au bas de la butte Montmartre. Il attire de nouveaux restaurants C’est toute une clientèle nouvelle familière de la nuit qui fréquente ces nouveaux lieux de plaisir. Toulouse-Lautrec comme d’autres peintres de l’époque immortaliseront ces endroits.
A partir de 1910, les milieux criminels s’intéressent à Pigalle et à Montmartre. Les truands et les souteneurs en font une sorte de quartier général d’où ils « gèrent » leurs activités dans la prostitution et le jeu. Ces activités vont se développer. Les clients y trouvent à profusion de l’alcool et des filles. Dans les années 30, la pègre s’implante solidement dans le quartier. La place Blanche, la place Pigalle, les rues environnantes sont les scènes de règlement de compte entre bandes rivales. Ces lieux interlopes attirent aussi les artistes comme Joséphine Baker, Duke Ellington, Pablo Picasso qui s’encanaillent au milieu des caïds. La police effectue régulièrement des descentes et ferme les établissements. L’Occupation allemande laisse les affaires des truands prospérer. Les salles clandestines de jeu, les cabarets et les bordels poursuivent sans entrave particulière leurs activités, la Gestapo fréquentant l’endroit. A la Libération, la loi Marthe Richard interdit la prostitution en France mais les truands rackettent les hôtels de passe et les prostitués. Dès le début des années 1970, s’installent les premiers cinémas pornographiques, les boutiques de sex-shops se développent ainsi que les salons de massage. Aujourd’hui ce passé sulfureux a disparu. Reste pour le décor quelques bars à hôtesses pour les touristes…
François Carcopino-Tusoli dit Francis Carco (1886-1958) allait largement s’inspirer de la vie de ces bas-fonds pour son oeuvre littéraire. Né à Nouméa où son père est fonctionnaire, il arrive à Paris à 24 ans. Il commence à fréquenter Montmartre où il croise de nombreux peintres et écrivains qui allaient devenir célèbres et surtout ses amis.
Ce quartier et son ambiance particulière tout comme de façon plus large Paris, servent de toile de fond à ses nombreux romans et reportages. Parmi ceux-ci nous citons : La Bohême et mon coeur, 1912; Jésus la Caille, Mercure de France, 1914, Les mystères de la morgue, Renaissance du livre, 1919; Scènes de la vie de Montmartre, Fayard, 1919; Au coin des rues, Kundig, 1919; Les Innocents illustré par Chas Laborde, La Renaissance du Livre, 1921; Promenades pittoresques à Montmartres illustré par Eugène Veder, Delteil, 1922; Panam, Stock, 1922; Au coin des rues, Crès, 1923; Les Innocents illustré par Dignimont, Ferenczi, 1924; Visites à Saint Lazare, Lesage, 1925; Ces messieurs dames illustré par Dignimont, 1926; De Montmartre au quartier latin, Albin Michel, 1927; Nuits de Paris illustré par Dignimont, Au Sans Pareil, 1927; Perversité illustré par Dignimont, La Roseraie, 1927; Les vrais de vrai illustré par Pierre Falké, Au Sans Pareil, 1928; Montmartre à vingt ans, Albin Michel, 1928; Envoûtement de Paris photographies de René Jacques, Grasset 1938; Scènes de la vie de Montmartre illustré par Souto, Frerenczi, 1939; Nostalgie de Paris, Editions du Milieu du monde, 1941; La Romance de Paris illustré par Clarin, Société des francs bibliophiles, 1946….
En 1937 Francis Carco est élu à l’Académie Goncourt.
Avec son roman rue Pigalle, Carco nous plonge dans l’univers louche du quartier chaud de la capitale, de la drogue, des filles et des souteneurs et des histoires d’amour qui finissent mal.
Les illustrations de Vertès saisissent de façon réaliste l’atmosphère de ces lieux interlopes où les personnages pris sur les vifs donnent de la chair au récit. Le texte et les lithographies se répondent dans un assemblage particulièrement réussi. Comme si le style de l’écrivain et de l’illustrateur fusionnait au détour des pages.
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CARCO (Francis). Rue Pigalle. Paris, Grasset, 1927. Un volume in-4 (25,5 cm x 20 cm), 124 pp.
Lithographies en couleurs de Marcel Vertès. 15 lithographies en couleurs, un frontispice et 14 hors-texte.
Un des 270 exemplaires numérotés sur vélin d’Arches.
Broché sous couverture rempliée, emboîtage et étui.
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