Autant le dire feuilleter un Almanach Royal procure un certain plaisir qu’on ne retrouve pas en lisant le Who’s who contemporain et je ne pense même pas aux pages LinkedIn qui s’affichent à l’infini sur un écran d’ordinateur, d’ailleurs le Who’s who est aussi en ligne…Certes ces outils offrent de multiples informations et ils diront certainement beaucoup sur nos organisations sociales dans les siècles à venir. Il reste qu’une belle reliure décorée de fleurs de lys, des armes frappées sur les plats, un charmant papier sur les gardes, des tranches dorées et un texte dévoilant les arcanes administratives du royaume sous Louis XV, procurent d’autres joies y compris celle de la découverte des personnages importants sous l’Ancien régime. En fait c’est comme le Who’s who, qui n’a pas néanmoins le caractère d’ouvrage officiel, avec pour l’Almanach royal, des renseignements plus succints et bien entendu sans la mention des hobbies de chacun, ce qui nous épargne les mentions convenues comme la pratique du golf…
Fondé en 1683 par le libraire Laurent d’Houry, l’Almanach royal est un annuaire de l’administration française. Il sera publié sous de ce titre de 1700 à 1792 et au gré des nouveaux régimes, changera aussi de nom de 1793 à 1919. Respectant l’ordre des préséances de l’époque, il présentait chaque année la liste des membres de la famille royale de France, des princes du sang et les principaux corps du royaume : grands officiers de la couronne, membres du haut clergé, abbés des grandes abbayes, maréchaux de France, colonels et officiers généraux, ambassadeurs et consuls de France, présidents des juridictions, conseillers d’Etat, banquiers….Largement diffusé, il intéressait de multiples lecteurs souhaitant s’informer sur l’organisation administrative française. La famille d’Houry et ses alliés éditeront cet Almanach jusqu’en 1814.
Composé simplement d’une centaine de pages lors de ses premières éditions, l’Almanach royal va progressivement s’étoffer jusqu’à rassembler de multiples renseignements particulièrement précieux sur l’organisation du royaume de France. Il compte alors près de 500 pages à partir de 1760 et 700 juste avant la Révolution.
L’Almanach royal est avant tout un document officiel. A la fin de chaque année les épreuves sont envoyées à la Chancellerie pour approbation avant la mise en vente. L’approbation est insérée à la fin de chaque volume. L’Almanach est vendu soit broché soit relié par l’imprimeur.
Pour donner un aperçu du contenu de l’Almanach de 1743, nous reproduisons les têtes de chapitre : Calendrier de l’année interfolié de feuillets blancs; Naissances des princes et princesses de l’Europe (France, Espagne, Naples, Portugal, Allemagne, Hongrie, Italie, Toscane, Parme, Modène, Savoye, Lorraine, Grande Bretagne, Dannemarc, Suède, Pologne, Russie ou Moscovie, Turquie); Le Clergé, Archeveschez et Eveschez, leur taxe en Cour de Rome & leur revenu, Abbayes commendataires, leur taxe en Cour de Rome, & leur revenu, Cardinaux qui compsoent le Sacré Collège, Cardinaux Evesques, Cardinaux Prestres, Cardinaux Diacres, Chapitre de Notre-Dame de Paris, Curez de Paris, l’Officialité de Paris, Hôpitaux de Paris, Princes, Seigneurs, et Pairs de France suivant le rang qu’ils ont au Parlement, Maréchaux de France, Lieutenans Généraux des Armées du Roy, Maréchaux de camp, Brigadiers d’armes d’infanterie, Marine, Gouverneurs et Lieutenans Généraux des Provinces du Royaume, Gouverneurs des maisons royales, Colonels généraux, Chevaliers, Commandeurs, & Officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, Chevaliers de l’Ordre de la Toison d’Or, Grands-croix, Commandeurs & Officiers de l’Ordre Royal & Militaire de S.-Louis, Ministres du Roy en pays étrangers, Ministres des cours étrangères en France, Maison du roy, Maison de la reine, Conseils du roy (Conseil d’Etat, Conseil des depesches, Conseil royal des finances, Conseil royal de commerce), Départemens de Messieurs les secétaires d’Etat, Conseil d’Etat, Bureaux de Messieurs les commisaires du Conseil…Maistres des requestes, Intendans des Généralitez & Provinces du Royaume, Grande Chancellerie de France, Secrétaires du Roy, Avocats aux Conseils du Roy, Grand Conseil, Prévosté de l’Hostel du Roy, Cour de Parlement, Chambre des comptes, Cour des Aydes, Chancellerie du Palais, Eaux et forest de France, Avocats au Parlement, Procureurs en la Cour, Journal du Chastelet, Commissaires, Notaires, Procureur au Chastelet, Huissiers-priseurs, Bailliage, Hôtel de Ville, Université (Faculté de théologie, Sorbonne, Faculté des droits, Faculté de médecine, Faculté des Arts, Collège Royal), Académie françoise, Académie royale des Inscriptions & Belles-Lettres, Censeurs royaux, Académie royale d’architecture, Bibliothèques, Trésoriers des deniers royaux, Fermiers généraux, Receveurs généraux des finances, Compagnie des Indes, Consuls de France, Médecins du Roy, Chirurgiens jurez de Paris, Ordre général des courriers par ordre alphabétique, avec le jour & l’heure de leur Départ, pour les Lettres, tant dedans que dehors le Royaume, Messagers, coches et carosses avec le jour de leur départ, Etat des plus considérables foires du Royaume.
Notre Almanach est probablement aux armes Noailles (de gueules à la bande d’or). En 1743, plusieurs membres de cette famille tenaient des rôles éminents. Adrien Maurice de Noailles (1678-1766). Après une brillante carrière militaire, il sera lieutenant général en 1706, il occupe aussi des fonctions de premier plan. Il sera nommé président du Conseil des finances en 1715, fonction qu’il occupera jusqu’en 1718, il sera alors admis au Conseil de régence. Il est chevalier du Saint Esprit en 1724. Il reprend par la suite sa carrière militaire et sera élevé à la dignité de maréchal de France en 1734. En mars 1742, il est nommé ministre d’Etat et sera quelques mois en 1744 secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Louis de Noailles (1713-1793), fils du précédent, sera aussi militaire. Il est nommé lieutenant général en 1748 et est élevé à la dignité de maréchal de France en 1775. Il sera gouverneur du Roussillon de 1766 à 1791. Il est fait chevalier de l’Ordre du Saint Esprit. Philippe de Noailles (1715-1794), comme son frère Louis, accomplit une brillante carrière militaire. Il sera nommé lieutenant général en 1748 et commandant en chef en Guyenne de 1775 à 1786. Il est élevé à la dignité de Maréchal de France en 1775. En 1743, Adrien de Noailles devait plus souvent que ses fils, consulter l’Almanach royal mais ce n’est qu’une supposition…
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Almanach Royal, année MDCCXLIII contenant les Naissances des Princes & Princesses de l’Europe. Les Archevêques, Evêques, Cardinaux, Abbez Commendataires. Les Maréchaux de France, les Lieutenans Généraux, Marechaux de Camp, & Brigadiers des Armées; les Lieutenans Généraux des Armées Navales, Chefs d’Escadres; les Chevaliers, Commandeurs & Officiers des Ordres du Roy; les Gouverneurs & Lieutenans Généraux des Provinces, Les Conseils du Roy; les Départemens des Secrétaires d’Etat & des Intendans des Finances; les Conseillers d’Etat, les Bureaux du Conseil, les maîtres des requêtes, les Intendans des Provinces, la Gande Chancellerie, le Grand Conseil. Le Parlement; la Chambre des Comptes, la cour des Aydes, toutes les cours & Juridictions de Paris. L’Université, les Académies, les Bibliothèques publiques. les Fermiers Génraux, les Receveurs Généraux des Finances, les Trésoriers des Deniers royaux, les Payeurs des rentes, & leurs Contrôleurs, la Compagnie des Indes, etc..Paris, de l’Imprimerie de la Veuve d’Houry, rue de la Harpe, au Saint-Esprit, 1743. Un volume in-8 (19,5 cm x 13 cm), 374 pp.
Plein maroquin rouge aux armes. Dos à cinq nerfs ornés de caissons à fleurs de lys dorés, pièces de titre en lettres dorées, double encadrement de filets dorés sur les plats, fleurs de lys en écoinçons, roulettes dorées sur les coupes, dentelles intérieures dorées, gardes de papier doré ornées d’un semis de fleurs blanches, tranches dorées. Quelques légères griffures sur le premier plat. Dorure un peu passée. Cachet de bibliothèque.
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