Comme annoncé jeudi dernier, nous poursuivons notre partenariat avec Parigramme pour associer livres neufs et livres anciens sur un thème unique. Aujourd’hui un univers sulfureux et fascinant tout à la fois !
Sacrées reines de la Belle Epoque, Caroline Otero, Liane de Pougy, Cléo de Mérode, Emilienne d’Alençon, Mata Hari et d’autres oubliées font une entrée fracassante dans le demi-monde de la galanterie. Ces cocottes » font chavirer les coeurs et tourner bien des têtes, de préférence couronnées. Belles, manipulatrices, vénales, cruelles au besoin, elles sont promptes à dilapider les fortunes que l’on dépose à leurs pieds…et à oublier leurs amants alors qu’ils sont ruinés.
Dans Paris la capitale des plaisirs, les » grandes horizontales » sont aussi des vedettes du music-hall naissant. Elles amusent, séduisent, font l’actualité et alimentent les potins des gazettes mondaines au point d’imposer bientôt leur style et leur goûts en Europe et jusqu’en Amérique.
S’appuyant sur une iconographie riche et souvent inédite (photographies d’époque, tableaux, affiches), Catherine Guignon, dresse un portrait vivant de ces aventurières libres d’esprit qui ont la rage de vivre chevillée au corps, le sourire enjôleur et la dent dure….à croquer des diamant !
Pour les Parisiens, vous pouvez commander ce livre ici.
Ces cocottes magnifiques avaient connu des débuts difficiles. La Païva s’enfuit de Moscou, arrive à Paris, s’installe près de l’Eglise Notre-Dame de Lorette et s’introduit dans le milieu de la prostitution. La belle Otero quitte sa vie misérable en Galice pour commencer à se prostituer à Barcelone tout en chantant dans des établissements mal famés . Au début de leur « carrière », elles fréquentaient bien des soeurs de misère qui ne connurent jamais la soie et les dentelles. En contrepoint à ces réussites flamboyantes, il nous paraît intéressant d’évoquer quelques ouvrages pour découvrir l’envers du décor.
La prostitution est souvent présentée comme le « plus vieux métier du monde ». Je me souviens d’une interview d’un dirigeant de la CIA qui expliquait amusé, qu’en fait c’était le renseignement le plus vieux métier du monde car il fallait quelqu’un pour communiquer l’information ! C’est aussi un peu le sujet du premier ouvrage que nous vous présentons.
Sous un titre anodin « Etrennes aux grisettes » est une requête présentée à M.Silvain Bailly (Maire de Paris en 1790) contre les Marchandes de Modes, Couturières, Lingères, et autres Grisettes commerçantes sur le pavé de Paris. La supplique commence par les mots suivants : » Florentine De Launay, concessionnaire de Rose Gourdan, propriétaire du grand balcon, sis rue Croix des Petits-Champs-Saint-Honoré, a l’honneur de vous exposer très-humblement, Que depuis quelques années une multitude innombrable de marchandes de modes, couturières, lingères, et autres grisettes de ce genre, s’étant ingérées de faire le commerce exclusivement permis aux seules filles de joie, vulgairement appellées raccrocheuses. Elle se voit aujourd’hui dans la nécessité de réclamer contre cet étrange abus aussi contraire aux règlemens de police, que préjudiciable à ses intérêts et à ceux des journalières soumises à sa direction… »
Pendant la Révolution et le Directoire, la prostitution prospérait au Palais-Royal et la concurrence était rude…Les tenancières de maison se tournaient vers l’autorité pour en quelque sorte conserver leurs commerces puisqu’elles payaient un droit pour l’exercer. » Monsieur le maire, il vous plaise rendre incessamment une ordonnance à l’effet de faire exécuter les anciens réglemens de police relatifs au commerce de l’exposante…Faire injonction à M.le commandant général de la garde nationale parisienne, d’en maintenir rigoureusement l’exécution; ordonner en outre que les grisettes ci-après nommées, seront tenues dans quiuzaine, pour tour délai, de se présenter chez le sieur Asmodée Quidor, afin d’y voir figurer leur nom et le lieu de leur demeure sur le registre concernant les filles de joye….
La plaquette contient plus d’une centaine de noms et demeures des grisettes qui exercent « illégalement » un métier qui ne devrait pas être le leur…
Ce document singulier est tout simplement une lettre de délation portant à la connaissance des autorités, des activités que curieusement celles qui en vivaient, réprouvaient pour des questions uniquement commerciales !
Poursuivons avec l’univers des maisons closes. Ce n’est pas celui de nos célèbres cocottes qui avaient gagné de haute lutte leur indépendance !
Dans une somme particulièrement documentée, Romi (Robert Miquel) explore cet univers dans l’histoire, les arts, les arts populaires, la chanson, la carte postale, les lettres, l’humour, la réclame, le cinéma et évoque bien sûr la fermeture des maisons closes (1946).
Même si, il n’est pas uniquement question de cette activité à Paris, les villes portuaires étaient aussi renommées, l’auteur vagabonde dans tous les hauts lieux parisiens qui à certaines époques étaient fréquentés par toute la bonne société masculine française et européenne.
C’est l’occasion de découvrir la richesse de cet univers qui fut peint notamment par les plus grands artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Et puis ces maisons ont fermé et Romi s’est fait l’historien des lieux qui connurent bien des vicissitudes et des fastes au cours des âges et jouèrent souvent des rôles particuliers dans l’Histoire.
Nous avons déjà présenté dans ce blog un ouvrage sur les petites couturières qui parfois abordaient le monde des cocottes voir ici : L.Morin. Illustrations de H.Somm. Les cousettes. Physiologies des couturières de Paris et nous avons aussi d’autres ouvrages disponibles sur le thème de la prostitution parisienne voir ici : A.Parent-Duchatelet. De la prostitution dans la ville de Paris, Ch.Virmaître. Paris-Impur et E.Siebecker. Physionomies parisiennes. Cocottes et Petits crevés.
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Etrennes aux Grisettes pour l’année 1790. Requête présentée à M.Sylvain Bailly Maire de Paris par Florentine De Launay contre les Marchandes de Modes, Couturières, Lingères, et autres Grisettes commerçantes sur le pavé de Paris. Paris, 1790. Une plaquette in-8 (20,5 cm x 13 cm), 36 pp.
Texte imprimé sur vergé bleuté. Couverture cartonnée postérieure (début 20e) avec un petit manque.
Sous la signature de la tenancière du » Grand balcon » sis rue Croix-des-Petits-Champs une » Requête » présentée au Maire de Paris et réclamant la plus grande séverité contre cette concurrence préjudiciable aux » journalières » les prostitués qui paient le droit d’exercer un commerce dont elles revendiquent l’exclusivité. Cette plaquette contient la liste des noms et demeures des grisettes. En fin de plaquette, 2 pages de commentaires sur les activités de certaines des grisettes répertoriées.
Selon Lacombe (Bibliographie parisienne-324-), il s’agit de l’édition originale.
Amusant et intéressant document sur la prostitution parisienne à une période où elle était particulièrement florissante. La concurrence étant difficile, il devenait nécessaire de solliciter l’intervention des autorités et de » dénoncer » les pratiques irrégulières….
Cette pièce est rarissime. Notre exemplaire est en bon état.
Vendu.
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ROMI. Maisons Closes. L’Histoire, L’Art, La Littérature, Les Moeurs. Préface du docteur Jean Lacassagne. Sl, aux dépens de l’auteur, 1952. Un volume in-4 (31 cm x 25,5 cm), 504 pp.
Nombreuses illustrations (reproduction de tableaux et photos in situ) in texte.
Envoi de l’auteur assorti d’un dessin sur la page de titre.
Notre exemplaire broché sous couverture rempliée est disposé dans un coffret cartonné rigide (illustré au dos d’une lanterne et de persiennes à moitié closes) avec une petite serrure. La clé nécessaire pour le fermer est bien présente avec sa pastille porte clé (clé du 5), son numéro d’identification ainsi que la notice du fabriquant.
Notre exemplaire sur vélin n’a pas été justifié. Il comprend de menus défauts. La charnière du coffret est fragile (fente de papier) et il y a une très légère fente sans manque à la couverture rempliée.
Notre exemplaire, qui a appartenu à un ami (Commissaire de police) de Romi qui l’a aidé dans la rédaction de cet ouvrage et qui est remercié à ce titre en fin de volume, comprend divers documents complémentaires : Une invitation à un vernissage d’oeuvres de Romi à l’occasion de la sortie de son ouvrage, une annonce du même vernissage, une carte postale rédigée et signée par Romi et un amusant document sous forme de carte postale manuscrite, assorti d’un dessin de Romi adressés au destinataire de l’envoi rédigé sur l’ouvrage.
Rare exemplaire de cette somme sur les maisons closes de la capitale rendu précieux par son origine.
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