En ce temps de confinement, il nous reste les livres pour parcourir les quartiers de Paris que les mesures administratives nous empêchent de fréquenter. Montmartre est trop loin pour m’aventurer dans ses rues et prendre quelques photos à mettre en regard des dessins de Maurice Drouard pour apprécier les changements dans la topographie.
Croqué au début du 20ème siècle, les paysages montmartrois ont depuis abandonnés leur côté campagnard mais ont gardé tout leur charme.
Dans l’ouvrage intitulé sobrement, Montmartre, Maurice Drouard croque la Butte avant la disparition des champs et des terrains vagues. Il est indiqué dans la préface qu’il est sculpteur et Montmartrois, et habite Place du Tertre.
Maurice Drouard allait disparaître dans les combats de la première guerre mondiale mais avant, il avait croqué un Montmartre livré à la pioche des démolisseurs. Le galériste Charles Vildrac évoque ainsi son travail : « Chaque jour, à midi, Drouard traverse la Place du Tertre pour aller déjeuner à l’Hôtel du Tertre, chez Bouscarat, où il y a des maçons de onze heures à midi et, après midi, des artistes : Asselin, Fournier, Picart-Le Doux, Rodo-Pissarro et Georges Delaw, qui est aussi poète. Après le déjeuner, on fait un petit tour sur la Butte pour ne pas rentrer travailler tout de suite. On allume une cigarette et l’on descend la rue du Mont-Cenis, à petits pas, les mains dans les poches. C’est ainsi que Drouard connut et aima Montmartre. Mais lorsqu’on commença d’abattre systématiquement les vieilles maisons et de défoncer les rues, Drouard ne se contenta plus de promenades oisives. Il alla s’installer à l’angle des places villageoises, devant les murailles condamnées et fit des dessins. Il fit des dessins pour lui ; pour se composer un album de souvenirs, abdiquant avec piété et humilité ses droits d’artiste à l’arrangement, à la composition, à la transposition… »
Georges Delaw, dans sa préface regrette, le vieux village « Embellissement de Paris, salubrité ! Voilà de bonnes plaisanteries ! La vraie raison, c’est que la Ville en a assez de ce village qui ne rapporte rien et qui s’obstine à narguer le rêve géométrique de monsieur Haussmann…L’herbe ne repousse plus, là où l’Architecte a passé…L’ancien village n’avait que des maisons pauvres, sans style, sans histoire que celle de ses meuniers et de ses vignerons. Avant l’Architecte, le Peintre, il faut le dire, avait préparé le désastre. Il a été l’envahisseur néfaste. La Chansonnier l’a secondé de son mieux. Du jour où Salis a traversé la Seine à la tête de ses Hydropathes pour venir battre la grosse caisse rue Victor Massé, Montmartre était condamné…Ceux que nous regretterons, ce sont les Montmartrois de Montmartre, ceux qui n’ont rien fait pour qu’on les chasse ; ceux qui ont eu leur jardin, leur petite boutique, leurs poules, leurs lilas, et qui ont toujours ignoré l’existence du « Chat-Noir » : c’est la bonne dame qui s’en allait chaque jour, en lunettes et collet noisette, allumer les cierges à l’église Saint-Pierre, le tailleur célibataire qui s’en allait avec sa cruche tirer de l’eau à la borne-fontaine, le vieux qui partait avec son échelle et son éponge laver les carreaux de la modeste papeterie, la vieille fille qui ramassait du crottin de cheval sur une pelle à feu pour entourer le pied de son rosier, celle qui venait de porte en porte demander s’il y avait des bas à raccommoder…Où ira-t-elle, celle-là, porter son petit feu de chèvenottes ? Huit ou dix rues encore sont les derniers ossements du village, autour du squelette de son vénérable moulin…Montmartre n’est plus que le XVIIIe arrondissement « .
Alors même si le vieux Montmartre s’est enfui, Maurice Drouard l’a fixé en trente croquis : Rue du Calvaire, Rue Norvins (à l’angle de la place du Tertre), Maison, place du Tertre (demeure du père Margueritas, tailleur), Rue Norvins (à la hauteur de la rue des Saules), Place du Tertre (le bureau de tabac, cabaret politique tenu par Lemoine, dit le Père la Bille-ancienne Maison Catherine, fondée en 1793), Rue du Mont-Cenis, Maisons, place du Tertre, Rue Saint-Vincent (la rue des amoureux), Moulin de la Galette (dit le Radet), Rue de la Bonne (où jaillissait la meilleure des nombreuses sources de Montmartre), Saint-Pierre de Montmartre : l’Abside, Rue du Mont-Cenis (ancienne rue Saint-Denis), Square Saint-Pierre, La basilique (vue de la rue Livingstone), Moulin de la Galette (vu du Maquis « la plage »), Moulin de la Galette, Impasse Trainée, Place de la Vieille-Eglise (sommet de la Butte), Rue Cortot (intérieur de cour), Moulin de la Galette (vu du Maquis), Maison de Berlioz, Rue du Mont-Cenis, Rue du Chevalier-de-La-Barre (ancienne rue des Rosiers), Le Lapin agile (pris de la rue Saint-Vincent. Ancien cabaret des Assassins, tenu par le potier guitariste Frédé), Le même Lapin agile (pris de la rue des Saules, à l’entrée du parc de la Belle Gabrielle), Rue Norvins (la rue commerçante), Rue Norvins (Dans le fond, la place du Tertre), Rue Norvins, Les Jardins, La rue Saint-Eleuctère.
Nous vous proposons deux exemplaires de cet ouvrage. Un des 25 exemplaires sur Japon et un des 255 exemplaires ordinaires.
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DROUARD (Maurice). Montmartre. Préface de G.Delaw. Paris, à la Galerie Vildrac, 1915. Un volume in-4 (28,5 cm x 22,5 cm), X pp (préface).
Trente croquis (1913).
Un des 25 exemplaires numérotés sur Japon.
Broché sous couverture rempliée. Très légères traces sur la couverture.
Vendu .
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DROUARD (Maurice). Montmartre. Préface de G.Delaw. Paris, à la Galerie Vildrac, 1915. Un volume in-4 (28,5 cm x 22,5 cm), X pp (préface).
Trente croquis (1913).
Un des 255 exemplaires ordinaires (justifié).
Broché sous couverture rempliée. Quelques légers manques à la couverture.
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