SALMON (André). La négresse du Sacré-Coeur. L’air de la Butte.

 

Il n’est pas certain que le nom d’André Salmon évoque beaucoup de souvenirs dans nos cerveaux contemporains et pourtant cet écrivain a fréquenté les artistes les plus célèbres de son temps qui eux sont passé à la postérité tandis que lui-même retenait de moins en moins l’attention. Nous l’avons déjà croisé dans ce blog pour un ouvrage illustré par Maurice de Vlaminck, Rive gauche. Aujourd’hui nous allons présenter des ouvrages de sa période montmartroise. Mais auparavant, revenons sur la vie d’André Salmon qui nous fait traverser le monde artistique du début du 20eme siècle.

André Salmon par Moïse Kisling .

André Salmon (1881-1969) est un poète romancier, critique d’art, journaliste et mémorialiste proche de Paul Fort, Guillaume Apollinaire et de Max Jacob. Il aura été de longues années une figure centrale de la scènes artistique de Montmartre et de Montparnasse comme en témoigne ses portraits réalisés par Picasso, Derain, Kisling, Modigliani, Pascin et maints autres artistes venus de tous les horizons.. Ses œuvres réalisées entre 1905 et 1968, ont été animées par les révolutions esthétiques et idéologiques qui n’ont cessé des secouer le monde occidental.

Quatrième enfants d’un couple d’anciens communards longtemps exilés à Londres, il séjourne de 1897 à 1902 à Saint Pétersbourg d’abord avec ses parents puis seul, employé comme commis à la chancellerie du consulat de France. En 1902, il est de retour en France pour son service militaire.

En 1903, sous le patronage de la revue La Plume, il rencontre Guillaume Apollinaire. Employé dans une banque, Salmon donne sa démission. Au début 1905, il fait la connaissance de Picasso à Montmartre qui lui montre ses toiles récentes (période bleue). Le peintre lui présente ensuite Max Jacob son ami depuis 1901. Salmon vit d’expédients confectionnant des couplets pour l’Assiette au Beurre, des romans à deux sous ou des chansons populaires en collaboration avec Mac Orlan rencontré au Lapin Agile, avec Apollinaire, il écrit de petites pièces de théâtre. Il seconde Paul Fort fondateur de Vers et Prose où il publie son premier recueil Poèmes. Dans la Revue immoraliste paraissent les premières pages d’un récit poétique, Le Manuscrit trouvé dans un chapeau. Dans La revue littéraire de Paris et de Champagne, Salmon exprime pour la première fois son admiration pour le génie de Picasso. Sans rompre avec Paul Fort, Salmon quitte le secrétariat Vers et Prose. A la fin de 1905,  il accepte une place de régisseur dans les tournées Barret.

En 1907, il s’installe à Montmartre où il noue des liens d’amitié avec Francis Carco et Roland Dorgeles. Aux éditions de Vers et Prose paraît son deuxième recueil Les Fééries. C’est à Montmartre qu’il suit la création d’un grand tableau de Picasso qu’il baptisera Les Demoiselles d’Avignon. Il entre à l’Intransigeant débutant une longue période de collaboration avec la presse parisienne.  Il publie en 1910 son troisième recueil lyrique Le Calumet. Il cède sa place à son ami Apollinaire à l’Intransigeant et fonde à Paris-Journal en 1910, « Le courrier des ateliers «  signé La Palette qui fait pendant au « Courrier des Lettres » tenu par Alain-Fournier. En 1911, il fait jouer à la salle Malakoff une revue de la vie littéraire mise en couplets, Garçon !…de quoi écrire, applaudie du tout Paris. Des liens se nouent avec de jeunes peintres Kisling et Pascin qui seront des amis indéfectibles. L’atelier de Kisling, 3 rue Joseph Bara, prend le relais du Bateau-Lavoir ; on y voit Modigliani, Cendrars, Cocteau, Max Jacob…en 1912 paraissent, Tendres Canaille et la Jeune peinture française, le premier impose Salmon comme conteur, le second ouvre la série des ouvrages de critique d’art. Engagé volontaire, il fait ses classes au fort de Vincennes avant de rejoindre un bataillon de chasseurs à pied et de monter en ligne en Artois puis en Argonne. Blessé, de retour à Paris, il devient l’homme à tout faire du Journal l’Eveil de Jacques Dhur. Il publie Le Chass-Bi et Histoires de Bôches. Il organise en juillet 1916 le salon d’Antin chez le couturier Paul Poiret où l’on voit pour la première fois Les Demoiselles d’Avignon. Un recueil de contes anciens, Monstres choisis paraît en juillet 1918 à La Nouvelle Revue Française, son succès lui ouvre les portes de Gallimard. En janvier 1919, il publie Prikaz, un poème unique en seize fragments, chacun envisage la révolution russe d’un point de vue spécifique.

En 1920 paraît La Négresse du Sacré-Cœur, roman à clés dont les personnages sont Picasso, Max Jacob, Mac Orlan et Salmon lui-même, où il évoque le Montmartre de ses vingt ans.  Salmon travaille pour l’Europe nouvelle et pour la Paix sociale, en mars 1920, il a présenté la première soirée Dada à Paris et il a donné un poème à Littérature, la nouvelle revue d’André Breton, Philippe Soupault et Louis Aragon.  Appelé au journal Le Matin par Colette, il prend en charge la chronique judiciaire et assistera avec elle au procès de Landru.

De 1922 à 1930, la notoriété aidant, il multiplie les préfaces à des expositions, des monographies pour les éditions d’art, les collaborations aux revues. Il facilite l’installation de nombreux artistes étrangers à Montparnasse.  Ces nombreuses collaborations et le suivi des procès d’assise pour ses chroniques judiciaires l’empêche d’écrire ses propres ouvrages. Mais il se lance néanmoins dans l’écriture théâtrale, ses pièces, Natchato, Deux hommes et une femme, Sang d’Espagne rencontrent aussi le succès. Il publie aussi Archives du club des Onze dédié à Max Jacob, Une orgie à Saint-Pétersbourg, Vénus dans la balance, ces livres sont illustrés par ses amis peintres. Le centre de la vie littéraire se déplace de Montparnasse à Saint-Germain des prés et André Salmon suit le mouvement. En 1936, il est envoyé par le Petit Parisien sur le front de la guerre d’Espagne du côté franquiste. Après l’Anschluss, il écrit dans le Petit parisien « Autriche martyr » où il dénonce « un système méthodique d’élimination des juifs ».

En janvier 1940, il part comme correspondant de guerre à Beyrouth. Après la défaite, il rentre à Paris réintègre sa rédaction au Petit parisien ce qui lui sera reproché à La Libération, il sera condamné à cinq ans d’indignité nationale, ce qui lui interdit de signer de son nom le moindre papier mais il sera secouru par ses amis, Pierre Mac Orlan et Léon-Paul Fargue qui l’emploie comme collaborateur.  Pendant l’Occupation Salmon n’oublie pas ses amis. Il publie leurs articles, il tente de faire libérer Max Jacob, il met à l’abri les tableaux de Kisling. En 1959, un grand banquet fête à la Coupole, les quarante ans de Prikaz. En novembre 1961, il quitte Paris pour Sanary où il sera élu conseiller municipal. En 1964, il reçoit le prix de poésie de l’Académie française. En 1952 paraît chez Gallimard Les Etoiles dans l’encrier et en 1957 Vocalises. Il se consacre aussi à son œuvre de mémorialiste il publie après L’Air de la Butte, Montparnasse et Rive gauche, trois tomes de Souvenirs sans fin.

La négresse du Sacré Cœur est achevée en 1919 et publié en 1920. L’ouvrage étoffe une nouvelle, Le Planteur de Montmartre parue dans le Gil Blas du 5 janvier 1914. André Salmon retrouve les souvenirs d’une époque et pour cela il choisit de situer l’action du livre en 1907, date de la création des Demoiselles d’Avignon. Avec ce livre qui est un roman à clefs, dont Max Jacob sera un des principaux personnages, Septime Febur, ainsi que Picasso, Sorgue, Mac Orlan, O’Brien, on croise des individus venus de la pègre, du petit peuple et des ateliers d’artiste, restituant l’atmosphère d’un Montmartre disparu après la première guerre mondiale. Tout ce petit monde entoure Cora, la belle mulâtresse, maîtresse de Mederic Bouthor le planteur de Montmartre collectionneur d’idoles zapothèques. Le beau Manu, jeune marlou est au centre d’un drame passionnel qui se déroule en trois temps : mort de la jeune Léontine qui se serait jetée dans une carrière du haut de la rue Berthe, meurtre de Mumu saignée d’un coup de couteau par un tueur anonyme, émancipation de la négresse par le planteur, suite à une cérémonie parodique d’abolition de l’esclavage. L’amour, la jalousie, la mort, la peinture et la littérature se croisent dans ce roman recréant toute l’atmosphère d’une époque.

Dans l’air de la butte André Salmon évoque ses souvenirs montmartrois et l’on retrouve tout le bouillonnement créatif du début du 20eme siècle. La seule énumération de la table des matières nous plonge dans l’effervescence du Montmartre des artistes : 13, rue Ravignan, Sous l’œil des pauvres, L’air de la butte, La canne à Gauguin, Max Jacob peu connu, De Montmartre à Saint-Benoît-sur-Loire par le Petit-Palais, Quand le bâtiment va, Un portrait d’homme, 12, rue Cortot, Petit traité du paysage, Originaux, excentrique et visionnaires, Un soir à Montparnasse, Quelques instants d’Amadeo Modigliani, Nos plus beaux jours, Les deux rives, 3, rue Joseph-Bara, De Plaisance à l’Opéra, Un fauve d’Apocalypse, Haute peinture, Le coeur des muses, Pascin le noceur, Art et critique, Deux déménagements valent un incendie, Avez-vous des tableaux à vendre.

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SALMON (André). La négresse du Sacré-Cœur. Paris, NRF, 1920. Un volume in-12 (19 cm x 13 cm), 237 pp.

Un envoi rimé signé d’André Salmon

Un des huit cent exemplaires numérotés sur papier vélin pur fil Lafuma-Navarre réservés aux amis de l’édition originale.

Broché (une légère fente-1 cm- sans manque à la couverture.

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SALMON (André). Souvenirs sans fin. L’air de la Butte. Paris, Editions de la Nouvelle France, 1945.  Un volume in-12 (18,5 cm x 12 cm), 225 pp.

Frontispice et bandeaux de Savignac

Un des 200 exemplaires numérotés sur vélin blanc.

Broché sous couverture rempliée

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SALMON (André). Souvenirs sans fin. L’air de la Butte. Paris, Editions de la Nouvelle France, 1945.  Un volume in-12 (19 cm x 12 cm), 225 pp.

Frontispice et bandeaux de Savignac.

Un envoi signé par André Salmon. Un envoi signé par Savignac.

Sous couverture cartonnée illustrée et jaquette illustrée.

Vendu .

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