« La Seine, c’est d’abord Paris. Et Paris, c’est d’abord la Seine. Entre ces pierres et cette eau, entre cette architecture et ce mouvement, existe une harmonie que rien ne saurait rompre. Le dialogue de la masse compacte et du reflet dansant s’organise depuis des siècles, avec les chances et les revers d’une véritable liaison amoureuse. Chaque partie délègue à l’autre un peu de sa richesse. Le flot abondant et paisible accorde aux maisons des quais son jeu de brume laiteuse et de lumière glauque. En échange, la ville adresse au fleuve le message de ses ponts lourds dont le dessin se renverse et s’écaille dans la vague… L’Histoire de Paris se forme au fil de la Seine. D’un quartier à l’autre, d’un pont à l’autre, c’est tout Paris qui ressuscite pour le promeneur attentif des quais… »
De l’entrée dans Paris vers les entrepôts de Bercy à sa sortie vers le viaduc d’Auteuil, la Seine et les ponts guident Henri Troyat dans son évocation de l’histoire de Paris. Les aquarelles de René Kuder peintes en 1943, illustrent les propos de l’écrivain.
Cet ouvrage est l’occasion de rappeler le souvenir d’Henri Troyat.
Henri Troyat (Lev Tarassov, 1911-2007) quitte la Russie en 1917, fait ses études en France où il obtient une licence en droit. En 1935, Il devient rédacteur à la préfecture de la Seine. Son premier roman, Faux Jour, paru la même année, reçoit le prix du roman populiste. En 1938, il obtient le prix Goncourt pour son roman l’Araigne. A partir de 1940, il commence une grande épopée russe, Tant que la Terre durera. Il a une carrière particulièrement prolifique de romancier et de biographe. Il est élu en 1959 à l’Académie française.
L’illustrateur est moins connu que l’écrivain mais René Kuder reflète le style un peu conventionnel d’une époque où Paris sous occupation étrangère, n’avait que ses monuments pour se souvenir de ses gloires passées.
René Kuder (1882-1962). A 18 ans, il s’inscrit à la Kunstgewerbeschule qui est aujourd’hui l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. En 1905, il obtient le prix de la ville de Strasbourg ce qui lui permet de continuer ses études à l’Académie des beaux-arts de Munich. En 1908, la grande médaille d’argent de l’Académie de Munich lui est accordée. En 1912, il reçoit à Berlin le second prix de la Woche. En 1913, il obtient sa première grande commande : les vitraux de l’Eglise de Maisonsgoutte.
Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé dans l’armée allemande. A la sortie de la guerre, inconnu en France, Il participe en 1922 au Salon des artistes français où il est primé. A partir des années 20, Il commence à être reconnu en Alsace car il produit des lithographies représentant des scènes de village, destinées aux écoles primaires pour la promotion de l’art à l’école. Ils décorent aussi de nombreuses églises, vitraux, peintures murales, chemins de croix….Après la déclaration de guerre en septembre 1939, il vient à Paris chez son ami Léon Muller (Voir ci-après la lettre de Henri Troyat à ce sujet) pour se replier ensuite à Clermont-Ferrand. A partir de novembre 1942, il fait de fréquents séjours à Saint-Mandé. C’est pendant cette période qu’il peint les Ponts de Paris. Les aquarelles de l’ouvrage sont datées de 1943. A la fin de l’année 1945, il retourne en Alsace où il peint de nombreuses scènes strasbourgeoises.
Et maintenant quelques particularités sur l’ouvrage que nous présentons et qui en font l’intérêt spécifique.
Il appartient au tirage de tête de l’édition (60 exemplaires sur vélin pur chiffon des Papeteries Canson et Montgolfier) et il s’agit d’un exemplaire nominatif lettré A, au nom d’Henri Flammarion (1910-1985) qui est le petit-fils d’Ernest Flammarion, fondateur en 1875 de la maison d’édition éponyme. Il a probablement supervisé la parution de l’ouvrage. Nous trouvons aussi dans cet exemplaire une lettre manuscrite signée où l’écrivain réclame à son éditeur la page de dédicace à Léon Muller, l’ami de l’illustrateur du livre.
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TROYAT (Henri). Les ponts de Paris. Paris, Flammarion, 1946. Un volume in-folio (41 cm x 30 cm), 26 pp. de texte et 14 planches en couleurs.
14 Aquarelles de René Kuder.
Un des 60 exemplaires sur vélin pur chiffon des Papeteries Canson et Montgolfier dont 50 numérotés de 1 à 50 et 10 comportant les lettres A à J. Exemplaire lettré A, imprimé pour Henri Flammarion.
Une lettre manuscrite signée d’Henri Troyat.
En feuilles sous couverture rempliée. Un très léger accroc à la couverture.
Bel exemplaire du tirage de tête truffé d’une lettre d’Henri Troyat relative à l’ouvrage.
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