Lorsque j’ai eu en mains les deux bois qui vont faire l’objet de cette page, j’ignorais de quels ouvrages, ils étaient issus. Il était facile de reconnaître la cour de la prison de La Force mais l’autre bois présentait la cour d’une maison Renaissance et l’indication portée au verso du bois (maison de la rue Saint Paul) n’évoquait pour moi aucun bâtiment de cette rue du Marais.
Les bois étaient XIXe, restaient à découvrir les livres qu’ils avaient illustré.
Les bois étaient encrés puis recouverts de blanc de Meudon pour faire ressortir le dessin, l’image après être passée en impression est complètement noire. Les trous sur les tranches supérieure et inférieure du bloc servent à fixer ce dernier dans un châssis typographique. Cela permettait de former la matrice d’impression d’une page.
Estampé dans le bois se trouve le nom de Pierron 13 rue Séguier. C’était un préparateur de bois. Il vendait des blocs de bois (buis ou poirier) destinés à l’impression typographique.
Dans les éditions de sociétés de bibliophiles à tirage limité de la fin du XIXe siècle, on trouve souvent la mention de la destruction des bois qui sont brulés en présence du responsable de l’imprimerie et de l’éditeur. Nos bois ont échappé aux flammes mais leur gravure est d’un style plus classique et probablement antérieur aux ouvrages de bibliophilie de la fin du XIXe.
De nombreux livres sur des thèmes parisiens ont été édités tout au long du XIXe siècle, ils étaient généralement abondamment illustrés de gravures. Mais la recherche a été courte car ces bois sont issus d’une monumentale production éditoriale que nous avons déjà présenté dans ce blog : Paris à travers les âges. Après le jeu piste était simple, il convenait de feuilleter les différentes livraisons de l’ouvrage et de retrouver le bois de la Cour intérieure de La Force dans le chapitre consacré au Temple, la place Royale et le Marais et dans le chapitre la Bastille, l’ancien hôtel royal de Saint Paul et le quartier de l’Arsenal, le bois de la maison rue Saint-Paul.
Les deux bâtiments ont aujourd’hui disparu. Je n’ai pas trouvé trace de la belle maison Renaissance de la rue Saint-Paul démolie en 1832. La prison de La Force a en revanche, une histoire plus établie.
L’Hôtel de La Force fut construit à partir de 1533 sur les ruines d’un palais situé rue du Roi de Sicile ayant appartenu à Charles d’Anjou frère de Saint-Louis. Il prend son nom lorsqu’au début du XVIIIe siècle sa propriétaire épouse le duc de La Force. A la fin du règne de Louis XV, il fut divisé en deux parties, l’une prit le nom d’hôtel de Brienne, l’autre fut rachetée par les frères Pâris qui le rénovèrent pour le revendre. Cette partie fut acquise en 1754 par le chancelier d’Argenson pour y installer une école militaire. En 1780, Louis XVI rachète l’hôtel de Brienne. Les deux parties de l’hôtel furent transformées en deux prisons : La Grande Force pour les hommes et la Petite Force pour les femmes. A partir du 10 août 1792, elle devient un lieu de détention politique et sera le siège des massacres de septembre où sera tuée la princesse de Lamballe, amie de la reine Marie-Antoinette. Sous l’Empire comme sous la Restauration, les opposants politiques y sont internés. Insalubre et vétuste La Force fut démolie en 1845. Seul vestige existant, un pan de son mur jouxtant la BHVP, subsiste encore rue Mahler.
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Hoffbauer. Paris à travers les âges, aspects successifs des monuments et quartiers historiques de Paris depuis le XIIIe siècle juqu’à nos jours fidèlement restitués d’après les documents authentiques. Firmin-Didot, 1885. Tome second. Deux bois gravés (12 cm x 9 cm x 2,5 cm) ayant servi à l’illustration de l’ouvrage.
Le Temple, la place royale et le Marais. Figure n° 43, Cour intérieure de la Force en 1840, p.38.
Vendu .
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La Bastille, l’ancien hôtel royal de Saint Paul et le quartier de l’Arsenal. Figure n°18, Maison du seizième siècle, rue Saint Paul n°39 démolie en 1832, p.17.
Vendu .
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