Aujourd’hui un livre de cinéma. Le paradoxe est tout relatif puisqu’il s’agit du dialogue du film de Sacha Guitry, Si Paris nous était conté (1955), qu’il a fait éditer en 1956 dans un bel ouvrage comme savait les apprécier son auteur, fin amateur d’objets d’art.
Quel fascinant personnage, tour à tour acteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, il naît en 1885 à Saint Pétersbourg où son père Lucien Guitry, célèbre acteur de l’époque, joue pendant la saison d’hiver, au théâtre Michel. Son parrain, le tsar Alexandre III lui donne son prénom.
Il arrête ses études à 18 ans pour se lancer dans le théâtre. Sa première pièce, Le Page, est joué au théâtre des Mathurins en avril 1902. Son père le fait débuter comme comédien en 1904. Il remporte son premier succès en 1905 avec Nono. Sa carrière de dramaturge est lancée. Il va écrire cent vingt pièces de théâtre qu’il joue et met en scène. Il écrit aussi des comédies musicales notamment pour sa seconde épouse, Yvonne Printemps et des revues avec Albert Willemetz. Son esprit , sa verve enchantent le public même si les critiques parfois l’éreintent. Il commence à s’intéresser au cinéma au cours des années 30 en adaptant à l’écran des pièces théâtrales, notamment Pasteur. C’est en 1936 qu’il réalise Le Roman d’un tricheur à partir du seul roman qu’il a écrit, Mémoires d’un tricheur.
En 1939, il est élu à l’Académie Goncourt. Il poursuit ses activités théâtrales et cinématographiques pendant l’Occupation ce qui lui occasionnera de sérieux ennuis à la Libération avant d’obtenir un non lieu en 1947. Il en tirera deux récits Quatre ans d’occupations et 60 jours de prison. Après guerre il poursuit son activité cinématographique avec notamment la réalisation de grandes productions historiques comme Si Versailles m’était conté, Napoléon et Si Paris nous était conté. La distribution prestigieuse et les traits d’esprit de l’auteur enchantent un public nombreux. Il disparaît en 1957.
Dans Si Paris m’était conté (1955), devant quelques étudiants, Sacha Guitry raconte à sa façon , les grandes heures et les grands personnages de Paris, de ses origines à 1955. C’est l’occasion pour le narrateur d’évoquer la première rencontre de Charles VII et d’Agnès Sorel, la création de l’imprimerie sous Louis XI, Le Louvre sous François Ier, La nuit de la Saint Barthélemy, l’assassinat d’Henri III, l’abjuration d’Henri IV, l’embastillement de Voltaire, l’exécution de Louis XVI et le procès de Marie-Antoinette, la Commune de Paris, l’affaire Dreyfus, les premières de « Louise » et de « Cyrano de Bergerac », la découverte du vaccin antirabique par Pasteur…Sans souci de chronologie et oubliant parfois l’exactitude, il recompose l’histoire de Paris, rapprochant certains événements, s’attardant sur d’autres au gré de sa fantaisie ou de ses affinités. Il raconte l’histoire à sa façon, vivante et en totale liberté avec sa voix si caractéristique et son sens de la mise en scène.
En 1956 après la sortie du film, paraît le livre qui contient tous les dialogues et est illustré des portraits des personnages célèbres qui traversent l’histoire de Paris. Amateur d’art, Sacha Guitry nous offre un bel ouvrage et fait truffer certains exemplaires de documents historiques.
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GUITRY (Sacha). Si Paris nous était conté. Paris, Raoul Solar, 1956. Un volume in-folio (39 cm x 28,5 cm), 215 pp.
25 hors-texte.
Un document du temps : Certificat militaire d’attestation de service (une page manuscrite -23,5 cm x 17,5 cm- signé par un officier, 1784)
Un des soixante huit exemplaires tirés sur vélin d’Arches filigrané, à la forme, signés par M.Sacha Guitry, marqués LXIV à CXXXI en chiffres romains or et enrichis d’un document historique portant la signature autographe d’un personnage marquant de l’histoire (n°CXXIV).
Cartonnage rouge simili maroquin à gros grains. Reliure Engel. Titre doré et armes dorées de Paris au dos. Tête dorée.
Bel exemplaire en parfait état.
Vendu.
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