Au centre de la place des Vosges se tient un joli jardin avec des allées de tilleuls de Crimée, un bouquet de marronniers autour de la statue de Louis XIII, des carrés de pelouse et des fontaines. Quand la place fut construite à partir de 1605, cet espace était un vaste terrain découvert, plat et sablé, qui servait de terrain aux cavalcades, aux tournois, aux jeux de bagues et aussi aux duels. La plus célèbre fête organisée en cet endroit fut le carrousel donné à l’occasion des doubles fiançailles de Louis XIII avec Anne d’Autriche et de sa soeur Elisabeth avec l’infant Philippe d’Espagne. Ces futures unions scellaient la fin des affrontements avec l’Espagne.
Les festivités se déroulent les 5,6,7 avril 1612, outre les unions royales, elles marquent aussi l’inauguration de la place des Vosges dont les aménagements venaient d’être achevés.
Honorat Laugier de Porchères (1572-1653), débute en littérature par son ouvrage Le Camp de la Place Royale qui relate les festivités royales. Il publie des poésies galantes, il est aussi un des premiers écrivains à intégrer l’Académie française en décembre 1634. Son contemporain Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes en brosse un tableau peu élogieux : » Jamais on ne lui vit un habit neuf qu’il n’eût un vieux chapeau, de vieux bas ou de vieux souliers; il y avait toujours quelque pièce de son harnois qui n’alloit pas bien. La maréchal de Thémines disoit qu’il étoit « comme le diable qui a beau se faire agréable aux yeux de ceux qu’il veut tenter : il y a toujours quelque griffe crochue qui gâte tout » C’est de lui que Sorel se moque dans Francion, où un poète demande son pourpoint d’épigramme.. »
Manifestement le poète n’était pas très apprécié de ses contemporains comme d’ailleurs du cardinal de Richelieu qui regrettait son arrivée dans le cénacle de l’Académie française et qui exigeât par la suite que toutes les candidatures soient validées par ses soins.
Néanmoins, Laugier de Porchères nous fournit le détail de ces fêtes somptueuses : Cause et suite de ces courses, Palais de la Félicité, Place Royalle, Première journée. Disposition du Camp. Entrée des Tenans, Des Chevalliers du Soleil, Des chevalliers du Lys, Des Amadis, Du Persee François, Courses du premier iour. Deuxiesme Journée. Entrée des Chevalliers de la Fidélité, Du Chevallier du Phoenix, Des quatre Vents, Des Nymphes de Diane, Des Chevalliers de l’Univers, Des Illustres Romains, Courses du second jour & retraicte du Camp, Troisième journée. Courses de Bague : feux d’artifice. Le reste des vers faicts pour ces courses, comme ils furent donnez au camp.
Ces fêtes aussi chantées par Malherbe furent suivies par tous les gentilshommes de la cour qui étaient les propres acteurs des tournois et passes d’armes qui s’y donnèrent. Plusieurs estrades garnies d’étoffes somptueuses avaient été établies à hauteur du premier étage des immeubles et au-dessus de la chaussée qui les bordaient, laquelle chaussée, il est utile de le remarquer, était déjà pavée depuis les barrières jusques aux pavillons, de huit toises de pavés plats.
Sur ces estrades s’entassaient toute la noblesse. Dix mille spectateurs, peut-être, se disputaient ces tribunes, pendant qu’au milieu de la place, dans la lice des joutes, le connétable et les maréchaux de France, entourés des mousquetaires et gardes de toutes les couleurs se préparaient à juger les coups.
Les luttes, joutes et tournois, sous le nom du Roman des chevaliers de la gloire furent tenus par les représentants des plus grands noms de France : Guise, Nevers, Bassompierre, Chevreuse, La Chataigneraie, Créqui; lesquels, entourés de cinq ou six cents gentilshommes couverts de broderies et habillés d’étoffes d’or et d’argent, se disputèrent les honneurs de ces combats.
La foule fut nombreuse pour assister à ce défilé des mousquetaires, des suisses du duc d’Epernon, des troupes du prince de Conti et des innombrables cavaliers et gentilshommes escortant les jouteurs. Le canon de la Bastille annonça l’arrivée de la Reine régente et l’entrée en lice des combattants. Tout Paris ces jours là était au Marais.
Ces fêtes somptueuses mettent en valeur les talents de la noblesse formée par Antoine de Pluvinel (1552-1620) qui compose pour l’occasion le quadrille des chevaliers du Lis qui permet d’illustrer l’excellence de l’art équestre français dont il est le précurseur. Il fait évoluer les techniques équestres utilisées en Italie à la fin du XVIe siècle et fonde à Paris au faubourg Saint Honoré, une Académie destinée à perfectionner la noblesse française dans l’exercice d’évoluer à cheval. Antoine de Pluvinel fut le Premier écuyer d’Henri III et d’Henri IV dont il est le protégé et que ce dernier nomme sous gouverneur du dauphin Louis XIII.
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LAUGIER DE PORCHERES (Honorat). Le Camp de la Place Royalle ou Relation de ce qui s’y est passé les cinquiesme, sixiesme, & septiesme jour d’avril, mil six cent douze, pour la publication des Mariages du Roy, & de Madame, avec l’Infante, & le Prince d’Espagne. Paris, chez Jean Micard et Toussaint Du Bray, 1612. Un volume petit in-4 (21,5 cm x 16,5 cm), 8-372 pp (chiffré par erreur 368 avec une erreur de chiffrage sur quatre pages) et la suite : Le reste des vers faicts pour ces courses comme ils furent donnez au Camp, 31 pp.
Double portraits gravés de Louis XIII et d’Anne d’Autriche.
Blason gravé de Marie de Médicis.
Aux armes de la famille Caumartin sur les plats.
Plein veau marbré, dos orné, dentelles sur les coupes, tranches dorées. (Reliure fin XVIIe). Menus défauts sur les plats.
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LAMBEAU (Lucien). La Place Royale. La fin de l’hôtel des Tournelles-Le camp des Chevaliers de la gloire-Les duels historiques-La Fronde-La Révolution-L’appartement du marquis de Favras- A travers le théâtre-Marion Delorme-Les scandales-les Amours-Scènes ridicules et burlesques. Paris, H.Daragon, 1906. Un volume in-8 (23,5 cm x 14,5 cm), 365 pp.
Quatre planches hors texte et un plan.
Un des 650 exemplaires numérotés sur Alfa vergé.
Demi-chagrin rouge à coins. Dos à cinq nerfs. Titre doré. Tête dorée. Couverture conservée. Reliure signée Strobants.
Bel exemplaire.
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PAILLOCHER (Lionel). Place des Vosges. Place Royale. Préface de Eric Loliée. Paris, Editions Saint-Pierre, 1957. Un volume in-8 (19 cm x 13,5 cm), 109 pp.
Illustré par Micheline Grob.
Broché. Couverture illustrée (une légère tache sur la couverture).
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